Eldorad-Oc

Ayant enfin remplacé mon vieux Mac qui a rendu l’âme après 13 ans de bons et loyaux services, je peux reprendre le récit de mes périples. Nous allons pendant quelques semaines remonter dans le temps pour vous faire découvrir mes balades et découvertes de l’été. Car si les ordinateurs sont mortels, mes vieilles jambes, elles, sont encore vaillantes et n’ont pas chômé au cours de ces derniers mois. Pour cette reprise, nous allons remonter en compagnie des petits loups la superbe vallée glaciaire du Campcardos dominée par l’un des plus hauts sommets de la Cerdagne (2905m). Le sentier  longe un vigoureux torrent qui entaille des alpages habités par des vaches heureuses et paisibles.

Mais le fait qu’elles soient dotées de magnifiques cornes incitent certains membres de la troupe à passer un peu au large en baissant les yeux pour ne pas les provoquer. 

Ici et là au bord du torrent, se dresse une capitelle où les bergers et les randonneurs peuvent trouver refuge en cas d’orage.

Mais il existe aussi une cabane plus confortable située en amont qui fait l’objet d’un arrêté municipal, véritable chef d’oeuvre qui exprime, dans sa prose inimitable, la quintessence de l’administration française que le monde ne nous envie pas (Administration qui a produit aussi, ne l’oublions pas, la kafkaïenne attestation de sortie pendant le confinement ). Vous aurez compris, je l’espère, en le lisant que l’usage de ladite cabane est réservée au berger une grande partie de l’année. A bon entendeur salut et gare aux contrevenants ! 

Mais la beauté et poésie de la nature qui offre à nos pieds mille merveilles nous console vite de la « règlementite" aigüe dont souffre notre beau pays et contre laquelle il n’y a hélas pas de vaccin. Ainsi cette magnifique joubarbe s’offre-t-elle sans réserve à tous les regards que vous soyez ou non berger ! Mais que fait la police !

Ainsi que cette diaphane campanule qui se gave de soleil…

Ou bien cette fière gentiane à admirer sans modération, pas comme la délicieuse liqueur que l’on en tire !

Nous arrivons en vue de susdite la cabane du berger dont on découvrira que la porte en est fermée à double tour, ce qui rend, s’il en était encore possible, plus ubuesque notre arrêté municipal! Et pourtant qu’il ferait bon y passer une nuit entre amis avec un bon feu de bois et moult provisions solides et liquides en saluant le lever de lune en chantant « Que la montagne est belle »….

Nous poursuivons notre ascension avec en ligne de mire le Campcardos que nous ne grimperons pas car le temps nous manque. De fait il faut 9 heures pour arriver au sommet ! 

Le sentier qui accède au sommet en fait le tour pour attaquer le flanc sud, ce qui contraint à une longue marche d’approche.

Mais les petits loups crient famine et nous nous arrêtons pour pique-niquer. Nos accoutrements témoignent de la température un peu fraîche qui règne alors et nous fait activer avec force nos mandibules.

Notre repas vite bouclé, nous reprenons notre périple et arrivons à l’Estany Gros triste étang que la sécheresse a fortement réduit. Partout les effets du réchauffement climatique sont visibles et d’ici quelques années notre admirable et inventive administration c’est sûr interdira les glaçons dans le pastis !

En attendant ces jours où les carottes cuiront dans les jardins, Romain célèbre le bonheur qu’offre la randonnée en montagne, qu’aucun casque de réalité virtuelle n’égalera jamais.

Les nuages se faisant menaçants, nous prenons le chemin du retour.

Les petits loups descendent en roue libre alors que je ménage mes genoux dont les roulements à bille sont un peu grippés.

Le soleil ayant en définitive dissout les nuages, nous décidons de faire une halte au bord du torrent.

La profondeur n’étant pas propice à la baignade, nous nous contentons d’y mettre les pieds (Oh ! la bonne excuse !  )

Le sourire de Romain en dit long sur la température de l’eau, fier comme Artaban d’avoir relevé le défi alors que son papi planqué dans les buissons quelques mètres en aval n’a pas daigné se déchausser ! Ah ! Ulysse n’est plus ce qu’il était.

A la semaine prochaine….

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 Texte Ulysse & Photos Ulysse et Sébastien