Eldorad-Oc

Notre randonnée d‘aujourd’hui part du pittoresque hameau de Montredon situé au nord-est du Larzac. Ce village a été au coeur de la révolte des larzaciens contre le projet d’extension du camp militaire du Larzac, au cours des années 1970, auquel a renoncé le président Mitterrand. Il compte aujourd’hui huit foyers permanents, une roulotte de vacances, un studio locatif et, pour les randonneurs itinérants, un gite d'étapes de 15 places utilisable en gestion libre ou avec le service restauration. Deux fermes, en bio, utilisent les terres labourables et les parcours alentours. L'une produit des veaux et des bœufs de race Aubrac. L'autre du lait de brebis qui est transformé sur place en tommes et en yaourts. Ces paysans prouvent qu’il y a une alternative à l’agriculture industrielle destructrice de l’environnement défendue par la F.N.S.E.A.

Nous suivons, au départ, le GR71D en direction du lieu dit «les Contrats», accompagnés par un chien du village qui semble heureux de partir en vadrouille. Quel bonheur d’entamer un nouveau jour de notre vie en marchant d’un bon pas sur un sentier qui nous mène à travers un paysage lumineux et serein.

Les voyageurs pressés qui descendent du nord vers la Méditerranée en empruntant l’autoroute A75 qui traverse le Larzac en ont une image tronquée car ils ne voient alors que des zones quasi désertiques plates et rocailleuses. Mais cette région a une diversité de paysages insoupçonnée et comporte de vastes forêts de conifères ainsi que des canyons.

Il est vrai que l’eau y est précieuse car le sol calcaire absorbe celle qui tombe du ciel. C’est pourquoi les larzaciens équipent leurs habitations de dispositifs qui leur permettent de conserver l’eau pluviale dans des citernes.

Ayant bifurqué vers la ferme des Homs après avoir du quitter provisoirement le GR qui traverse un enclos gardé par un patou vraiment patibulaire  - on dit que le loup serait de retour sur le causse - nous avons, pour horizon, un alignement de monts qui dominent le canyon de la Dourbie et font partie du Causse Noir ainsi nommé car il est principalement recouvert de forêts de conifères.

Remontant vers le nord en empruntant une variante du GR 71D, nous arrivons en vue du village de St Sauveur où exerce Martine Geoffroy, céramiste professionnelle qui s'est spécialisée dans la création de pots en grès pour les bonsaï sous la marque "Nendosei" ce qui signifie en japonais "esprit d'argile" ou "fabriqué en argile ». Le Larzac est une terre pionnière pour un retour vers un monde où revivent les métiers traditionnels et une approche plus frugale et naturelle de notre relation au monde.

Les toits des maisons caussenardes sont recouverts de lauzes, ces «tuiles» de pierre gracieusement offertes par notre planète. De fait, construire une maison en ce lieu coûte plus en courage qu’en argent !

Remontant vers le lieu dit «Les Mares » notre sentier longe des prairies qui surplombent le vertigineux canyon de la Dourbie. 

L’ancienneté du sentier que nous empruntons se voit à la mousse qui recouvre les murets de pierre qui le bordent et aussi aux arbres qui y poussent en plein milieu.

En ce début de printemps, la végétation est à son acmé avant que le soleil brûlant de l’été ne la dessèche. Quel apaisement et sérénité nous gagnent à la contempler!

Après un pique-nique pris au lieu dit des «Mares» où notre longue sieste finit par lasser notre compagnon canin qui prend la poudre d’escampette, nous redescendons vers Montredon en empruntant un sentier qui longe le chaos rocheux des Anouts.

Mais la beauté n’est pas que dans le paysage, elle est aussi à nos pieds où nous découvrons de gracieuses anémones pulsatilles aux tiges veloutées. Leur coeur orné d’un pompon jaune coiffé d’une minuscule houppe rose est d’une grâce extraordinaire. Mais prenez garde à la belle car elle est toxique et irritante. En outre, elle adore le soleil et se ferme à la moindre goutte de pluie.

Par chance un papillon «citron» (c’est son nom), l’un des premiers à prendre son envol au printemps, vient se poser sur une anémone, créant un spectacle chromatique du plus bel effet!

Nous approchons du chaos rocheux du Bartas que nous avons prévu d’explorer. Un garde au nez aplati semble en défendre l’accès.

Mais nous n’en avons cure sachant qu’il est condamné à garder son poste et nous nous engageons au coeur du chaos.

Les oeuvres de pierre créées par le vent, le soleil, la pluie et le gel sont étonnantes.

Combien d’années a-t-il fallu pour sculpter ainsi ces roches, sachant qu’il faut un siècle pour dissoudre un centimètre de roche calcaire?

Et combien de temps faudra-t-il avant qu’elles ne s’effondrent? Ce qui est certain c’est que je serai redevenu poussière avant !

Ici, j’imagine voir un poing vengeur de notre planète Gaia dressé vers le ciel  et qui semble nous dire: «  Gare à vous si vous continuez à me manquer de respect ! »

En attendant, la contemplation de ce lieu sauvage, où nous sommes seuls, nous procure le bonheur qu’éprouvent les explorateurs découvrant un lieu inconnu.

Revenus aux abords du village de Montredon, nous croisons un curieux personnage au faciès plutôt grincheux qui nous interpelle: «Bon, n’allez pas nous faire de la pub, on ne veut pas voir débarquer des hordes de touristes ici». Je le rassure en lui disant que mon blog est plutôt confidentiel et n’est lu que par des gens sachant respecter la tranquillité d’autrui.

Je vous invite à écouter ma chanson

Je hais la douceur des îles

sur mon blog Canta-la-Vida

(lien dans la barre de titre)

TEXTE & PHOTOS ULYSSE