Eldorad-Oc

Dévalant du Mont Aigoual, l’Hérault, fleuve du midi,

Prend son temps pour rejoindre la Méditerranée.

Pour le franchir, des hommes ingénieux ont bâti

Le pont d’Issensac que les siècles ont patiné.

Ses arches aussi élégantes qu’audacieuses

Défient, depuis mille ans, la loi de la gravité.

Leur reflet tremble dans les eaux poissonneuses

Sans jamais, au grand jamais, les faire vaciller !

La Chapelle St Etienne, également millénaire,

Surplombe le pont que des milliers de pèlerins

Ont emprunté pour venir y dire des prières

Avant de reprendre à l’aube leur chemin.

L’un de ceux qui mène jusqu’à Compostelle;

La foi fait parcourir des milliers de kilomètres,

Mais l’humanité, pour autant, avance-telle ?

J’en doute quand je vois ce que je vois de ma fenêtre !

D’ailleurs, aujourd’hui, les maisons de dieu sont fermées,

Peut on croire en un dieu qui craint les voleurs ?

Combien de prières lui ont été adressées

Qui n’ont pas empêché les horreurs !

Derrière la chapelle s’étend un cimetière

Où les touffes d’herbes s’entremêlent.

Nos âmes ne vont ni au paradis ni en enfer,

Elles sont arbres, fleurs, humains dans un cycle perpétuel.

Plus loin, des frondaisons, jaillit le château de Villarel,

Ancien fief des seigneurs de Brissac et de Ganges.

La vie dans les palaces est elle vraiment plus belle?

Ne suffit-il pas, pour être heureux, d’une orange?

C’est aux portes du village de Brissac que nous arrivons

Blotti au pied de son château féodal.

Ici sommeillent dix siècles de civilisation

Seulement troublés par le chant des cigales.

Autrefois en cette église coulait le vin de messe

Pour célébrer la venue d’un monde meilleur.

Aujourd’hui c’est au café que l’on cherche l'ivresse

Pour noyer ses soucis et malheurs !

Jouissons de notre terrestre existence,

Vu qu’il n’y a pas de paradis au ciel.

Allons donc, de ce pas, faire bombance

Et satisfaire nos plaisirs charnels.

Et je connais, pour cela, un lieu idéal: 

Le «Jardin aux Sources» dans son écrin naturel

Où chaque mets est un vrai régal 

Préparé par Jérome Billod Morel

Nous voici au village de St Jean de Buèges

Blotti au pied du Roc de Tras Castel

Quand notre âme dans ces vieilles pierres s’immergent

Nous avons le sentiment d’être éternel!

Dans les eaux claires de la Buèges qui longe le village

On voit le ballet des truites sous le couvert des saules

D’un vieux pêcheur rappelons nous l’adage :

Si un poisson te voit tu peux plier tes gaules !

Ombragé par de multi-séculaires platanes

Le village connaît une vie paisible et féconde.

Mais y aura-t-il ici encore une seule âme

Dans cent ans au train où va le monde?

Nous nous rendons où la Buèges prend sa source

Dont les eaux turquoises des profondeurs jaillissent.

L’eau est notre plus précieuse ressource,

N’en mettons pas trop dans notre pastis !

Et voici, de notre périple, l’étape la plus belle:

Pégairolles de Buèges sur son éperon perché,

Par deux lignes de montagnes parallèles,

Des vents du nord et du sud, protégé.

Il n’y a, en ce village, qu’une modeste chapelle

Vu que jamais plus de cent âmes y ont vécu.

Car la plupart des hommes sont allés chercher leurs belles

Aux quatre coins du monde et ne sont jamais revenus.

L’imposante tour, qui défendait autrefois le village,

Ne protège plus aujourd’hui qu’une lessive qui sèche.

Et l’on entend dire dans le voisinage:

Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches?

Mais si la source de la Buèges, non loin, coule encore

La fontaine du village, hélas, est tarie.

Notre monde se meurt, notre monde sera bientôt mort !

Car l’eau, comme le vin, c’est la vie !

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Je vous invite à écouter ma chanson

J'aimais....

Sur mon blog Canta-la-Vida

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TEXTE & PHOTOS ULYSSE