de Fozières à Soumont en passant par le prieuré de Grandmont
En ce début de printemps, à l’heure où nous partons, le soleil fait la «grass’mat» et laisse encore dans la pénombre le sentier que nous empruntons à partir de Fozières, charmant village niché au pied du plateau du Larzac. Ajoutant à notre inconfort, un vent frisquet accentue le mordant de l’air froid qui balaie notre sentier ombragé. Nous cheminons donc d’un bon pas pour tenter de nous réchauffer.
Si la randonnée est une activité bénéfique à notre santé, elle n’est pas sans risque y compris sur des sentiers à priori confortables où même des sénateurs cacochymes pourraient déambuler. En effet, comme les humains, les montagnes vieillissent et se désagrègent - phénomène accéléré par le réchauffement climatique - et il arrive que des pans de falaises s’écroulent sans crier gare. Bon, il est vrai que les montagnes ne parlent pas.
En conséquence, mieux vaut ne pas être là quand un éboulement se produit sous peine de finir sa rando sous forme de limande ou de steak haché. Vu notre âge nous ne pourrions même pas être consommés car notre date de péremption est largement dépassée.
Mais les risques auxquels on est exposé en rando, somme toute plutôt limités si l’on est un tant soit peu attentif et prudent, sont largement compensés par les bonheurs que cette activité procure. Il y a d’abord la douce ivresse que l’on éprouve à contempler les paysages.
Et puis, aux randonneurs attentifs, s’offre l’étonnante diversité de la nature, notamment dans le genre arboricole chez lequel, comme chez les humains, il n’y a pas deux sujets semblables. Admirons, en particulier, la beauté de cet arbre qui, allégé de sa frondaison, semble danser.
En outre, nombre d’arbres donnent des fruits qui sont autant d’ornements au bord des chemins. Non seulement ils réjouissent l’oeil mais ils sont parfois comestibles comme ces fruits de l’aubépine dénommés cénelles qui sont très appréciés des oiseaux. Ces cénelles sont astringentes et bonnes pour les maux de gorge et les palpitations cardiaques. Excellent donc pour calmer les coeurs des randonneurs et des amoureux! Notons que la dispersion des graines par les oiseaux après ingestion se dénomme «Zoochorie ».
Nous passons au large du magnifique prieuré de Grandmont que vous pouvez visiter ici en ma compagnie.
Par contre, ne vous laissez pas tenter par les fruits de cette hellébore qui porte le nom de «fétide» en raison de l'odeur repoussante quelle dégage quand on la touche. Le nom hellébore semble venir du terme «helebar» tiré d'un dialecte sémitique qui signifierait : remède contre la folie. De fait l’hellébore fétide était autrefois utilisée pour soigner les troubles psychiques, mais cette utilisation n’a plus cours en raison de sa toxicité qui peut entraîner la mort. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est aussi appelée: rose de serpent. Notons également que les graines sont transportées par les fourmis (myrmécochorie) ce qui fait que l’on retrouve des rejetons souvent à plusieurs mètres des plantes mères.
Et voici une merveille mise au point par la nature: une plume d’oiseau, invention géniale qui remonte à deux cent millions d’années quand les petits dinosaures évoluèrent vers les oiseaux. C’est une adaptation qui leur permit d’échapper à leurs prédateurs.
Et enfin, voici une étonnante démonstration de la vitalité du genre arboricole avec cet arbre dont la graine déposée au coeur d’un muret de pierres a vaillamment bataillé pour en émerger!
Nous arrivons à la table d’orientation qui domine le village de Soumont perché sur l’une des collines volcaniques des Brandous. Ce village doit sa prospérité passée à la proximité de carrières de baryte, de grès et de schistes ardoisiers ainsi qu’à la présence de châtaigneraies et de "genestières" utilisées pour la fabrication des toiles de genêts. Les vêtements d’autrefois étaient fabriqués localement et duraient maintes saisons pas comme ces chiffes chinoises merdiques de la «fast fashion» vendues sur internet. Acheter chinois c’est cautionner et perpétuer l’esclavage des ouïghours et autres peuples par l’empire du «Milieu», terme qui chez nous, au demeurant, désigne les malfrats.
Ce pauvre Jésus, dont les chrétiens perpétuent en tous lieux le calvaire, a ici la consolation de pouvoir admirer une magnifique paysage. Il m’a avoué être frustré quand vient l’été de ne pouvoir aller se baigner dans le lac du Salagou que l’on aperçoit au loin. Je lui ai promis que la prochaine fois que je randonnerai en ce lieu j’amènerai une tenaille pour lui enlever ses clous !
Et voici un superbe représentant du roi de nos forêts, un majestueux chêne qui a vu passer sous ses ramures une multitude de bipèdes à pied, à cheval ou en diligence, vêtus de haillons, de bure ou de soie, bottés ou va nus pieds.
Peut être verra-t-il un jour passer des robots quand l’IA aura rendu les humains superflus!
En attendant ce jour funeste, le descendant du cheval blanc d’Henri IV se repaît de l’herbe tendre du lieu.
A l’abri d’un enclos un agneau me regarde intrigué en train de le prendre en photo. Il ne sait pas, pauvre bougre, le sort funeste que lui réserve l’un de mes congénères qui en fera probablement pour Pâques des côtelettes.
Nous faisons un détour pour visiter le site d’escalade dit «Le prieuré » qui comporte environ trois cents passages, pour tous les goûts et tous les styles et tous les niveaux de difficulté. Avis aux amateurs!
En ce lieu, même les arbres se sentent une âme de grimpeur….Pour ce qui nous concerne nous préférons garder les pieds sur terre.
Nous longeons un bosquet d’arbres joliment décorés par des lianes de lierre que l’on considérait autrefois comme le «bourreau des arbres » En réalité le lierre ne fait chuter que les arbres déjà malades ou très affaiblis. C’est, de fait, un véritable allié pour les arbres. Il possède ses propres racines et se débrouille seul pour se nourrir et pour assurer sa croissance. Les deux plantes se rendent des services mutuels. L'arbre sert de support pour le lierre qui a besoin de trouver la lumière pour fleurir et le lierre protège l'arbre des intempéries (gel, chaleur) grâce à ses qualités d'isolant thermique. Les feuilles mortes du lierre forment également un compost de qualité, bon pour le sol et les arbres.
Il n’ y a pas que dans les rivières que les arbres peuvent se contempler. Ils peuvent aussi admirer leur silhouette quand le soleil en fin de journée projette leur ramure sur le sol environnant. Et l’on peut entendre alors une voix caverneuse nous dire« oh! toi qui passe en ce lieu dis moi : suis je le plus bel arbre de ce bois ?
Et nous voilà de retour à Fozières que domine la tour de son château du XIIème siècle, enrichis des mille et une beautés croisées au cours de notre journée. C’est fou comme l’on s’enrichit à mettre un pied devant l’autre et à recommencer.
Je vous invite à écouter ma chanson
Ta guitare manque à ma vie...
Sur mon blog Canta-laVida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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