Trois papis casse-cous au Casselouvre !
Avant-propos
Les étés deviennent hélas de plus en plus chauds et secs et les torrents du Haut Languedoc voient leur débit s’amenuiser rapidement au cours de l’été pour carrément disparaître. Il y a quelques années, alors que leurs flots estivaux étaient encore abondants, avec mes copains Gibus et Jo, nous avons entrepris la descente en canyoning du Casselouvre sans équipement autres qu’un casque et un bout de corde. Je remets à l’honneur cette superbe virée que j’avais publiée dans un ancien blog que j’ai dû fermer suite à la disparition de la plateforme qui l’hébergeait.
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Nous voilà donc partis, en ce matin chaud mais brumeux de fin août 2013, pour une descente de torrent au cœur de la superbe montagne de Rosis dans les hauts cantons héraultais. Nous sommes un peu fébriles vu que nous ne connaissons pas les difficultés qui nous attendent et nous n’allons pas être déçus ! Nous grimpons tout d’abord au portail de Roquendouire, lieu que mes lecteurs connaissent bien, à partir duquel nous allons dévaler la pente pour rejoindre le cours du Casselouvre. Le ciel est pour l’heure menaçant, mais la météo étant optimiste pour la journée, nous ne nous laissons pas impressionner par cette éphémère manifestation de mauvaise humeur de Jupiter, sans doute causée par le fait que Junon a dû, une fois de plus, carboniser ses œufs au bacon du petit déjeuner pour se venger des frasques de son infidèle époux. Cela dit, malgré leurs sautes d’humeur, les dieux gréco-romains me sont plus sympathiques que ces dieux tyranniques, misogynes et archaïques qui prétendent nous imposer des règles alimentaires, vestimentaires et se mêlent de notre vie amoureuse. Qu’ils se contentent de nous parler d’amour et de fraternité et ça ira mieux !
L’ami Gibus étudie la topographie pour déterminer le meilleur cheminement pour atteindre notre objectif et nous dévalons la pente comme de jeunes cabris (l’image est, pour moi, un peu flatteuse, je l’avoue !) impatients d’aller nous rafraîchir dans les eaux claires du Casselouvre.
Au début de notre périple nous prenons garde à ne pas nous enfoncer dans l’eau au dessus de la taille car notre pique-nique est dans le sac à dos qui n’est pas imperméable. Certes le rosé, lui, ne risque rien à l’abri de son bouchon, mais nous n’avons pas envie que nos sandwichs servent de nourriture aux truites qui abondent dans le torrent.
Tous les moyens sont bons pour éviter ce genre de mésaventure et je suis reconnaissant à cet arbre de me tendre son tronc secourable pour me tirer d’un mauvais pas.
Jo, qui est le plus petit de nous trois, préfère mettre son sac à dos sur son épaule, ce qui, toutefois, ne présente aucune protection contre une éventuelle glissade.
Le lit du torrent par endroit s’élargit, nous permettant de progresser sans avoir à marcher dans l’eau, ce qui nous permet de jeter un œil sur notre spectaculaire environnement. Et vous en avez l’exclusivité car à part les mouflons et les sangliers et quelques casse-cous comme nous, peu d’êtres doivent s’aventurer par ici.
Nous sommes en des lieux- qui sur notre planète se font de plus en plus rares - non affectés par les activités humaines et qui le resteront pour les millénaires à venir sauf si le réchauffement climatique tarit le Casselouvre, ce qui provoquerait la mort de l’abondante végétation à laquelle son eau donne vie.
Des drames s’y déroulent aussi en silence quand des libellules se font prendre dans le piège fatal d’une toile d’araignée. De ces drames là, on n'en parle jamais au J.T alors qu'on nous bassine les oreilles pendant des jours avec les états d’âme des joueurs du Paris Saint Germain, des mômes que l’on paye des millions pour frapper dans un ballon et qui n’arrêtent pas de se faire des croche-pieds et de se tirer le maillot.
Pour ce qui nous concerne nous avons d’autres préoccupations, en particulier les toboggans rocheux difficiles à aborder debout en raison de nos semelles glissantes. Jo et moi avons plutôt une technique basique pour les franchir….
Alors que l’ami Gibus les évite en empruntant la voie des airs. A chacun son style ! Je pense avec un brin de jalousie que mes lectrices ont leur préférence, mais je m’en tirerai en disant qu’il faut bien que quelqu’un prenne les photos !
En tous les cas, il y prend bien du plaisir et je tenais à vous le faire partager, car ici, vous le savez, on est entre amis et on est heureux de vous offrir de l’émotion par procuration.
