Balade entre Aude et Canal du Midi……
Je vous emmène, aujourd’hui, à la découverte de quelques pépites «culturelles» de ma région disséminées entre le fleuve Aude et le canal du Midi. Nous commençons notre périple motorisé par Coursan, jolie petite ville située sur la rive droite de l’Aude, à mi chemin entre Narbonne et Béziers. Avant qu’un pont n’y soit construit, les voyageurs venant du Nord accédaient à la ville par un gué et un bac qui furent le lieu d’une terrible tragédie. L’Aude de tous temps a connu, en effet, des crues dévastatrices appelées ici «audencos». Et du 14 au 16 octobre 1632, à la suite d’un subit et extrêmement violent et long orage qui dura trente heures, l’Aude et les cours d’eau adjacents noyèrent toute la basse plaine de Narbonne. Or, au même moment, le roi Louis XIII, venu dans la province pour mater la révolte de son gouverneur le duc de Montmorency, accompagné de la reine, de toute la cour et escorté par plusieurs corps de troupes à pied et à cheval, cheminait sur l’itinéraire de Coursan à Narbonne. La violence des eaux fut telle qu’outre la perte de nombreux carrosses, charrettes, bagages, on déplora celle de plus de deux cent cinquante vies humaines : 180 militaires de quatre régiments et 80 victimes civiles, cochers, charretiers, muletiers et même deux femmes de chambre de la reine. Notons que ce qui sert de clocher à l’église est, en fait, une tour de l’ancien château qui défendait la ville.
On découvre, dans cette église de style gothique tardif, une très belle statue reliquaire en bois de saint Jacques qui doit provenir de la chapelle de l’ancien «hôpital», en fait un relais où étaient accueillis «Jacquets» et «Romieux» de passage dans leur pèlerinage à Compostelle pour les premiers, à Rome pour les seconds. Comme dans toute ville étape, ils étaient pris en charge par une confrérie dite «des pèlerins». Au demeurant l’église se nomme Notre Dame de la Rominguière parce qu’elle était sur la voie que suivaient les «Romieux», ceux-ci pouvaient s’y arrêter pour quelques instants de prière.
Notre seconde étape nous mène à Ouveillan dont on admire ici le chevet de l’église romane Saint-Jean l’Evangéliste, de style roman lombard, édifiée au XIIème siècle. Ce style est caractérisé par le cordon de pierres de lave qui borde l’extrados des arcatures.
C’est un imposant édifice, la clé de voûte s’élevant à plus de 10 mètres ce qui est exceptionnel pour un édifice roman. Malheureusement elle est fermée à la visite, le dieu des chrétiens étant impuissant contre les vandales.
Nous voici maintenant à l’entrée du superbe musée archéologique d’Amphoralis qui abrite un site gallo romain de fabrication de poteries.
C’est un lieu extraordinaire où l'on découvre que la gaule romaine exportait à l’ensemble des pays occupés par les romains, de l'Egypte à la Rhénanie, des amphores et des poteries qui contenaient, entre autres produits, du vin également très apprécié par l’élite romaine. Les amphores qui contenaient du vin étaient enduites de résine pour les rendre étanches, et étaient fermées avec un bouchon de liège scellé à la chaux. Une inscription donnait des indications sur la quantité et la qualité du vin: son nom, son âge, son origine géographique. Les appellations étaient variées et les plus connus des vins gaulois étaient alors : Le picatum (vin poissé lors de la vinification) L'amineum (le plus fameux cépage du monde romain, originaire peut-être de Grèce) Le mulsum (vin miéllé) Le passum (vin liquoreux fait avec des raisins confits au soleil).
Ici, ont été reconstitués les ateliers de potiers et leurs différents types de produits
On y produisait aussi des tuiles romaines, des briques, briquettes, carreaux, conduits de chaleur, tuyaux et même des outils comme les pesons de tisserands. Le moulage et les premières phases du séchage se faisaient à l'extérieur, puis sous abris.
D’anciens fours ont été excavés.
Et un four a été reconstitué pour illustrer la façon dont la cuisson était effectuée, tous les types d’ustensiles étant mélangés pour gagner de la place et optimiser la cuisson qui nécessitait d’énormes quantités de bois.
Dans une sculpture retrouvée en Dordogne, représentant une scène de halage de barriques de vins, des amphores de type 4 produites à Amphoralis sont représentées.
Sur le site, une habitation qui hébergeait les potiers et leurs familles a été reconstituée.
Elle illustre les différentes techniques de construction utilisant les briques, les galets et le bois, matériaux autrement plus esthétiques que les hideux parpaings qui défigurent aujourd'hui les villages de l'Hérault ! Ici, le progrès se fait en régressant !
Nous nous rendons ensuite à Montouliers pittoresque village auquel on accède par d’antiques calades, ces ruelles pavées avec des galets.
Ces ruelles vous mènent, après quelques efforts, jusqu’à une chapelle «fortifiée» qui témoigne du peu de foi des croyants quant au pouvoir de leur dieu de les défendre ! Mais bon ce dernier à tant à faire avec l’insupportable créature qu’il a engendrée que l’on peut lui pardonner son impuissance à défendre ses adorateurs dont je ne suis pas.
Il ne faut pas quitter Montouliers sans avoir rendu visite à la cathédrale de dentelle de bois, comme elle est nommée, ancienne cave vigneronne réhabilitée par un artiste montouliérain en atelier et lieu de vie qui donne effectivement l’illusion d’être dans une cathédrale bois.
Le créateur de ce chef d’oeuvre a de multiples cordes à son arc car il peint, fait des pastels, réalise des mosaïques et aussi de superbes et originaux jouets de bois. Un lieu à visiter absolument en prenant rendez vous à l’avance.
Nous terminons notre périple en rendant visite à l’église St Saturnin de Pouzols Minervois, de style roman lombard, édifiée aux XIe et XIIe siècles par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Des éléments de décor sculptés à l'intérieur rappellent cette présence mais nous n'avons pas pu les admirer car l'église, comme tant d'autres, était fermée. Chez nous on expose les parpaings pas les chefs-d'oeuvre !
Je vous invite à écouter ma chanson
C'est une chanson pour toi ...
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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