Eldorad-Oc

 

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Nous poursuivons notre périple sous la protection de Saint Christophe, patron des voyageurs, auquel un village a rendu hommage sous la forme de cette originale sculpture. Pour celles et ceux qui (comme moi) ont oublié leurs leçons de catéchisme ou n’en ont jamais reçues, je rappelle que Saint Christophe, qui était un géant imposant, s’est d’abord appelé Réprouvé. Il voulait se mettre au service d'une personne n’ayant peur de rien. Après plusieurs échecs, il rencontre un ermite qui l'instruit dans la foi chrétienne et lui recommande de se faire passeur ; c'est là que Jésus, enfant, se présente pour traverser la rivière où il officiait; mais pendant la traversée, il devient de plus en plus lourd ; à la question de Réprouvé, il répond qu'il « porte tous les péchés du monde » (source Wikipedia).

 

Sous la statue figure une prière pleine d’humour intitulée « Notre père des conducteurs » rédigée par un écrivain local qui se désigne comme « Pèlerin du volant » dont voici la traduction :

« Saint patron qui est au ciel, éclaire nous la nuit et guide nous le jour, assure nous d’un voyage serein et fait que nous soyons prudents, pardonne nos injures comme nous les pardonnons aux autres conducteurs, fais nous penser aux êtres qui nous sont chers et ne nous laisse pas succomber à la tentation de la vitesse et des infractions et épargne nous tout accident »

 

Nous faisons un brève halte au pittoresque village de Santa Cruz de la Seros niché au pied de montagnes et doté d’une belle église romane, vestige d’un couvent du XIème siècle.

 

Puis nous nous dirigeons vers Ejea de los Caballeros, ainsi nommée en hommage aux chevaliers catholiques qui l’ont libérée des Arabes, lieu de notre étape du soir. Nous franchissons le rio Aragon qui donne son nom à la région et emprunte sa couleur au ciel sans nuage.

 

Nous passons au large de nombreux villages perchés qui mériteraient sans aucun doute une visite mais dans ce pays si riche en beautés de toutes sortes il faut faire des choix !

 

Nous arrivons à Sadaba qui possède plusieurs sites de grand intérêt. La première est l’église Santa Maria, l’un des plus beaux exemplaires de l’architecture gothique en Aragon, dont la tour-clocher domine les toits des maisons.

 

Lorsque je contemple de tels chefs d’œuvre, j’ai toujours une pensée pour ceux qui les ont édifiés en faisant preuve d’une incroyable audace compte tenu des moyens de l’époque. La foi soulève les montagnes, mais elle permet aussi de grimper aux clochers !

 

Elle recèle en son sein deux merveilles : le retable principal qui orne le chœur et qui est une oeuvre de Juan Ancheta, célèbre sculpteur dit « maniériste » du XVIème siècle. Le maniérisme est une réaction à la perfection atteinte durant la Haute Renaissance dans la représentation du corps humain et dans la maîtrise de l'art de la perspective. Il rompt délibérément avec l'exactitude des proportions, l'harmonie des couleurs ou la réalité de l'espace, de manière à produire un nouvel effet émotionnel et artistique. Le représentant le plus célèbre de ce coutant est le peintre Le Greco (merci encore à Wikipedia !)

 

Mais tout aussi intéressant est le retable de San Miguel dont l’abondance des dorures témoigne de la richesse de l’église catholique à cette époque. Il est étonnant de voir le succès qu’a eu l’église catholique dont la vie opulente et parfois dissolue de sa hiérarchie était en pleine contradiction avec le message de Jésus prônant l’humilité et la pauvreté. Mais bon, avec l’inquisition et aussi la peur de l’enfer, les gens n’avaient pas trop le choix !

 

Un autre site attire immanquablement l’œil du visiteur qui passe à Sadaba : le château féodal édifié au XIIIème siècle sur une colline à l’Est du village.

 

On reste bouche bée devant l'ampleur et la hauteur de son enceinte fortifiée Dessinant un rectangle de 38 x 30 mètres, elle délimite une superficie de plus de 1 000 m².

 

Le chemin de ronde traverse sept tours crénelées également rectangulaires, dont quatre aux angles. Celle d'El Rey, que nous apercevons, comporte, dans sa partie inférieure, la porte d'accès à l'enceinte dotée d’un judicieux couloir en angle droit qui permettait de mieux bloquer les assaillants qui auraient pu la franchir .

 

Les murs, épais et robustes, sont formés d'excellentes pierres de taille parfaitement ouvragées et alignées. Le faible nombre de fenêtres et d'ouvertures contribue à l'aspect inexpugnable de l'ensemble. Dans l’enceinte du château du château, on peut voir une chapelle ayant appartenu à l'ordre de Malte et une ancienne citerne.

 

Cette visite sous un soleil ardent ayant aiguisé notre appétit et notre soif, nous faisons une pause « almuerzo » (déjeuner en espagnol !) dans un estaminet du village où, comme partout dans ce pays béni des dieux (et surtout de Bacchus) on sert des vins délicieux pour quelques euros (honte aux restaurateurs français dont le prix des vins est souvent rédhibitoire) que nous partageons bien sûr avec notre amie Modération ! (Big Brother veille !)

 

Nos gosiers rafraîchis et nos estomacs comblés, nous partons à la découverte de l’un des plus beaux sites romains de l’Aragon « los bañales » (les bains) situé à l’endroit où existait à l’époque une source chaude qui s’est tarie. Dans un environnement magnifique, on découvre les ruines d'un ancien village qui comptait plusieurs villas et bâtiments publics tels que des thermes, un temple, un forum et un aqueduc.

 

Un émouvant visage empreint de mélancolie émerge d’un bloc de pierre. S’agit-il d’un message d’adieu à ce site rapidement gravé par l’un de ses derniers habitants avant la désertion du village ? Mystère !

 

Deux colonnes se dressent encore sur le site qui témoignent vaillamment contre les intempéries de la grandeur de la civilisation romaine dont nous sommes les héritiers. N’en déplaise à Astérix sans Rome le Languedoc ne serait sans doute pas devenu un pays de vignes !

 

Un peu à l’écart du site, d’autres colonnes plus nombreuses, témoignent du génie constructeur des romains. Il s’agit des restes d’un aqueduc qui apportait l’eau froide d’une rivière aux thermes du village.

 

Ce genre de construction implique une grande technicité dans la maitrise de la pente pour que l’écoulement de l’eau soit optimal sur de longues distances.

 

Il fallait donc tailler chaque pierre au millimètre près pour respecter la pente déterminée par l’architecte ! Chapeau les romains !

 

Le soir nous rejoignons notre hôtel situé à Ejea de los Caballeros dans une ambiance de fête !

 

Et c’est avec bonheur que nous concluons la journée par une délicieuse « comida »à base d’œufs au plat garnis de chorizo et de rondelles de pomme de terre persillées. Bon, je ne vous montre pas les bouteilles qui accompagnent ce mets délicieux, sinon je vais me faire remonter les bretelles par l’Agence Nationale pour la Santé qui diabolise le vin mais pas le coca cola, qui fait pourtant bien plus de dégâts ! Chercher l’erreur !

A suivre…..

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 Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical 

 Canta-la-Vida   

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 Texte & Photos Ulysse