Eldorad-Oc

Ma région - le Languedoc - offre une telle variété de paysages qu’à chaque fois que j’y fais une randonnée j’ai l’impression de partir en voyage. Et la randonnée du jour, sur ce point, ne m’a pas déçu! Nous partons du chaos rocheux du Rajal del Gorp dont le nom occitan signifie «le jaillissement du corbeau». A vrai dire nous n’y avons jamais vu de corbeau mais il est vrai aussi que nous ne voyons plus beaucoup d’animaux sauvages nulle part car les quelques survivants qui ont échappé au carnage des adeptes de Nimrod (que l'on écrit aussi Nemrod) et aux poisons déversés par l’agro-industrie se terrent quand ils voient des humains !

Nous franchissons l’arche creusée par les intempéries dans la muraille de pierre qui borde le site comme si nous franchissions la porte d’un royaume inconnu. Ah ! Ce doux parfum de l’aventure qui fait frémir nos âmes !

A peine l’arche traversée, nous tombons sur un parterre d’anémones pulsatilles, dénommées aussi anémones de Pâques. 

C’est une vivace qui adore les sols pierreux et drainés et vierges de tout pesticide, ce qui fait qu’elle est devenue rare. Ses tiges, ses fleurs et son feuillage très finement découpé sont couverts d'une douce pubescence argentée. C’est d’ailleurs à ces aigrettes plumeuses sensibles au vent que l’anémone pulsatille doit son nom : “Anémone” provenant du grec “anemos”, qui veut dire le vent et “Pulsatilla” étant dérivé du verbe pulsare, qui signifie battre en Latin.

On ne peut être qu’émerveillé devant cette création de la nature qui nous amène à penser que sa beauté n’est pas due au hasard et que l’univers a un sens que l’on découvrira quand nos atomes seront retournés dans le grand bal atomique de l’univers.

En attendant, émerveillons nous, gavons nous de cette beauté, baume irremplaçable pour soigner les inquiétudes que le comportement de quelques débiles fous furieux suscite dans le monde.

Un rugissement soudain nous tire de notre béatitude et levant la tête nous découvrons la présence d’un lion qui se révèle toutefois être aussi inoffensif que celui de la Métro Goldwyn Mayer.

Nous traversons le site dont les dents de pierre ressemblent à d’anciennes tours en ruine.

Quittant le site en direction du sud, nous accédons au plateau des Coudines où nous allons cheminer à la boussole vu l’absence de sentier.

Sur ce vaste plateau balayé par les vents émerge ici et là un rocher dont la forme de champignon que lui a donnée l’érosion étonne. On se demande si la pluie, le vent, le gel, le soleil n’ont pas délibérément créé cette forme. Les anciens grecs et romains qui pensaient que les dieux étaient maîtres des éléments étaient sans doute dans le vrai !

Nous profitons des passages aménagés par les paysans pour leur permettre l’accès à leur parcelles où viennent paître de temps à autre des troupeaux d’ovins.

Nous approchons d’un rocher posté à l’avant garde du chaos rocheux du Rouquet Blanc.

Il était tentant pour l'amateur de photographies que je suis de créer une ombre chinoise sur le ciel bleu et j’avoue sans fausse modestie que je suis assez content du résultat.

Arrivant au chaos rocheux du Rouquet Blanc, nous sommes témoins d’une scène attendrissante. On dit des gens sans pitié qu’ils ont un coeur de pierre, comme si les pierres n’éprouvaient pas de sentiment et pourtant celles et ceux qui, comme moi, sont atteints de paréidolie, verront sans doute deux rochers à tête humaine sur le point de s’embrasser !

Nous grimpons sur un promontoire rocheux d’où l’on découvre à 360° la steppe larzacienne qui n’a rien à envier à celles de l’Asie centrale.

Rien que pour le plaisir de jouer aux aventuriers, nous traversons une autre arche de pierre…

…que nous aurions pu contourner. Vu de ce coté l'amas rocheux ressemble à deux mastodontes en train de s'affronter ! Plus belle la vie quand on est atteint de paréidolie ! 

