Eldorad-Oc

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Le Larzac hors des sentiers battus : du Rajal del Gorp à l’oppidum de la Granède…

 

 

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Du XIIème au XIVème siècle le Larzac, alors propriété des Templiers puis des Hospitaliers, fut prospère et assez densément habité. En témoigne les riches cités de La Couvertoirade, de Sainte Eulalie de Cernon et de la Cavalerie hauts lieux touristiques. Aujourd’hui, on y trouve quelques exploitants agricoles et éleveurs qui cohabitent pacifiquement avec un vaste camp militaire après un épisode conflictuel dans la décennie soixante-dix du 20ème siècle. C’est un lieu idéal pour y faire de longues randonnées dans des espaces vierges où se succèdent de vastes étendues pierreuses et quelques zones fertiles parsemés de chaos rocheux comme le Rajal del Gorp (le chaos du corbeau) d’où part notre randonnée du jour.

 

 

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Ces chaos rochers sont nés de l’érosion par la pluie, le vent, le gel et le soleil d’un plateau calcaire sédimentaire laissé par une ancienne mer et soulevé à environ 800 mètres d’altitude lors de la surrection des Alpes et des Pyrénées.

 

 

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Certains rochers ont la forme de châteaux et de tours en ruine ou de personnages et d’animaux fantasmagoriques que chacun imagine à sa guise.

 

 

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Ainsi ce rocher me fait penser à une statue Inca ou Toltèque qui crée un contraste saisissant avec la pointe blanche en arrière plan de l’un des pylônes du viaduc de Millau qui franchit le Tarn.

 

 

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Et là, voyez vous sur la gauche cet animal étrange, un genre de bison à tête de rat, qui nous fixe de ses yeux tristes ?

 

 

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Nous laissons derrière nous le Rajal del Gorp pour partir à l’assaut des piochs – collines pierreuses – qui hérissent le plateau et permettent de découvrir le paysage à des dizaines de kilomètres à la ronde, créant en nos âmes subjuguées un exaltant sentiment de liberté.

 

 

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Sur le sol calcaire de ces piochs, à l’endroit où une pelouse rase s’est installée, fleurit au début du printemps l’une des plus belles fleurs du Larzac : l’anémone pulsatille dont les sépales violets surgissent d’un fourreau d’aigrettes velues créant une sorte de duvet coiffant la plante qui s’agite au moindre coup de vent. C’est d’ailleurs de ces aigrettes que la plante tire son étymologie : «Anemone » provient du grec "anemos" le vent, tandis que «pulsatilla» dérive du verbe latin "pulsare" battre, frapper. C’est grâce à ces structures que les graines de la plante sont disséminées par les bourrasques, phénomène nommé «anémochorie».

 

 

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Il n’est pas un endroit de notre planète qui ne comporte une parcelle de beauté, manifestation du flux vital qu’elle héberge et qui selon les milieux et les conditions climatiques et géologiques prend des formes d’une infinie diversité.

 

 

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Cette couverture duveteuse qui se referme à la nuit tombée protège les délicats sépales du froid qui règne ici la nuit venue au début du printemps.

 

 

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Pour l’heure les fleurs jouissent du plein soleil et exposent leur cœur d’or orné d’une minuscule hampe mauve, délicate coquetterie  très féminine.

 

 

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En ces lieux pourtant austères et arides, la vie est partout et même dans le ciel où règne une vaste colonie de vautours fauves dont la fabuleuse aisance à maîtriser le vent nous fait rêver, pauvres terriens soumis à la gravité.

 

 

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Dans les zones les plus fertiles quelques fermes et bergeries se sont installées dont le lait sert à fabriquer d’excellents fromages dont le Roquefort ainsi que l’aligot, ce plat né au XIIème siècle dans l’Aubrac et que l’on appelle le ruban de l’amitié. Pour les amateurs je signale une excellentissime fromagerie à La Cavalerie «Les Artisous » (commandez votre aligot avant d’y aller).

 

 

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Tout autour de nous s’étend un patchwork de champs où l’on cultive la luzerne, les céréales ou le foin bornés par des haies de buis dont les feuillages servent de litières dans les bergeries et dont le bois sert à fabriquer des pièces d’échec et des instruments à vent. Après avoir été dévastés par la pyrale, ce papillon nocturne venu de Chine, comme la Covid et tant d’autres «cochonneries», ils semblent aujourd’hui mieux y résister.

 

 

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Quel bonheur de pouvoir marcher dans ces espaces ouverts où rien n’arrête le regard et où se déroule sous nos yeux une immense tapisserie de champs de diverses couleurs.

 

 

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Nous parvenons à la rive sud du Tarn dont le cours sépare le Larzac du Causse Noir ainsi nommé car il est plus boisé.

 

 

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Nous surplombons la belle ville de Millau où les eaux du Tarn ont permis le développement de deux activités: la poterie et la mégisserie. Le site de la Graufesenque tout proche était l’un des centres potiers les plus important du monde romain et Millau reste un centre important du gant et du cuir après en avoir été l’une des capitales.

 

 

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Nous arrivons à l’oppidum de la Granède édifié près de 1000 ans avant notre ère et que les romains utilisèrent jusqu’au 4ème siècle comme poste de protection et de surveillance de la route qui menait de la côte méditerranéenne à Rodez.

 

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De là on a une vue somptueuse sur la vallée du Tarn que franchit dans le lointain le prodigieux viaduc de Millau.

 

 

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Puis le sentier s’engouffre sur plus de deux kilomètres sous le couvert d’une extraordinaire haie de buis ayant miraculeusement échappé à la pyrale et qui permettait autrefois aux hommes et aux troupeaux de se protéger de l’ardent soleil estival.

 

 

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Mais le Larzac est un pays de contrastes et le sentier traverse à nouveau une zone pierreuse émaillée de chaos rocheux.

 

 

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On y aperçoit un très vieux berger assis en méditation sur le bord du chemin que l’on prend garde à ne pas déranger.

 

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Ce qui est étonnant dans cet espace aujourd’hui quasiment désert est de voir partout la trace de l’homme comme ce muret qui borde le chemin et qui évitait aux bêtes de s’égayer dans la nature.

 

 

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Où comme ces tas de pierres, que l’on nomme ici clapas, qui partout émaillent le paysage et que d’innombrables mains au cours des siècles ont collectées pour permettre à la pelouse de s’installer et aux moutons de se nourrir. J’ai toujours une pensée reconnaissante pour ces anciens dont la vie était rude et dont les chemins nous permettent d’arpenter cette magnifique contrée.

 

 

 

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Après plus de cinq heures de marche et 22 kms de divagation heureuse, nous voilà de retour au Rajal del Gorp dont les rochers se découpent sur le ciel en ombres chinoises. Il doit être féerique d’y passer une nuit à la pleine lune !

 

 

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Texte & Photos Ulysse



04/04/2021
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