Périple en Espagne du Nord-Est - 7 - Du chateau de Loarre au monastère Virgen de la Peña
Nous partons ce matin à la découverte du château de Loarre, forteresse romane la plus importante de l’Espagne, voire de l’Europe. Perché sur une colline à 1100 mètres d’altitude, on l’aperçoit au loin qui domine la dépression de l’Ebre.
Il a été édifié en 1020, sur les ruines d’une ville romaine, par le roi d’Aragon Sancho III el Mayor, pour en faire un bastion défensif face aux musulmans.
Les fortifications actuelles, dont les huit impressionnantes tours qui ornent la muraille extérieure, ont été édifiées en 1070 par le roi Sancho Ramirez qui conféra au château un caractère religieux en abritant la fondation du monastère des chanoines de San Augustin.
Ce château, qui ne fut jamais pris, a servi de cadre pour le film « Kingdom of Heaven» de Ridley Scott.
La garnison qui défendait le château pouvait voir venir de loin les éventuels assaillants et avait le temps de leur préparer un sympathique accueil.
Les musulmans ayant été peu à peu repoussés vers le sud de l’Espagne, il a été progressivement délaissé à partir de la fin du XIIème siècle pour être complètement abandonné au XVème.
Nous nous rendons ensuite au village de Bolea qui possède un véritable bijou de la renaissance : la collégiale de Santa Maria la Mayor, édifiée au XVIème siècle, dont l’architecture massive recèle en son sein des trésors. L’importance de cette collégiale dans un si petit village est due au fait que Bolea était un lieu important de passage entre la Navarre et la France sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.
Cette collégiale fut prieuré de l’Abbaye Royale de Montearagon, ce qui lui permettait de collecter dîmes et prémices à travers le large territoire de sa juridiction. D’où résulte la richesse de sa décoration intérieure constituée de plusieurs retables, chefs d’œuvre de la peinture espagnole de la Renaissance.
Ne souhaitant pas lasser mes lectrices et lecteurs peu portés sur la religion (je suis moi même agnostique) je me contenterai de vous montrer le magnifique retable de Saint Jacques, que l’on voit au centre, et qui me touche particulièrement car Saint Jacques, comme vous le savez, est le patron des pèlerins et des randonneurs. En outre, ce retable est l’œuvre d’un article français : Gabriel Joli. Cocorico ! Qui se dit curieusement « Quiriquiqui ! en espagnol ! Pour celles et ceux que cela intéresse, on voit à gauche de Jacques, Saint Michel (dont a volé l’épée) terrassant le dragon et à droite, Saint Jean Baptiste, dernier prophète qui a annoncé le venue de Jésus.
Sur un autre retable, une scène est également émouvante qui montre Jésus au jardin des oliviers. Alors que Pierre, Jacques et Jean, qui l’ont accompagné, dorment sereinement et profondément, Jésus vit une nuit d’angoisse en attendant les soldats qui doivent venir l’arrêter après la trahison de Judas. N’est ce pas un symbole du monde où nous vivons, où nous pouvons, et moi le premier, dormir tranquillement (pour le moment) sur nos deux oreilles alors que mille atrocités sont commises chaque jour dans le monde. Mais qu’y peut-on, hélas !
Bon j’arrête là mon « préchi- précha» et vous emmène au grand air à la découverte de l’ermitage de la Virgen de la Peña de Aniés perché à 1180 mètres dans les falaises de la Sierra Caballera,
On y accède après une grimpette d’environ une demi heure sur un bon sentier en partie ombragé par des pins.
A mi-chemin, on commence à l’apercevoir et l’on se dit que l’expression «ravitaillé par les corneilles» s’applique pleinement à cet endroit. De fait, on découvrira plus tard qu’il est, façon de parler, ravitaillé par les vautours !
Nous y arrivons enfin, impatients de découvrir les peintures murales qui ornent la chapelle mais nous découvrons sur la porte une affiche qui nous faite rire aux éclats car il y est écrit «Vous pouvez vous procurer la clé de la chapelle à la mairie de Huesca» …. qui se trouve à 30 km de là ! On le saura pour la prochaine fois !
Mais le site est si beau que nous ne sommes même pas frustrés par cet événement, d’autant qu’un vautour nous fait le plaisir de venir tourner au dessus de nos têtes.
Peu farouche, il nous fait une démonstration de vol d’une époustouflante beauté.
Insouciant de notre présence, il jouit des courants d’air qui le porte et qu’il utilise avec maestria.
Il s’apprête à rejoindre son nid et commence à replier ses ailes et tendre ses pattes pour l’atterrissage.
Il se cabre soudain pour freiner, voltigeur d’élite qui sait exactement où il va atterrir
Et il se pose en douceur dans une anfractuosité de la falaise où il a bâti son nid. Chapeau l’artiste.
Pour notre part, nous atterrissons un peu plus tard dans les rues de Huesca où il vient de pleuvoir, ce qui explique la faible affluence aux terrasses des cafés et restaurants, habituellement bondées.
Le restaurant que nous choisissons possède un bar dont l’une des affiches nous fait sourire car il y est écrit : "Hay cosas mejores que comerse el coco» ce qui est un jeu de mot espagnol qui veut dire «ici, il y a des choses meilleures que de se manger le coco» et qui correspond au français «arrête de te prendre la tête».
Et de fait, on se régale de choses bien meilleures que notre «coco», telle, par exemple, ce morceau de calamar sur une tranche de pain toastée imprégnée d’huile d’olive aillée !
Le tout accompagné, bien évidemment, d’un délicieux vin blanc « Verdero » choisi et servi par notre chère et sobre amie Modération .
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma chanson " Ma vie aura passé"
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Texte & Photos* Ulysse
* sauf la photo de la planète trouvée sur Internet
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