En route pour la Chaise Dieu
Voyager en France c’est aussi voyager dans le temps. Chaque village possède une église ou une chapelle, témoignage des siècles passés. Aujourd’hui nous allons remonter au XIème siècle en allant visiter l’abbatiale de Saint Robert à la Chaise Dieu qui porte le nom de celui qui la fit édifier. Elle fut ensuite agrandie et modifiée au XIVème siècle par Clément VI, pape à Avignon, qui fut d’abord moine dans les lieux.
Une partie du cloître a été détruite lors des guerres de religion qui virent s’affronter des hommes qui se réclamaient du même dieu miséricordieux ! Oh! Dieu, combien de crimes et de saccages sont commis en ton nom !
Si la foi peut conduire aux pires crimes, elle produit aussi des merveilles architecturales et soulèvent des montagnes de pierres pour les faire tenir en d’élégantes voutes.
Alors que l’architecture romane invite au recueillement et à l’humilité, le style gothique, lui, défie les lois de la pesanteur et fait entrer la lumière dans les églises, affirmation orgueilleuse du génie de l’homme qui prétend célébrer son créateur mais, de fait, semble aussi le défier.
L’abbatiale comporte un magnifique orgue du XVIIème siècle, dont le buffet est orné d’angelots musiciens, qui a été saccagé pendant la révolution bien que l’on dise que la musique adoucit les moeurs. Il a été restauré à la fin du XXème siècle.
L'abbatiale a conservé, ce qui est rare, son jubé, portail intérieur surmonté d’une plate-forme, destiné à séparer le choeur liturgique, où officie le clergé, de la foule des fidèles. Ainsi les fidèles, au cours des siècles passés, ne suivaient la messe que grâce aux chants, à la musique qu’ils entendaient et grâce au clerc monté au jubé. Ce dispositif entendait ainsi préserver le mystère de la messe, manifestation de la volonté d’emprise de l’église sur les âmes des croyants. Après le jubé on trouve 144 stalles en chêne sculpté destinées au clergé au milieu desquelles trône le tombeau en marbre noir du pape Clément VI sur lequel est étendu son gisant en marbre blanc.
Le pape est coiffé de la tiare pontificale en vigueur jusqu’à Paul VI et ses pieds reposent sur deux lions, symbole de son autorité.
Chaque année à la fin du mois d'août, se déroule le Festival de Musique de la Chaise Dieu fondé en 1966 par le grand pianiste Georges Cziffra et consacré à la musique sacrée.
Sur les murs de l’une des galeries sont peints trois panneaux représentant une danse macabre. Il faut dire qu’au XVème siècle la mort était omniprésente du fait de la guerre de cent ans et de la peste qui ont réduit le population de moitié entre 1350 et 1450. Le thème de la danse macabre, vise à montrer l’égalité de tous devant la mort et son inexorabilité. Il est illustré par des personnages squelettiques entraînant vers la mort des vivants, puissants de ce monde ou hommes du peuple, religieux ou laïcs.
Une vidéo fort bien imagée illustre le fléau que furent les pestes qui ravagèrent de nombreux pays au moyen âge.
Ces scènes qui nous invitent à nous rappeler que, puissants ou misérables, nous sommes tous mortels n'ont hélas aucune influence sur les sinistres crétins qui au nom de pseudos menaces foireuses sèment l'apocalypse dans un pays voisin.
Dans le bâtiment conventuel du XVIIème siècle est exposé un autre chef d’oeuvre: douze tapisseries flamandes illustrant des scènes religieuses qui vont de l’Annonciation au jugement dernier.
Au centre de celle-ci on peut voir les rois mages apportant leurs présents à Jésus
Celle-ci représente un fait relaté par Matthieu dans son évangile selon lequel le roi Hérode ayant appris la naissance de Jésus ordonna le massacre de tous les enfants de Béthléem de moins de deux ans car il voyait en Jésus un rival potentiel.
Ici le roi Salomon s’apprête à faire couper en deux un nouveau né que deux mères se disputent, stratagème qui lui permet de reconnaître la véritable mère qui se résout à renoncer à sa prétention et à laquelle il remet l’enfant.
Ici on découvre la résurrection de Lazarre par Jésus.
Sur celle ci est représentée la Cène, moment où Jésus partage son dernier repas avec ses apôtres et au cours duquel il fit du vin une boisson spirituelle ! Qu’il en soit loué : Alleluia !
Ici on voit Ponce Pilate se laver les mains du sort réservé à Jésus.
Celle-ci illustre la découverte par Marie Madeleine et la Vierge, en compagnie de deux anges, du tombeau vide du Christ après sa crucifixion.
Et sur celle-ci, sans doute l’une des plus émouvante, on voit Marie Madeleine qui est revenue une nouvelle fois seule vers le tombeau vide qui reconnait le Christ ressuscité après l’avoir pris pour le jardinier! Jésus la charge d’annoncer la nouvelle de sa résurrection. Troublante vous ne trouvez pas cette relation très intime entre Jésus et Marie madeleine ! Il y a comme l’on dit «anguille sous roche» et après tout c’est bien normal car c’étaient deux beaux jeunes gens normalement constitués !
Ici on voit l’incorrigible sceptique Saint Thomas qui touche la plaie du Christ pour vérifier que c’est bien lui qui a ressuscité !
La plus impressionnante est sans doute celle qui représente le jugement dernier avec à gauche les élus qui montent au paradis et à droite ceux condamnés à chuter dans les flammes de l’enfer ! Il est encore temps de confesser vos fautes et de dire trois Ave et deux Pater Noster !
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