Bien fol qui se baigne en janvier à Vezoles ! (reprise d'archive)
La randonnée est une activité ouverte à tous. Elle ne nécessite aucun talent particulier sinon de pouvoir se servir de ses jambes et n’implique pas de dépenses somptuaires, encore qu’il ne faille pas mégotter sur la qualité des chaussures et des vêtements que l’on porte, ni des vins que l’on emporte en pique-nique. En outre, elle est bénéfique pour la santé et n'expose ses pratiquants qu’à des risques modérés : prendre une bonne saucée, attraper (au début) quelques ampoules et quelques courbatures ou quelques coups de soleil. Bon, il arrive que l’on se perde et que l’on soit obligé de traverser pierriers, ronciers et terrains fangeux et l’on revient alors chez soi crotté et balafré comme un bagnard évadé de Cayenne. Dans des cas exceptionnels toutefois, le «ciel» risque de vous tomber sur la tête à l’instar de cet arbre balayé par la chute d’un rocher. Mais il ne faut pas que cet accident rarissime vous dissuade de vous lancer sur les sentiers, car les beautés qui vous attendent vous récompensent au multiple des efforts accomplis et des quelques risques encourus.
Nous vous invitons donc aujourd’hui, Gibus et moi, à nous suivre sur l’un des plus beaux parcours de notre région qui remonte les gorges du torrent de Vezoles et permet d’accéder au lac du même nom, perché à 1000m d’altitude dans les monts du Sommail.
Il est vrai que ce sentier est un peu "technique" pour les débutants, mais avec un peu d’entraînement et en évitant les jours de pluie ou de gel on a de bonnes chances d’arriver sain et sauf au sommet.
Le plus grand danger qui vous guette sur ce parcours est le lion du Sommail perché sur son monticule. Mais comme il est d’un âge vénérable et se déplace avec difficulté, si vous n’allez pas le narguer de trop près il vous laissera tranquille.
Même les gens du nord, habitants d'un plat pays, qui n’ont que de vieux terrils pour montagne et sont plus coutumiers des "cols" de leurs bocks de bière que des cols montagnards, empruntent ce chemin, ce qui ne peut que vous encourager à suivre leur valeureux exemple !
Parvenus sur le plateau sommital nous sommes remboursés - sans franchise - de nos efforts (c’est mieux que la sécu !). Le regard porte alors jusqu’aux sommets enneigés de la chaîne des Pyrénées qui barre l’horizon. Face à un tel panorama notre existence jusque là ratatinée, ratiocinée, gangrenée par les soucis triviaux et les verbiages cancaniers et vains du monde, s’oxygène, se dilate, et est gagnée par la douce euphorie que suscite la beauté.
Mais aujourd’hui, un spectacle plus beau encore nous attend : le lac de Vézoles est aux trois quarts gelé et recouvert par endroits de neige.
La toile bleutée de la glace est déchirée par des flèches d’eau libre reflétant la neige couvrant les rives, blanc lumignon plongé dans les eaux sombres du lac.
Les épicéas qui bordent par endroits les rives du lac et qui, habituellement, s’enorgueillissent de leurs majestueux reflets, souffrent de ne plus voir que leurs pointes dans une déchirure de la glace.
Peut être ne sont-ils pas non plus très heureux d’avoir les pieds dans la neige, car ils se sont établis dans le sud pour y trouver la chaleur et ne plus avoir à affronter les frimas de leur contrée d’origine.
Apercevant une petite zone d’eau libre au bord du lac, l’idée soudain nous traverse l’esprit de nous baigner. C’est en quelque sorte un défi lancé à l’hiver qui s’éternise de façon inhabituelle dans notre région. Mais ce bain n'est pas sans risque car une fois dans l’eau, celle-ci commence à se transformer en glace, selon le phénomène bien connu de surfusion dont ont été victimes les chevaux du lac Ladoga. Mais fort heureusement les rayons du soleil se mettent soudain et à notre grande surprise à chauffer plus fort, ce qui nous permet de nous libérer de l’emprise de la glace. Le vent colporte alors des murmures bizarres qui nous intriguent. Nous allongeant sur de larges pierres de la rive pour nous faire sécher, un bref assoupissement nous saisit pendant lequel Gibus fait un rêve étrange qui nous donne la clé de ce curieux évènement.
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Rhabillés de pied en cap, nous traversons un bosquet de vieux fayards bordant le lac et qui se tordent de rire. Ils nous demandent "N'avez vous rien perdu dans l'eau?". Rougissant devant cette allusion ironique à «notre pistolet à bébés» escamoté par l’eau glacée, nous leur rétorquons "Ce que l’hiver a gelé, le printemps le fera revivre". Nous croyons alors entendre dans le vent des rires féminins, mais regardant de tous cotés nous ne voyons personne !
Nous poursuivons alors notre périple autour du lac dont la partie la moins profonde est recouverte d’un voile argenté.
Nous avons conscience de vivre là des moments précieux, inhabituels dans notre région. Inattendues et innombrables sont les merveilles qui vous sont offertes quand on met un pied devant l’autre et que l’on part à la découverte du monde !
Le soleil gommera bientôt ce paysage unique et éphémère. Aussi, nous le savourons à pleines pupilles et ralentissons notre pas habituellement martial pour ne pas en perdre une miette. Nous sommes très heureux de pouvoir partager ces moments avec vous !
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Texte & Photos Ulysse
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