Eldorad-Oc

Après vous avoir fait découvrir moult églises et villages d’Espagne et de Gaule, je vous propose, cette semaine, un interlude plus sportif en partant sur le sentier qui grimpe au Tarbesou, modeste sommet de l’Ariège (2364m). Sur la route qui mène au col de Poilhères, d’où part la randonnée, nous sommes contraints de suivre un bon moment une harde de chevaux libres comme l’air qui n’entendent pas donner la priorité à nos chevaux vapeur.

Mais cet impedimenta surmonté, nous voilà à pied d’oeuvre sur le sentier qui mène au sommet. Pour l’heure, la pente est progressive, la température encore clémente, l’environnement superbe et nos vieilles mécaniques ronronnent de plaisir. Il faut dire que, vu notre âge, les montagnes sont les seuls mamelons qui titillent encore nos sens.

Le Tarbesou, sommet excentré par rapport à la chaine des Pyrénées en est, de ce fait, l’un des plus beaux belvédères.

En moins d’une heure, nous sommes au sommet après 400mètres de dénivelé ce qui est une performance honorable pour nos vieux abattis d’autant que, loin d’êtres des athlètes ascètes qui se nourrissent de quinoa et boivent de l’eau, nous sommes de fervents supporters des divines nourritures et divins breuvages que produisent les vignerons et paysans français (les vrais, pas les «chimistes» adhérents à la FNSEA).

Ne recherchant pas la performance comme ces fadas de «trailers» qui ne voient jamais que leurs pieds, nous prenons le temps d’admirer le paysage où se révèlent trois lacs: le plus éloigné qui est le lac Bleu, bien qu’à cette heure il soit plutôt vert,  le plus proche : le lac Noir qui, de fait, est bleu et le lac de Rabasolles à gauche.

L’intérêt de cette randonnée est qu’elle ne se limite pas à l’ascension du Tarbesou mais qu’elle fait faire une grande boucle aux panoramas sans cesse renouvelés et qui mène dans un premier temps au bord des lacs . On devine le fil blanc du sentier qui traverse les estives.

Tout au long de notre cheminement s’offre à nos yeux la chaine des Pyrénées dont le spectacle en cette fin juin est à la fois grandiose et inquiétant, vu le peu de neige qui subsiste sur les sommets. Or la neige est ce qui alimente les torrents, les lacs, les rivières et les verres de pastis: l’été sera sec ! Il faudra économiser l’eau et privilégier le rosé !

Pour l’heure, le sentier descend et nous pouvons jouir pleinement du paysage. L’oeil sombre d’un petit lac tranche avec le vert lumineux des estives. Les lacs sont les yeux de la Terre où se reflètent la nuit la lune et les étoiles.

Nous n’en avons pas fini avec les montées car le sentier joue les montagnes russes ce qui est bénéfique pour le fonctionnement de nos systoles et diastoles et le décapage de nos artères. 

Pour l’heure nous surplombons le lac Noir, toujours bleu ! 

Faisant une pause, nous nous retournons pour contempler le chemin parcouru qui nous surprend toujours car on a rarement conscience, au moment où l’on met un pas devant l’autre, de la distance que l’on finit par parcourir. N’oublions pas que c’est à pied qu’homo sapiens, parti de son berceau africain, (n’en déplaise aux crétins suprématistes blancs) à envahi les moindres recoins de notre planète.

Nous franchissons un col où des squelettes d’arbres témoignent des tempêtes qui sévissent parfois en ces lieux.

Nous approchons de la sente qui descend en pente raide vers les lacs et vous allez voir que si nous sommes encore à l’aise dans les montées…

….nous le sommes beaucoup moins dans les descentes, sauf bien sûr l’ami Gibus qui s’est régalé à nous prendre en photo !

Notre position proche de la terre ferme nous permet d’admirer au passage ce chardon Fausse Carline. Notons au sujet de ces fleurs un peu méprisées qu’elles ont eu un rôle utile dans l’histoire. En effet, au cours du Moyen Âge, une troupe d'envahisseurs vikings s'approchait d'un camp écossais endormi, avançant pieds nus afin de faire moins de bruit. Mais l'un des guerriers marcha sur un chardon et ne put retenir un grand cri de douleur qui donna l'alarme aux Écossais. Ces derniers organisèrent alors leur défense et finirent par vaincre l'ennemi. C'est ainsi que le chardon devint l'emblème de l'Écosse.

Le sentier reprend vite un profil carrossable pour nos vieilles rotules.

Nous approchons de l’étang Bleu, enfin bleu, serti d’un écrin de rhododendrons en fleurs. La nature est véritablement une artiste.

La plus belle récompense que la montagne puisse faire à un randonneur est un bain d’eau fraiche aux senteurs de truite! C’est un remède qui efface toutes les fatigues surtout que l’eau permet aussi de rafraîchir le rosé du pique-nique.

Mais la rando ne se termine pas là, nous quittons le lac Bleu, redevenu vert…..

…pour rejoindre le lac Noir qui est  bleu! 

Puis c’est la remontée vers le col de la Coumeille de l’Ours qui remet en mouvement nos systoles et diastoles à un rythme endiablé d’autant que la température commence à s’élever et qu’il n’y a pas un souffle d’air.

Mais c’est un bonheur d’entendre tambouriner son coeur et de perdre haleine quand toute la journée un tel panorama s’est offert à nous. Au total nous aurons grimpé 800 mètres de dénivelé cumulé et parcouru 12 kms; Pas mal pour des quasi octogénaires !

Notre journée s’achève en beauté car au moment où, remontés dans nos montures mécaniques, nous quittons le parking, nous croisons un cheval au galop. Heureux mais fourbus nous aurions été bien en peine de le suivre !

Je vous invite écouter ma chanson 

 Je fais chanter ma guitare....

sur mon blog Canta-la-Vida

(lien dans la barre de titre de ce blog)

PHOTOS* & TEXTE ULYSSE

*sauf 14 Gibus