D’autres dangers nous guettent venant du ciel, comme la chute d’un rocher ou d’un arbre, mais bon il faudrait vraiment être malchanceux pour passer à ce moment là.
Nous arrivons à un endroit où le lit du torrent devient tellement étroit que nous sommes obligés de passer à la nage mettant en péril notre pique-nique. Nous le mettons à l’abri dans un sac plastique en espérant que ce sera plus efficace que d’adresser une prière à Saint jacques, patron des randonneurs. D’autant qu’avec l’âge qu’il a il doit être sourd comme un pot.
Nous parvenons au bout de la vasque pour découvrir que l’eau se précipite un peu plus loin une dizaine de mètres en contrebas sans moyen de descendre avec la corde car rien ne permet de l’accrocher. Nous devons donc grimper sur la berge très pentue à cet endroit en espérant trouver une configuration de terrain qui nous permette de rejoindre le torrent en aval.
La découverte d’un humérus de randonneur, qui a probablement dû faire une chute en ces lieux, nous donne une poussée d’adrénaline.
Mais nous rejoignons sans encombre le lit du torrent au niveau d’une magnifique vasque qu’il a creusé dans la roche.
Nous profitons d’un replat pour y faire la pause pique-nique, nos sandwiches ayant été fort heureusement épargnés malgré leur immersion dans l’eau.
Revigorés Gibus nous fait une nouvelle démonstration de sa technique de franchissement d’obstacle ....
Nous n’avons pas d’autre choix de toute façon que de le suivre mais avec moins de dynamisme. Nous entrons dans l’eau à la façon « Bidochon » c’est à dire en y mettant d’abord les pieds, puis les jambes, puis le reste …(alouette, alouette !)
Mais il y a des moments où malgré toute son agilité l’ami Gibus, trahit par une roche glissante, doit se raccrocher aux branches…..Il y a eu plus de peur que de mal fort heureusement !
Et notre descente se poursuit ensuite sans encombre, avec le sentiment que nous sommes au paradis. Seule manque à notre bonheur la présence de naïades, mais s’il y en avait, nous ne serions pas sûrs de revenir et alors adieu Eldorad’OC !
Comme je subodore que mes lectrices ont frissonné à la vue des sauts de l’ami Gibus, je vous en offre un dernier, le plus spectaculaire sans doute. J’espère que vous serez aussi sensibles au talent du photographe. Non mais ! Allez on compte ensemble : et de un….
…et de deux ….
Et de trois ! Ouf ! il est passé pas loin du rocher mais c’était voulu pour pimenter la scène. C’est le prix à payer pour attirer l’attention aujourd’hui : toujours plus fort!
Nous admirons au passage le fantastique et magnifique travail d’érosion de l’eau qui a crée en ces lieux une sculpture qu’aurait admiré Michel Ange. Mais n’est ce pas en observant la nature et en voulant la recréer pour se l’approprier et devenir ainsi l’égal des dieux que les hommes ont inventé les arts.
Nous descendons un dernier goulet sous l’œil étonné d’une fleur qui s’est installée dans un endroit improbable et qui n’a sans doute jamais vu passer de tels êtres aquatiques.
Nous arrivons au terme de notre périple, un brin fourbus mais heureux comme des gosses qui ont fait l’école buissonnière et ont vu des choses que peu d’hommes ont vues, ces beautés méconnues du Languedoc que nous sommes heureux de vous faire découvrir.
Une fois n’est pas coutume, mais le bonheur étant, dit-on communicatif, je vous mets un gros plan de nos visages qui rayonnent de celui que nous avons pris à cette épopée. Voici tout d'abord celui de l'ami Gibus sans l'expertise duquel cette aventure n’aurait pas été possible. Voici ensuite Jo, grand avaleur de cols, mais qui a, pour une fois, délaissé sa "petite reine" pour nous accompagner. Et puis, me voici, votre humble serviteur, tricoteur de mots, fauteur d'images et qui vous remercie, fidèles lecteurs et fidèles lectrices, pour votre fidélité à nous suivre. Mais aussi bienvenue aux nouveaux qui découvrent ce lieu de partage et de fraternité.
PS: A la suite de cette aventure, Tom le petit fils de Gibus en voyant les photos lui a dit " Bon papi faudrait peut être que tu arrêtes de faire le mariole! La vérité sort de la bouche des enfants !
A la prochaine !
Texte & photos Ulysse
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Texte& Photos Ulysse
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