Balade autour d’Arboras et de Montpeyroux…
L'un de mes grands plaisirs est d’ouvrir une carte routière* et d’y découvrir les toponymes qui sont souvent révélateurs d’un état des lieux. Rien qu’en évoquant le nom des villages, on est en voyage! Ainsi en est-il du village d’Arboras que l’on aperçoit au départ de notre randonnée à partir de la D122 qui le surplombe et au bord de laquelle nous sommes stationnés. Son nom composé du mot grec «arbor» et du suffixe gaulois «atis » signifie entouré d’arbres, comme on le vérifie «de visu». Nous y passerons dans la journée mais, pour l’heure, nous prenons la direction du château de Montpeyroux juché sur un éperon rocheux sur les contreforts des monts qui entourent Saint Guilhem.
* un autre de mes grands plaisirs est d'ouvrir...une bouteille de nectar bacchusien !
L’hiver, ici, n’a pas un visage austère, même si la températures est plutôt fraîche car le couvert végétal, constitué de pins, de chênes verts, d’arbousiers, de pistachiers lentisques, d’oliviers reste vert, comme votre serviteur pour lequel ce pays est un élixir de jouvence.
Nous parvenons en surplomb du Castellas de Montpeyroux, perché sur un promontoire pierreux, d’où son nom, et qui était au Moyen Age un «castrum » c’est à dire un village entouré d'une enceinte. Il regroupait une résidence seigneuriale, une chapelle dédiée à Saint-Pierre et plusieurs habitations. La région devenant plus sûre, il a été déserté au cours du XVIème siècle au profit de hameaux situés en contrebas dans la plaine.
Ses impressionnantes murailles sont en mauvais état ce qui fait que l’on ne peut malheureusement pas le visiter.
Devant l’ancienne entrée, un panneau explicatif a été installé que les chasseurs, au nom de leur noble tradition mortifère, ont canardé sans vergogne! Mieux vaut, malgré tout, qu’ils tirent sur un panneau que sur un randonneur, comme cela arrive malheureusement !
Du Castellas, on découvre la plaine couverte de vignobles et d’oliveraies, tous deux sources de divins nectars qui associés au régime méditerranéen font des humains centenaires.
La floraison précoce des Lauriers Tin fournit de la nourriture aux abeilles à une période de l'année où les fleurs se font rares. Bien qu’on l’appelle ainsi en raison de la forme des ses feuilles qui ressemblent à celles des autres Lauriers, cet arbuste n’est pas un Laurier. Son nom scientifique le trahit: Viburnum tinus, c’est une Viorne et non un Laurier. Autre différence, il est toxique alors que le Laurier Sauce est utilisé en cuisine et en médecine. Mais je vous rassure le miel qui en provient ne l’est pas.
Nous voilà redescendus au niveau des vignobles où l’on aperçoit un mazet en ruine. A l‘époque où les vendanges étaient manuelles c’était un lieu où les vignerons se réunissaient pour les agapes liées aux vendanges et où on rangeait les outils. Aujourd’hui les vendanges sont mécanisées et le folklore joyeux des vendanges a disparu. Bientôt des robots tailleront les vignes et des drones appliqueront les traitements nécessaires pendant que le vigneron sera devant son écran à piloter le tout avant qu’une IA le remplace. Arrivés à ce stade, les humains passeront leur vie avec un masque de réalité virtuelle sur les yeux à faire des voyages et vivre des amours simulées. Ainsi finira l’espèce humaine !
Mais il y aura toujours sur la Terre ces oliviers qui sont quasiment immortels car, comme le phoenix, ils ont la capacité de renaître de leur souche.
En attendant le sort funeste qui nous attend, jouissons de la vue de ces paysages façonnés au cours des siècles par les hommes dont l’ingéniosité leur a permis de faire jaillir d’incomparables nectars de ces champs de cailloux. En buvant du vin on boit du jus de cailloux qui est le sang de la Terre. En buvant du Coca-Cola on boit une boisson chimique dont on constate l’effet qu’il a sur le cerveau humain en voyant le comportement de Donald, ce canard boiteux au plumage orange, qui règne à la Maison Blanche.
