Virée en Aveyron : 1 - du trou de Bozouls à Entraygues
Ce qui m’émerveille le plus en France, où j’ai eu la chance de naître - n’en déplaise aux gaulois râleurs - c’est qu’il me faudrait plusieurs vies pour en visiter tous les cavistes et découvrir toutes les pépites touristiques qu’il recèle. Etant ainsi tombé (sans aucun dommage !) dans une revue touristique sur un article sur le «Trou» de Bozouls je me suis qu’il fallait que j’aille voir ce trou ! Généralement quand on dit d’un lieu que c’est un trou, c’est plutôt péjoratif, mais l’article était plutôt enthousiaste! Et me voilà donc parti en Aveyron à la découverte de ce fameux trou et il est effectivement de taille! Il s’agit d’un canyon de 400mètres de largeur et profond de plus de 100mètres creusé par une modeste rivière le Dourdou dans le Causse Comtal. Les Bozoulais et bozoulaises n’ont pas froid aux yeux qui ont construit leurs maisons au bord de la falaise. L’avantage est qu’ils jouissent d’une vue imprenable mais gare à ne pas faire tomber son éponge quand on lave l’extérieur de ses carreaux !
Le canyon a la forme d’un fer à cheval au milieu duquel se dresse un promontoire.
Une élégante église romane et un couvent ont été édifiés sur ce promontoire.
Je n’oserais pas dire que les Bozoulais boivent comme des trous encore que ces panneaux qui ornent certaines maisons montrent qu’ils ont une bonne descente.
De toute façon je serais le dernier à les critiquer car j’adhère pleinement à leur philosophie.
Poursuivant notre route et ayant posé nos valises à l’excellent relais du Coustoubi à Campouriez, nous partons faire une petite randonnée dans un lieu bien nommé « Le jardin de la montagne » situé non loin du joli village de Cassuéjouls. L’été a été pluvieux et l’herbe ainsi que les feuillages des hêtres séculaires sont d’un vert intense et revigorant.
Nous naviguons au milieu d’un océan de verdure d’où émerge au loin le puech de Soulages, sympathique téton de Gaïa que caressent les nuages.
Nous croisons une belle et accorte aubracienne qui nous fait son plus joli sourire. Apparemment l’herbe verte rend les dents blanches: il faudra que j’essaie !
Ce taureau est un peu moins avenant et on est plutôt content d’être du bon coté de la barrière.
Nous sommes ici au pays des vaches heureuses dont certaines vivent même dans une station balnéaire où je me garderais bien toutefois de faire trempette.
Devant un panorama aussi paisible et harmonieux, je suis tenté de répondre au talentueux Christophe Maé «Ne cherche plus mon vieux, il est ici le bonheur ! »
Abandonnons nos paisibles ruminantes pour suivre ce cormoran noir et rejoindre le cours de la Truyère que franchit le magnifique pont médiéval qui permet de rejoindre Entraygues.
Ce magnifique pont gothique du 13ème siècle fut construit par les frères pontifes, nullement moines, mais faisant partie de congrégations ayant pour mission de construire des ponts. Alors que la Truyère peut connaître de violentes crues, le pont se dédouble aujourd’hui majestueusement dans le miroir de ses eaux calmes.
Il comportait une tour de péage à chaque extrémité et jusqu’au début du 20ème siècle, des petits marchands et colporteurs se tenaient dans les refuges pour proposer, aux passants, leurs marchandises.
Des canards rident sa surface sans se rendre compte qu’ils sont au dessus des nuages !
Un héron stoïque attend patiemment l’inconscient goujon qui viendra dans les parages
Des pêcheurs font de même à l’endroit où la Truyère rejoint le Lot. Cette dernière rivière était jusqu’au début du XIXème siècle une importante voie navigable entre la Saint Martin (1er novembre ) et la Saint Georges (23 avril) période des hautes eaux. Des gabares descendaient alors les marchandises en six jours jusqu’à Bordeaux. Mais la navigation n’était pas sans péril car le Lot en certains endroits resserrés et ponctués de rochers appelés les «malpas» pouvait descendre à 30km/h. Et au fil des siècles de nombreux nautoniers se noyèrent dont la mémoire était honorée par des croix plantées sur les rives. Le chemin de fer plus rapide et plus sûr mit fin à l’utilisation du Lot comme voie navigable.
La pittoresque ville d’Entraygues s’étale en aval du pont sur la rive gauche de la Truyère et de celle du Lot.
Cette ville fut fondée au XIIIème siècle par le comte de Rodez Henri II et on s’y régale des spécialités suivantes : Pascade - Farçou - Pounti - Chou farci - Aligot - Truffade - Charcuterie - Estofinade - Chevreau à l'oseille - Tripous - Cabécous - Fouace - Miel - Gâteau à la broche accompagnés des Vins d'Entraygues Le Fel. Car oui on produit aujourd’hui du bon vin en Aveyron. Ah! Qu’il fait bon y vivre !
Nous empruntons la rue basse l’une des plus typiques de la ville avec ses antiques maisons à colombage
L’une des portes est ornée d’un magnifique heurtoir dont on est souvent surpris qu’il soit si haut placé. Mais il en était ainsi pour permettre aux cavaliers de signaler leur présence sans descendre de cheval.
Nous terminons notre visite au pied du château d’Entraygues situé à la confluence du Lot et de la Truyère et proche du port d’où partaient les gabares. Un premier édifice construit par Henri II fut rasé en 1604 après avoir été pillé par les calvinistes. Le bâtiment actuel fut reconstruit au XVIIème siècle par Henri de Monvallat, nouveau seigneur d'Entraygues.
A suivre….
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Texte Ulysse & Photos Ulysse
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