Périple en espagne du Nord-Est - Fin - Le canyon de la Mescun
Nous partons de bon matin de Huesca pour nous rendre à Rodellar, joli village situé au bout d’une petite route traversant oliveraies et pinèdes qui enchantent nos mirettes et nasaux. L’Espagne est un paradis pour le plaisir des sens ! Ce village est situé au coeur de sierras (montagnes) et au confluent des rivières Alcanadre et Mascun, ce qui en fait un lieu idéal pour les activités sportives : canyoning, escalade, randonnées.
Nous allons explorer le canyon que la rivière Mascun a creusé dans l’une des mesas et qui est l’un des plus beaux et sauvages d’Espagne.
Par endroits le sentier disparaît et nous suivons la rivière et en traversons même le cours. Il est heureux que nous soyons à la fin de l ‘été car le niveau des eaux est bas et facilite le passage.
On éprouve un bonheur indicible à explorer de tels lieux où nous avons le sentiment d’être les premiers à poser le pied, confèrant à notre randonnée un parfum d’aventure.
Les parois du canyon, bosselées, taraudées, percées d’arches nous racontent l’histoire tourmentée de leur érosion. Les cailloux du lit de la rivière que nous foulons, qui furent projetés par les flots parfois dantesques contre les parois avec des milliards d’autres qui les ont précédés, sont les artisans de ces immémoriales sculptures.
C’est sans doute en contemplant ces arches naturelles que des hommes ont eu l’idée de bâtir des édifices avec d’audacieuses voutes. La nature a toujours été une source d’inspiration pour l’homme. Notamment quand il transforme les grains de raisin en divins nectars !
Que celles et ceux qui ont été émus dans leur enfance par le sort funeste de Quasimodo soient rassurés : il a finalement survécu à ses blessures et a trouvé refuge dans le canyon de Mescun où il regarde pacifiquement les randonneurs qui passent.
Lors de notre précédente étape nous avions visité l’imposant château de Loarre mais autrement plus impressionnants sont les « châteaux » édifiés par la pluie, le gel, le soleil et le vent et qui nous dominent, fourmis (rouges en l’occurrence ! ) cheminant à leur pied.
A proximité de ces «châteaux» des chandelles de pierre se dressent vers le ciel, symbole de résilience, comme l’on voit des hommes qui restent debout face à l’adversité, à la violence.
Mais au final rien ne résiste au temps, cette chandelle un jour ne sera plus que sable au bord de la mer alors que nos atomes danseront depuis longtemps avec les étoiles.
Ici l’on aperçoit la main d’un Titan enterré dans la Mesa et qui jaillit du sol, témoin d’un temps béni où Zeus régnait sur l’Olympe, buvait en compagnie de Bacchus et courait les jupons au grand dam de son épouse Junon, où Diane chassait dans les bois et les Naïades se baignaient dans les rivières. Hélas les hommes ont congédié ces dieux bons vivants et facétieux qui laissaient tranquilles les hommes, pour en élire d’autres, genre "pères fouettards", qu’ils prétendent de «miséricorde» mais au nom desquels ils se massacrent allègrement.
Le sentier quitte le lit de la rivière pour grimper sur son versant droit qui prend une forme plus évasée.
Nous grimpons vers le «château» qui nous dominait tout à l’heure et que la végétation, envahisseur pacifique, recouvre peu à peu.
Nous arrivons en vue d’un plateau à la recherche d’un endroit pour pique-niquer, mais nous évitons de batifoler en cet endroit vu l’équilibre instable d’un rocher coincé entre deux reliefs.
Nous finissons pas trouver l’endroit idéal sur une plateforme, ombragé par quelques arbustes, d’où l’on domine le canyon.
Et nous déjeunons en jouissant d’une vue grandiose sur les splendeurs de la nature, nous attendant, à chaque instant, à voir chuter les statues figées en haut de ces aiguilles rocheuses. Mais, malgré leur apparente fragilité, nous aurions le temps de vider une mer de « rosé avant que cela n’arrive !
Puis nous redescendons par le même chemin (le grand tour impliquant 8heures de marche) qui, à vrai dire, reste tout aussi dépaysant, car les perspectives et le paysage différent selon le sens de la marche.
La chandelle, aperçue le matin, est toujours en place et gageons qu’elle le sera encore demain !
Nous retrouvons le lit de la rivière dont le cours est si lent qu’il permet aux algues d’en tapisser le fond et à un nuage de s'y baigner. On a du mal à croire que cette indolente rivière ait pu creuser un tel canyon.
Quelques grimpeurs jouent les araignées sous la voute des arches. Il faudrait que j’en ai une « au plafond » pour me lancer dans une telle aventure !
En voici une d’ailleurs dont la vie ne tient, si l’on peut dire, qu’à un fil….
Le soir, lors du dîner, nous partons à l’assaut d’un (en plusieurs exemplaires !) délicieux Somontano de la Bodega Pirinéos « 3404 » (altitude du Pic d’Aneto) pour célébrer ce magnifique voyage qui, hélas, se termine.
Gagnés par une douce ivresse, nous déambulons ensuite dans les rues de la ville, par une nuit encore estivale, menés par Gibus notre incomparable et dynamique guide qui a organisé ce magnifique voyage.
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma chanson " Ne perds pas tes rêves en chemin"
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Texte & Photos* Ulysse
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