Périple en Espagne du Nord-Est - 5 - Saragoza
Après avoir désensablé nos « portugaises » de la poussière collectée dans les Bardenas, nous prenons de bon matin la route en direction de Zaragoza (Saragosse) la capitale de l’Aragon. Nous traversons une zone de collines coiffées de dizaines d’éoliennes, immenses échassiers brassant l’air de leurs ailes. L’Espagne est le troisième producteur d’énergie éolienne en Europe, ce qui couvre 20% de sa consommation. C’est un moyen de production d’énergie très controversé en France mais, pour ma part, tant qu’elles sont installées dans des lieux sans intérêt touristique, elles ne me posent pas de problème. Et puis si on veut des smartphones, des tablettes, des télés, des voitures électriques, mais pas de centrales nucléaires et au charbon,faut bien que "le jus" vienne de quelque part.
Nous arrivons à Saragoza (Saragosse), ville bimillénaire où romains, arabes, juifs et chrétiens – qui y ont vécu, pour ces derniers, quelques siècles en bonne entente - ont laissé leur empreinte dans les rues de la ville. La basilique de la Vierge du Pilier, dont les tours et coupoles dominent l’Ebre qui baigne la ville, impressionne le voyageur qui y arrive.
Elle a commencé à être édifiée au XVIIème siècle mais les travaux de construction ne se sont achevés qu’en 1961 ! Sa décoration intérieure extrêmement riche et hétéroclite,qui fait penser à un palais impérial, n’est guère propice à la spiritualité. Mais pendant longtemps l’Eglise a privilégié l’expression de sa puissance plutôt que de mettre en valeur l’humilité et le vœu de pauvreté de son « fondateur ».
Témoin de la déchéance des nobles qui se pavanaient autrefois dans cette maison de Dieu, un marquis fait « la manche » à la sortie de l’église, illustrant une parole de Jésus : les premiers seront les derniers !
Je suis également témoin d’une autre scène plus touchante : de très jeunes enfants sont attirés par une fontaine représentant d’autres enfants tenant des poissons d’où l’eau jaillit.
Quel bonheur de regarder cette jolie petite fille jouir de l’eau fraîche qui coule entre ses mains. C’est l’émerveillement de l’enfance qui découvre le monde. On imagine ses pensées : « C’est rigolo ce truc transparent qui coule et rafraîchit mes mains ! » Moi, qui ai gardé mon âme d’enfant, j’ai le même émerveillement quand un verre de rosé coule dans mon gosier !
Nous pénétrons dans la ville dont une grande partie des artères ont été rendues aux piétons. C’est ainsi que devraient être toutes les villes, n’en déplaisent à ceux qui viennent, comme je le vois dans mon village, acheter leur pain et leurs cigarettes en 4X4 !
Je vous ai déjà dit que les espagnols étaient des gens chaleureux et festifs. En témoigne ce landau à la décoration très ludique.
De même trouve-t-on dans de nombreuses vitrines des répliques miniatures de ces figurines géantes caricaturales qui défilent lors des évènements festifs (voir mon article précédent)
Nombreux aussi sont les cafés dans les villes ibériques, lieux de rencontre très fréquentés quand vient le soir.
Témoin de l’occupation romaine, on croise dans les rues de jeunes éphèbes quasi nus mais qui je le crains, chères lectrices, resteraient insensibles à votre charme.
Dans les antiques boutiques de souvenirs, on trouve immanquablement l’un des symboles de la culture espagnole : l’éventail. Avec le réchauffement climatique, cet instrument va probablement connaître une diffusion mondiale ! Bon, ceci dit, le jour où l’on verra un esquimau avec un éventail, les humains fileront un mauvais coton !
Si vous n’êtes pas un ami du Comte de Morata, mieux vaut ne pas tenter de pénétrer dans son palais dont les gardes ne sont pas des plus amènes.
Mais l’heure tourne et vient l’heureux moment de « l’almuerzo », où nous régalons nos papilles de délices culinaires espagnols. L'art peut être aussi dans les assiettes !
…accompagnés d’un délicieux Cariñena (AOC) bu, bien évidemment, avec notre chère amie Modération, qui comme son nom l’indique boit très modérément.
Nous reprenons notre visite de la ville en nous dirigeant vers le Palacio de la Aljaferia, palais arabe devenu après la « reconquista » palais chrétien et des rois catholiques, puis siège du parlement de la communauté autonome d’Aragon.
Il fut édifié au XIème siècle par Abu yafar, deuxième roi de la Dynastie des Banu-Hud pour ses loisirs personnels. On peut dire, dans ce cas, que c'est vraiment un "Abu" de pouvoir, mais des caprices égotiques de nos souverains sont nés des joyaux – très chers payés par les citoyens de l’époque - qui font aujourd’hui notre admiration ! Contradiction de l’âme humaine !
Derrière les remparts massifs, on découvre un intérieur d’une grande élégance, évoquant les palais maures d’Andalousie.
Le patio intérieur est bordé de portiques décorés de fins entrelacs et de chapiteaux ciselés.
L’art islamique est non figuratif et basé sur la répétition de formes géométriques. Peut être est ce dû à l’intuition qu’avaient ses bâtisseurs que l’univers est régi par des formules mathématiques. E = MC2 !
Deux allées d’orangers apportent une notre de fraîcheur à l’ensemble. Cet élément végétal est fondamental pour une culture née dans le désert d’Arabie.
Quand les rois chrétiens ont pris possession du palais en 1492 après la conquête de grenade, dernier bastion musulman, ils ont édifié des salles au dessus du palais arabe, dont la salle du trône ornée d’un somptueux plafond de style « artesonados ».
La finesse et la richesse de la décoration n’ont rien à envier aux plus belles œuvres de l’Islam.
Nous clôturons notre parcours culturel de Saragosse en compagnie de San Miguel autre emblème incontournable de l’Espagne.
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma chanson " Danse"
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Texte & Photos Ulysse
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