Eldorad-Oc

Pour notre dernière balade dans l’île de Groix, nous nous dirigeons vers la pointe Ouest où se dresse le phare de Pen Men.

Ce phare de 23 mètres fut édifié au milieu du XIXème siècle pour faciliter l’arrivée des bateaux au Port de Lorient. Tout autour s’étend une lande sauvage bordée de falaises où a été créée la réserve naturelle François Le Bail*.

• François le Bail était un géologue breton mort en 1979 au retour d’une excursion minéralogique dans les falaises de Pen Men.

Sauvage est effectivement la réserve où nous apercevons une multitude de faisans et de lapins peu farouches, ceux ci étant préservés des « nemrods »  bedonnants et pétaradants qui, l’automne venu, font régner la terreur dans les campagnes de France et de Navarre.

Les oiseaux marins s’étant appropriés également les lieux, nombreuses sont les plumes qui ornent la lande, merveilles de la nature qui ont permis à des êtres vivants de s’affranchir de la gravité et de maîtriser les airs.

L’entrée de la réserve n’est permise qu’aux seuls piétons désarmés et un garde ailé veille au respect des consignes.

Nous sommes ici au point le plus haut de l’île et la lande est bordée de vertigineuses falaises déchiquetées par l’océan.

Un goéland mal embouché ne semble pas très heureux de notre visite et tente en vain de nous dissuader de poursuivre notre balade en ces lieux.

Mais ayant des intentions pacifiques nous ignorons ses protestations et poussons plus avant la découverte de la lande dont la beauté sauvage nous saisit et nous vivifie, comme si les eaux tourmentées de l’océan qui fouettent le pied des falaises coulaient aussi dans nos veines.

Depuis des millions d’années les vagues viennent ainsi se fracasser sur ces falaises dont elles grignotent à chaque fois quelques atomes. L’océan sait qu’il a l’éternité pour lui et qu’il viendra à bout des roches aussi dures soient elles ! Les hommes ne seront probablement plus de ce monde quand l’île aura été dissoute et engloutie.

En attendant les oiseaux marins, tels ces goélands plus hospitaliers que leur congénère, jouissent en permanence de ce fabuleux spectacle. Ont-ils conscience qu’ils vivent au paradis ?

Il est réconfortant de constater qu’en quelques lieux de la Terre le monde n’est régi que par les lois naturelles et est préservé de l’action maléfique des homo sapiens.

La lande où nous marchons est sans doute inchangée depuis des millénaires et restera ainsi encore pendant  de nombreuses générations.

En se promenant en de tels lieux on renoue avec le fil du temps que l’homme moderne a rompu pour oublier qu’il est mortel,  et on inscrit avec sérénité sa vie éphémère dans l’éternité.

Un jeune goéland, sans doute gagné par l’ivresse qui naît de la maitrise des airs qu’il découvre, vient nous défier, lourds bipèdes condamnés à ramper sur terre.

Mais l’heure de retourner sur le continent approche et en attendant le ferry qui doit nous y ramener, nous allons nous asseoir à l’un des bars de Port Tudy pour s’y désaltérer, Bretagne oblige, d’un verre de cidre.

Nous embarquons à regret à bord du bateau qui assure la liaison avec le continent, avec dans l’âme les parfums et beautés de cette île qui a su préserver un mode de vie en symbiose avec les rythmes naturels.

En contemplant le sillage qui me relie encore à Groix je me dis que tant qu’il y aura des îles, nous aurons des refuges pour nous protéger des aspirateurs à temps de cerveau que les GAFA implantent dans le reste du monde.

Je comprends la passion des marins pour la mer avec laquelle on ne triche pas, la mer que l’on doit patiemment apprivoiser avec humilité mais qui donne à votre vie d’homme une densité que l’on perd dans les villes hautement technicisées. Il en est de même avec la montagne avec laquelle je suis plus familier. Ce sera l’objectif de notre prochaine balade.

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 Après cette balade maritime, je vous invite à aller sur mon blog musical 

 Canta-la-Vida   

pour écouter  ma dernière chanson " Cour de récré "

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 Texte & Photos Ulysse