Nous nous dirigeons, ensuite,  vers trois énormes soupières que des géants ont abandonnées sur le Larzac.

De là nous jouissons d’une vue générale sur le chaos rocheux.

Nous poursuivons plein sud en vue de rejoindre le GR71D qui nous mènera à la mare du Jonquet où est installée une aire de pique-nique. Nous sommes enivrés par l’odeur herbacée et agreste de la pelouse larzacienne qui revit sous la douce chaleur printanière.

La prairie est parsemée de cardabelles ou carlines à feuilles d’acanthe Cette plante, remarquablement adaptée au Larzac avec ses épines qui la défendent des moutons, pousse uniquement au ras du sol. On l’appelle également le baromètre du berger. En effet, quand le cœur de la fleur se referme, elle prédit l’arrivée imminente d’un temps humide. Un signe auquel les bergers sont attentifs car, sur les plateaux des causses, les abris sont rares et être pris dans un orage peut se révéler périlleux. Une fois la fleur séchée et suspendue à la porte des bergeries, elle garde cette faculté. Autrefois, on utilisait les feuilles piquantes de la cardabelle pour carder (peigner, démêler) la laine, et son cœur au goût d’artichaut se mangeait.

Après avoir pique-niqué, nous reprenons le GR 71D en direction du Nord et nous longeons un enclos où paît un troupeau de moutons accompagnés de quelques chèvres. Celles-ci n’étant pas farouches par nature - n’oublions pas que l’une de leurs ancêtres a affronté le loup - ne s‘éloignent pas à notre approche, ce qui enhardit les moutons habituellement prompts à décamper à la vue d’un humain. 

Nous quittons quelques instants le GR pour aller admirer au milieu d’un champ l’impressionnant dolmen du Jonquet et sa «table» de 20 tonnes! Impressionnants d‘ingéniosité étaient nos ancêtres qui avec des moyens rudimentaires ont pu installer cette dalle sur ses supports. Certes la potion magique des druides a dû aider mais quand même !

Dans un buisson d’aubépine qui borde le chemin nous assistons à une scène très «printanière» d’une abeille charpentière butinant le nectar des fleurs pendant qu’une autre, de sexe mâle sans aucun doute, la lutine! Son nom dérivé du grec signifie «coupeur de bois». Il provient de sa tendance à creuser le bois mort pour pondre ses œufs et construire son nid. Son miel est très prisé pour son goût sucré, sa douceur et sa saveur. 

Nous descendons du plateau des Coudines et le Larzac déroule devant nos yeux éblouis sa mosaïque de paysages. La routine de nos vies fait que l’on ne prête généralement pas attention au temps qui passe. Mais en randonnée chaque pas est un instant de vie particulier, plus intense, car notre regard est sans cesse aux aguets et se repaît du paysage qui insensiblement change.

Nous voici de retour au  Rajal del Gorp que nous abordons par le flanc Ouest.

Nous passons entre des êtres étranges, nés du caprice des éléments qui les ont forgés en quelques millions d'années. Ils n'auront perdu que quelques poussières de pierre le temps de notre vie et les randonneurs qui passeront en ces lieux dans quelques siècles les verront quasiment inchangés alors que la civilisation humaine si elle ne s'est pas auto-détruite aura considérablement évolué. 

Un parapentiste nous survole peut être un peu inquiet quant au lieu de son atterrissage.

Nous évoluons éberlués comme Alice au pays des merveilles cherchant notre chemin dans ce vaste échiquier de pierres. 

Qu’il est doux le parfum de l’aventure qui naît d’errer ainsi au hasard.

Mais ce bonheur prend fin et ayant rejoint notre monture nos contemplons une dernière fois, à contre jour, ce lieu étonnant peuplé d'êtres de pierre fantasmagoriques.

***

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" Une aventure à la recherche du trésor des Templiers"

Je vous invite a écouter ma chanson "printanière"

Rock me bébé !

sur mon blog Canta-la-Vida

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TEXTE & PHOTOS ULYSSE