Nous nous approchons du village de Montpeyroux auquel le Castellas qui le domine a donné son nom. Ce village est l’un des hauts lieux du vin languedocien avec les domaines d’Alain Chabanon, d’Aupilhac, de l’Aiguelière, de la Jasse Castel. Pour ceux dont la bourse est plutôt plate la cave coopérative produit aussi des vins d’un excellent rapport qualité prix.
Ayant traversé Montpeyroux, puis le hameau Le Barry où des tables sont mises à les disposition des randonneurs, dont nous avons profité, nous prenons la direction d’Arboras. En face de nous se dresse le rocher des Vierges, lieu de notre précédente randonnée.
Nous sommes sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle ponctué de calvaires. Au loin, on aperçoit la silhouette brumeuse du Vissou et de la Montagne de Liausson, autres lieux de superbes randonnées. Innombrables sont les sommets à gravir en Hérault, pourtant plutôt connu et visité pour ses plages.
Nous entrons dans le village d’Arboras en empruntant l’ancien pont qui traverse le Roubignoux. Un premier pont a été édifié en 1731 pour permettre la transhumance des troupeaux et faciliter les échanges commerciaux avec le Larzac, et aussi assurer le passage vers St Jacques. Emporté par une crue en 1766, il a été reconstruit en 1771 puis restauré en 2009. Notons, au passage que ce nom cocasse de «Roubignoux», apparenté à un terme coquin, vient en fait de «roubine» qui désigne un fossé d’écoulement des eaux.
Pour pimenter notre rando plutôt «pépère» et faire un peu de «cardio» nous grimpons sur le Pioch qui domine Arboras pour en faire le tour. Au passage nous admirons l’harmonie des toits des maisons du village dans lequel à ma grande surprise je n’ai pas vu un seul parpaing brut, signe qu’ici les habitants sont respectueux de leur environnement urbain et de la vision de leurs concitoyens. Dans mon village je suis obligé dans certaines rues de fermer les yeux pour ne pas perdre la vue compte tenu des horreurs que l’on y rencontre!
Au sommet du Pioch, nous découvrons le haut du rocher des Vierges qui surplombe une vigne d’un paysan manifestement «bio» qui n’adhére certainement pas à un syndicat défenseur de pratiques mortifères. Il est vrai qu’une grande partie des paysans ont à coeur de nous nourrir sainement en travaillant durement sans être décemment rémunérés, et on les en remercie, mais les autres nous empoisonnent !
Nous quittons Arboras, en traversant le nouveau pont qu’emprunte la D9, nouvel axe qui grimpe vers le Larzac, pour rejoindre la draille qui nous ramènera au point de départ.
Elle a été creusée dans le flanc sud du canyon où coule le Roubignoux au prix, on s’en doute, d’efforts titanesques. Mais les anciens, on le sait ne ménageaient pas leur peine et peu jouissaient de leur retraite.
On y découvre sa majesté le Mont Baudille, point culminant des lieux qui, il y a cent millions d’années, était…..sous la mer !
Les roches constituées de calcaire fondent comme des morceaux de sucre sous l’effet des intempéries. Bon cela dit si vous mettez un caillou dans votre café il n’en sera pas pour autant sucré.
Revenant à notre point de départ, nous passons devant le tumulus d’un dolmen sérieusement endommagé. Nous avons une pensée émue pour ces lointains ancêtres qui ont dressé ces monuments pour permettre aux âmes de leurs défunts de retrouver le chemin des étoiles d’où nous venons tous. C’est éminemment plus respectable que ce milliardaire foldingue qui veut nous emmener sur Mars !
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Je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma chanson
Les êtres chers qui sont partis devant....
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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