Heureux, comme des enfants, dans la tourmente !
Lorsque l’on est enfant, la météo n’a pas d’importance, il fait toujours beau en vacances, même s’il pleut ! Car l’imaginaire de l’enfant l’emporte sur ce qu’il vit, les flaques que crée la pluie sont des petits lacs où l’on va patauger, la neige est l’occasion de faire des batailles et des bonhommes de neige ou du toboggan ! Le sens du jeu fait oublier le froid. Mais plus on vieillit, plus le monde perd de sa magie, la pluie mouille, la neige gèle les pieds et les mains et salit les chaussures. Pour rester jeune d’esprit, il faut donc retrouver son âme d’enfant et jouir du temps qu’il fait, quel qu’il soit. C’est pourquoi, ce matin où il s’est mis à intensément neiger, incité par François notre guide sans peur et sans reproche, nous n’avons pas hésité une seconde à faire, comme prévu, notre virée en raquettes.
Il est vrai que la dynamique de groupe aide les plus timorés à se décider à affronter les intempéries. Les « hésitants » sont poussés par l’ardeur des plus volontaires. Et puis nous avons payé un forfait pour une semaine de raquettes et le souci de rentabiliser son forfait entre pour certains en jeu ! Une fois dehors, le choc thermique et le fricotis glacial des flocons de neige sur le visage en fait hésiter quelques uns. Mais il est trop tard, sous peine de déshonneur, pour faire marche arrière. La colonne s’ébranle, capuches baissées pour donner le moins de prise à la neige qui tombe presque horizontalement.
Et très vite, la magie de la neige opère. Nous entrons dans un conte de fée ! Les arbres, hier sombres et lugubres silhouettes, deviennent de grands derviches tourneurs blancs et un silence céleste règne sur le monde où ne se fait entendre que le crissement ouaté de nos raquettes dans la poudreuse.
Peu à peu les branches se chargent de neige jusqu’au point de rupture qui fait tomber sur le malchanceux raquetteur qui passe à ce moment là un tombereau de poudreuse.
Les cynorhodons (graines de l’églantier) apportent une note de couleur dans cet univers blanc. Pour le raquetteur qui serait perdu et affamé, sa pulpe acidulée représente une mine de vitamine C, on en fait d’ailleurs une délicieuse confiture ! Quand j’étais enfant (à l’époque on savait jouer avec rien) nous mettions les poils des graines non encore mures – que l’on appelle à juste titre gratte-cul - dans le cou des copains.
La couche de poudreuse commence à être épaisse et réserve des chausse-trappes qui en piègent certains qui se retrouvent le cul dans la neige sous le regard amusé de la troupe ! Et il n’est pas facile de se relever quand le sol se dérobe sous vos mains et vos pieds ! Cela demande une certaine technique : si jamais cela vous arrive, chère lectrice ou cher lecteur, en nous suivant, mettez vous sur le ventre, croisez vos bâtons sur la couche de neige et appuyez vous dessus pour vous relever. Si malgré ces conseils, vous n’arrivez pas à vous relever, laissez moi un commentaire je viendrai à votre secours.
La fatigue se faisant sentir et les efforts ayant creusé notre appétit, nous rentrons déjeuner au chalet alors que la neige continue de tomber.
Après le repas, nous sommes un peu moins nombreux à vouloir repartir. La neige continue de tomber à gros flocons et toute trace de sentier à disparu. La confiance totale dans la connaissance du terrain qu’a notre guide fait taire notre inquiétude. En montagne, l’hiver, il n’est pas rare que des randonneurs se perdent dans le brouillard ou la neige et meurent de froid pour ne pas avoir retrouvé le refuge.
Nous évoluons dans un paysage de carte de vœux telle qu’on les envoyait avant que ne se développent les tristes courriels ou SMS par internet.
Les flocons sont de plus en plus gros et nous donnent le sentiment qu’un essaim d’insectes nous harcèlent le visage.
En passant en contrebas d’un mamelon, nous voyons le manteau neigeux se fissurer en raison de notre passage. Ce glissement limité est sans danger mais François nous indique que c’est ainsi que se produisent les avalanches sur les pentes plus accentuées et plus vastes, lors du passage d’animaux ou de randonneurs.
Nous nous arrêtons un instant sous le couvert des sapins pour attendre les retardataires qui ont un peu décroché du groupe dans la montée.
Nous reprenons notre marche en avant avec de plus en plus de difficulté, la couche de poudreuse approchant les 60 cm et nous obligeant à soulever à chaque pas un bon kilog de neige, exercice idéal pour les fessiers !
Puis vient le bonheur de la descente où une fois la technique maitrisée on a l’impression d’évoluer sur un tapis volant.
Mais parfois, comme à skis, on peut faire l’équivalent d’une faute de carre, la raquette se met de travers et plouf ! on plonge la tête la première dans la poudreuse où l’on disparaît ! Car oui, c’est bien le sommet du crâne d’un raquetteur que l’on aperçoit dans la neige !
D’ailleurs après quelques instants, il émerge hilare de la poudreuse sous les regards rassurés et les rires du reste de l’équipe. A cet instant nous sommes une bande de vieux enfants qui se rient de la tourmente !
La semaine prochaine : Jour blanc pour aller au refuge de la Blanche !
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