Allons «au charbon» dans les monts d’Estréchoux !
En ce mardi matin du 12 décembre dernier, bien que libérés depuis longtemps de toute obligation professionnelle, nous décidons d’aller «au charbon»….. en allant explorer les monts qui dominent le village d’Estrèchoux. Ce n’est pas une tâche désagréable, loin de là, mais elle implique de se payer quelques belles grimpettes qui mènent à d’anciennes mines de charbon! Et oui, les mines de charbon n’étaient pas cantonnées au nord de la France mais ont été exploitées également dans le sud et notamment en Hérault jusqu’à la fin des années quatre-vingt du siècle passé. La seule différence avec les mines nordiques est qu’il n’y avait pas de corons!
Ici l’automne tarde à tirer sa révérence et les arbres arborent encore leur toison multicolore. Pour ma part je suis aussi à l’automne de ma vie et ma toison est depuis longtemps tombée !
Nous passons devant un mas abandonné où un visage en poterie raconte, dit-on, les nuits de pleine lune, l’histoire de la maisonnée. Etant plutôt du genre sceptique et ne croyant plus au père Noël, je n’irai pas me priver - quitte à vous décevoir - d’une nuit de sommeil pour venir le vérifier.
Nous prenons de l’altitude et notre sentier nous offre de belles vues sur les plus hauts sommets des Monts d’Orb dont le mont Agut que nous avons gravi maintes fois. Les plus courageux d’entre vous peuvent en refaire l’ascension ICI
Nous parvenons sur un plateau dont le sol est parsemé de blocs de charbons et où était exploitée la mine à ciel ouvert dénommée «Simon ». Dans ces mines, le sort des mineurs était moins rude que celui de ceux qui creusaient dans les galeries où ils étaient exposés au risque du grisou.
La végétation peine à coloniser le site de l’ancienne mine et les arbres dépouillés de leurs feuilles ressemblent à une assemblée de fantômes.
En atteignant une large piste accessible aux 4X4 un spectacle affligeant nous attend que l’on constatera sur plusieurs kilomètres: les arbres et la végétation bordant la piste ont été élagués avec des appareils à lames rotatives qui massacrent la végétation au lieu de faire des coupes franches ce qui, outre le désolant spectacle que cette technique engendre, les fragilise. Certains vignerons de ma commune agissent de même avec les haies qui bordent leurs vignes. A une époque où il devient impératif de protéger la nature cette pratique est un vrai scandale et les auteurs des cancrelats !
Quand on contemple la beauté du monde végétal grâce auquel la vie a pu prospérer sur Terre on a du mal à comprendre l’attitude de ces goujats forestiers !
Ayant basculé sur le versant sud, nous sommes face à une «carte postale» : un petit village que domine le clocher d’une église, l’un des 37.000 coeurs que comporte notre pays. Cette vision me rappelle ces vers du célèbrissime poème de Du Bellay :
……
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
…….
A peine deux kilomètres plus loin, nous arrivons en vue du village Les Nières dont les habitations sont judicieusement étagées sur le flanc sud de la montagne.
Le village est désert quand nous y arrivons…..
….mais serions nous venus un siècle plus tôt, nous l’aurions trouvé foisonnant de vies et d’activités. En effet ce village était réputé pour ses fabricants de sonnailles pour les troupeaux que l’on appelait alors sonnettes - qui étaient vendues dans tout le sud de la France et en Espagne - et de clous pour les charpentes, la menuiserie, la cordonnerie, la maréchalerie (les fers à cheval) ou encore, pour la fabrication de roues de charrettes etc, la disponibilité du charbon et du fer - extrait également dans la région - permettant d’alimenter les forges.
Cette activité a perduré jusqu’en 1988 date à laquelle l’exploitation des mines de charbon a cessé.
Les conditions de vie étaient certes plus spartiates qu’aujourd’hui mais chacun avait un métier qu’il exerçait quasiment sur place. Par ailleurs les châtaignes que l’on cueillait dans les forêts environnantes et que l’on rôtissait dans ces fours rotatifs constituaient la base de l’alimentation. Sans vouloir idéaliser leur condition, il y avait des gens plus malheureux sur Terre !
Poursuivant notre chemin vers l’Est, nous admirons le saisissant contraste entre les montagnes arborées et celles quasi dénudées recouvertes d’un tapis de bruyère. L’Hérault, du fait de la grande diversité de ses sols et de son relief est aussi d’une grande diversité botanique, hélas menacée par le réchauffement climatique.
Nous abordons un passage délicat: le déversoir de l’ancienne mine de Pradinas que, randonneurs aguerris, nous franchissons sans encombre.
Nous arrivons à une chapelle dédiée à Saint Laurent, ce saint étant l’un des martyrs des débuts du christianisme, condamné à être brûlé vif sur un gril en l’an 258. C’est effectivement dur de finir comme une châtaigne!
Ces arches qui défient le temps seront bientôt le seul témoignage d’un temps où les humains croyaient en un dieu créateur tout puissant et miséricordieux. Quand on constate l'état du monde et que l'on voit le nombre de malades mentaux qui dirigent des pays on se dit,, comme les cathares le pensaient, que le monde est plutôt l'oeuvre du diable !
Alors que notre région est la seule a encore souffrir de la sécheresse, nous découvrons, avec surprise, un lac dont pas une ride n’effleure les eaux et où, comme dans un miroir, se mire la végétation environnante.
Nous basculons vers la vallée du départ où s’étend la ville de Graissessac ancienne « capitale » du charbon de l’Hérault.
On découvre dans les monts environnants les veines de charbon qui ont été exploitées jusqu’à la fin du XXème siècle, témoignage géologique de bassins sédimentaires ayant connu un climat chaud et humide.
Il subsiste de la période «charbonnière» un patrimoine monumental qui témoigne d’un temps où notre pays était un grand pays industriel et l’air irrespirable. Aujourd’hui nous avons délocalisé nos industries et notre pollution! On n’a plus d'industrie mais de l’air à peu près pur.
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Je vous invite à écouter ma chanson
MIRAGES
Sur mon blog Canta-laVida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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