Balade bucolique et poétique autour du Pouget
Pour me dépayser, je n’ai pas besoin d’aller bien loin de chez moi. En quelques tours de roue, je me retrouve dans une région de collines et de vignes qui fait penser à la Toscane. Pour la découvrir, nous partons « pedibus jambis » du Pouget, antique village perché sur une colline – l’un des plus vieux du Languedoc - dont le patrimoine immobilier témoigne de la richesse passée.
Comme de nombreux villages de la région, Pouget a un animal totem « Lou Boumian » apparenté à un lion et dont la légende comporte deux versions. La première raconte qu’à l’époque médiévale les pougétois furent longtemps insoumis à leur seigneur, ce qui leur valut le surnom de « bohémiens » qui se dit « boumian » en occitan. L’autre version raconte que la fontaine du village du XVIIe siècle crachait ses eaux par la gueule d’un lion nommé « le griffoul ». Chaque année, le jour du carnaval, les habitants enferment l’âme du griffoul dans un costume à tête de lion – lou boumian - porté par des hommes qui défilent dans les rues de la ville. Cette célébration commémore symboliquement la fin de l’hiver (Photo et source Site de la mairie du Pouget).
Pouget est situé à environ cent mètres d’altitude sur une colline constituée des sédiments calcaires abandonnés par l’ancêtre de la Méditerranée. Les hommes ont pu ainsi y tailler les myriades de pierres nécessaires à la construction des magnifiques murs qui bordent et soutiennent les multiples terrasses qu’ils ont excavées sur les flancs de la colline. Ces terrasses, autrefois cultivées, sont aujourd’hui envahies par les chênes verts et les genêts.
La maitrise de la taille et de l’appareillement des pierres dont sont faits les murs est très ancienne car l’on trouve dans le secteur l’un des plus beaux mégalithes languedociens : le dolmen de Gallardet, site funéraire ayant plus de cinq mille ans. Le tumulus qui entoure le dolmen est quasiment intact et permet de comprendre comment les énormes dalles qui le recouvrent ont pu être posées : en étant roulées sur des rondins de bois tirées par des groupes d’hommes.
A l’intérieur l’appareillement des pierres impressionne par sa régularité. Ce soin apporté à la construction témoigne du respect des hommes de l’époque pour leurs morts et sans doute d’une croyance dans leur survie dans l’au delà.
Mais, à vrai dire, on sait peu de choses sur cette civilisation mégalithique qui n’a laissé hélas aucun écrit mais qui fascine par la hardiesse de ses monuments.
Les arbres aussi sont fascinants qui révèlent d’extraordinaires capacités d’adaptation à leur environnement, comme ce chêne vert dont les racines ont pris appui sur le flanc d’un promontoire rocheux pour ne pas tomber.
Outre le fait d’avoir plus de mégalithes que la Bretagne, le Languedoc est aussi le royaume des orchidées qui aiment les zones calcaires. Celle ci est en avance car nous ne sommes qu’à la fin de février, alors qu’habituellement elles fleurissent un bon mois plus tard, effet parmi d’autres du réchauffement climatique en cours.
Je vous présente aussi ce pied de fragon (ou faux houx) dont on dit que c’est la plante du marcheur en vertu de ses nombreuses vertus médicinales. Ses racines sont utilisées dans le traitement de l’arthrite, des rhumatismes, des varices, des thrombo-phlébites, des engelures ou pour traiter la mauvaise circulation et la formation de caillots sanguins dans les jambes. Mais, attention, par contre les baies sont toxiques !
Autre petite merveille de la nature, cette parfaite spirale de la coquille du Zonite d’Algérie, que l’on appelle aussi « mange-merde » car il se délecte des déjections des autres animaux. Evitez donc de le ramasser si vous êtes amateur de cargolades !
Voici que nous croisons un « gendarme » mais qui n’a aucune intention de nous verbaliser, trop occupé qu’il est à butiner une fleur de mauve royale, appelée également lavatère arborescente. Cette fleur possède des vertus médicinales expectorantes et laxatives. Quand on connaît les plantes, la nature est une grande pharmacie !
Levons les yeux vers l’horizon pour y découvrir ces vignes à perte de vue, formidables armées de ceps dont les nectars réjouissent le gosier et le coeur des hommes, quand ils les boivent, bien sûr, avec leur amie Modération !
Il a fallu des siècles aux hommes pour façonner ce magnifique paysage où la présence, ici et là, d’un olivier, d’un cyprès, d’un mazet et de bosquets d’arbres révèle l’âme artistique et l’harmonie de cette civilisation méditerranéenne. Le cyprès que l’on aperçoit au loin au bord de la route m’a inspiré ce poème :
Un ardent cyprès,
Enfant de Babel,
Grimpe vers le ciel,
Si loin et si près.
Une antique route,
Traverse les vignes,
Et me fait un signe,
Qui apaise mes doutes.
Mon âme et mon coeur,
Assagis par l'âge,
Rêvent d'un voyage,
Sans but et sans heure !
Cette beauté est, à cette saison, rehaussée par la floraison des amandiers qui bordent les chemins. Ils n’ont été généralement plantés que pour leur aspect esthétique car leurs amandes sont le plus souvent amères. Il est réconfortant de constater qu’Homo sapiens n’est pas toujours guidé par l’appât du gain ! Ce qui m'inspire un autre poème sur les amandiers :
Bel amandier,
Arbre espiègle,
Qui nous piège,
Avec ses fruits tantôt sucrés,
Tantôt plein d'amertume,
Comme les agrumes,
Ou nos amours,
Certains jours !
Dans cet arbre, la nature affiche sa prodigalité et sa munificence pour perpétuer la vie, chaque fleur étant un maillon de cette chaine vitale née il y a trois milliards d’années au coeur des océans.
Heureux je suis de pouvoir fêter la fin de l’hiver en cheminant ainsi au sein d’une telle nature, puis, de retour chez moi, de finir la journée en dégustant un verre du nectar qui en est issu. Boire du bon vin c’est déguster le vent, la terre, le soleil d’un pays !
Et pour finir, célébrons avec un dernier poème ce délicieux moment :
Par la magie subtile,
De la chlorophylle,
Le sang de la terre,
Coule dans nos verres,
Avec des arômes d'agrume,
De cerise ou de prune,
Et une robe dorée,
Rubis ou ambrée.
Levons alors nos verres,
Et mettons leur le cul en l'air,
Pour que s'ouvrent chers amis,
Les portes du paradis !
PS : Vous pouvez télécharger le circuit intitulé "Circuit du dolmen et du fossé des yeux " sur le site de la mairie du Pouget en cliquant ICI
*****
Si vous aimez ce blog, je vous invite à aller aussi sur mon blog musical
Canta-la-Vida
(lien direct dans la barre de navigation de l'en tête de ce blog)
Comme ce vendredi c'est la marche des étudiants pour lutter contre le réchauffement climatique je poste la chanson sur ce thème que je chante avec ma petite fille Emilie "Gaïa a le blues"
Texte, poèmes & Photos (sauf "le boumian" mairie du Pouget) Ulysse