En raquettes dans le Queyras : vers Clapeyto, le paradis blanc !
Mes lectrices et lecteurs sont en âge de se souvenir de la très belle chanson de Michel Berger dans laquelle il veut fuir la pollution des villes et «se réfugier au paradis blanc où l’air est si pur que l’on se baigne dedans en jouant avec le vent». Et bien, ce paradis blanc existe en France dans le vallon de Clapeyto et je propose de vous y emmener. Nous partons alors qu’Aton enflamme le haut des cimes tandis que la vallée est encore plongée dans l’ombre sous un épais matelas de nuages.
Pour nous mettre en jambes, nous remontons une longue piste quasi plane qui traverse le bien nommé "Pré des Vaches" mais qui pour l'heure sont encore au bien au chaud à l'étable. Nous ne les envions pas car le soleil est radieux et l'environnement magnifique et nous avons notre ration de "foin" dans nos sacs à dos !
Après une longue côte nous parvenons au "Pré Premier", idéal lieu d’estive où émergent, de l’épaisse couche de neige, de modestes chalets. Les montagnes qui les surplombent semblent intangibles et éternelles et pourtant les intempéries en viennent à bout et les réduisent en grains de sable qui achèvent leur transhumance au bord des océans. Ainsi, quand nous nous faisons dorer la pilule au bord de la mer, nous sommes couchés sur d’anciens sommets !
Mais pour l'heure, les montagnes sont encore bien présentes et la pente se fait plus raide. Nous avançons sans mot dire, subjugués par la beauté des lieux et seul le crissement ouaté de nos raquettes sur la neige poudreuse trouble le silence qui y règne.
Notre cheminons en balcon et chacun veille à ne pas quitter la trace sous peine de finir en grosse boule de neige quelques dizaines de mètres en contrebas.
Nous abordons l’alpage de l’Eychallion dont les pentes les moins exposées aux avalanches sont colonisées par les mélèzes, seuls conifères à perdre intégralement leurs aiguilles l’hiver. A l’automne avant de tomber, elles se parent d’or offrant alors un magnifique spectacle.
Nous traversons l’alpage en direction des chalets de Clapeyto situés un peu plus haut. La couche de neige poudreuse est impressionnante mais la répartition de notre poids par les raquettes fait que l'on "flotte" à sa surface malgré sa très faible densité: dix centimètres de neige représente un millimètre de pluie !
Il est grisant de marcher dans cet environnement immaculé, vierge de toute pollution humaine et fondamentalement hostile et risqué pour celui qui s’y aventure sans être adéquatement équipé. Malheur à celui qui s’égare ! Il est bon pour finir chez Findus ou Picard !
Nous arrivons en vue des chalets de Clapeyto où notre guide a prévu de pique-niquer. Nous nous dirigeons vers l’un d’entre eux pour nous y mettre à l’abri du vent glacial qui commence à souffler. A ce moment là nous envions les vaches et aimerions trouver une étable !
En approchant de notre lieu de pique-nique nous délogeons un choucas qui avait dû y trouver de quoi ses sustenter, sans doute un morceau de pain ou un bout de gras de jambon laissé par de précédents randonneurs.
Nous installant le long du chalet, nous découvrons sur la neige une mystérieuse et magnifique empreinte que notre guide François identifie comme celle laissée par le choucas lors de son envol.
Le pique-nique terminé, histoire de se réchauffer, nous partons à l’assaut du promontoire qui domine l’alpage. Nos organismes sont à la peine car ils doivent à la fois fournir l’énergie pour marcher et pour digérer! Et le Génépi qui a clôt le repas n’arrange rien à l’affaire !
Le guide fait des zig-zags non pas sous l'effet du Génépi mais pour ménager nos efforts tandis que nous courbons l’échine pour fendre le vent glacial. En montagne le chemin le plus court n’est pas le plus rapide !
Mais la couche nuageuse se déchire et se transforme en montagne de crème chantilly qui laisse passer le soleil. Nous abordons la descente sur un vaste champ de neige vierge où le guide nous permet de nous égailler pour cavacader à notre aise. Nous sommes vraiment au paradis blanc !
Nous retrouvons notre âme d’enfant ainsi que la position que nous affectionnions lors de notre prime enfance pour descendre les pentes neigeuses. Nous avons certes le cul froid mais le coeur chaud !
Puis l’heure tournant, nous reprenons, disciplinés, notre cheminement à la queue leu leu, laissant une trace que le vent, le soleil ou la prochaine chute de neige aura tôt fait d’effacer. Mais n’en est-il pas ainsi de nos vies ?
Nous passons par le Collet dominé par une serre rocheuse déneigée par le vent où les habitants du lieu nous observent, heureux de voir les bipèdes retourner dans la vallée. Ils vont enfin pouvoir vaquer à leurs occupations sans être dérangés !
Nous redescendons vers le Pré des Vaches alors que le soleil met le feu à la forêt de mélèzes.
Quand nous arrivons à notre chalet, ses derniers rayons transforment les nuages accrochés sur les sommets en barbe à papa à l’orange !
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Canta-la-Vida
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Aime moi...
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Texte & Photos Ulysse
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