Les petits loups au Pont du Gard
Lors des derniers jours des vacances de la Toussaint, nous avons emmené les petits loups au Pont du Gard, majestueux édifice romain à trois niveaux bâti vers les années 50 de notre ère.
Ce pont permettait à un aqueduc - qui conduisait l’eau captée près d’Uzès jusqu’à Nemausus (Nîmes) - de franchir le Gardon, rivière aux crues terribles. L'aqueduc de 52 kms de long est, lui même, un chef-d'œuvre d'ingénierie : le dénivelé entre les points de départ et d'arrivée n'est que de 12,6 m et la pente moyenne générale de 24,8 cm par km. À cause du relief, l'aqueduc serpente à travers les petites montagnes et vallées des garrigues d'Uzès et de Nîmes.
Le débit moyen de l’acqueduc a été estimé à 40 000 mètres cubes d'eau par jour soit 400 litres d'eau par seconde. L'eau mettait une journée entière pour parvenir par gravité de son point de captage jusqu'à l'ouvrage de répartition : le «castellum divisorum», encore visible rue de la Lampèze à Nîmes. Cette cité possédait un certain nombre de puits ainsi qu'une source proche et la construction de l'aqueduc n’était pas d'une nécessité vitale, mais constituait plutôt un ouvrage de prestige destiné à l'alimentation des thermes, jardins et fontaines de la Ville.
On suppose que la construction a duré de trois à cinq ans (une quinzaine d'années pour l'ensemble de l'aqueduc de Nîmes), avec 800 à 1 000 ouvriers sur le chantier. On évalue à 11 millions le nombre de blocs de pierre utilisés et à 50 400 tonnes le poids de l'ensemble. Sur place, les blocs étaient montés grâce à une «cage à écureuil» dans laquelle les ouvriers prenaient place, apportant la puissance nécessaire au treuil. Un échafaudage complexe fut érigé pour soutenir le pont pendant la construction, dont les faces portent toujours les marques : on distingue un peu partout les appuis d'échafaudages et, sur les piles, les arêtes saillantes qui soutenaient les assemblages de bois semi-circulaires destinés au maintien des voûtes.
Le pont a été presque entièrement construit à sec, c'est-à-dire sans l'aide de mortier, les pierres — dont certaines pèsent six tonnes — étant maintenues par des tenons de chêne. Seule la partie la plus élevée, à la hauteur du canal, est faite de moellons liés au mortier.
Le calcaire coquiller est issu de la carrière de l'Estel située à environ 700 m en aval du monument, au bord du Gardon. Le cœur de la canalisation (où circulait l'eau) était rendu étanche par un béton romain à base de chaux, badigeonné d'une peinture rougeâtre, à base d'oxyde ferrique, qui évite la dégradation due au calcaire.
Dès le IVème siècle l'entretien commença à faire défaut et les dépôts calcaires ont progressivement obstrué la conduite. On estime à présent qu'il avait cessé de fonctionner au commencement du VIème siècle à l'époque où les Francs prirent le contrôle de la région d'Uzès, tandis que les Wisigoths s'installaient à Nîmes
Le pont domine le Gardon en basses eaux à 48,77 m de hauteur et mesure actuellement 275m alors qu’à l’origine il en mesurait 360 m. Du Moyen Age au XVIIIème siècle le pont a subi des dégradations notables. Vraisemblablement aux alentours du XIIème siècle, douze arches du troisième étage furent détruites et les pierres récupérées comme matériau de construction.
Au XVIIème siècle on répara les parties endommagées du pont et au milieu du XVIIIème siècle on accola aux arches de l'étage inférieur un pont routier aujourd’hui piétonnier et qui permet de passer d’une rive à l’autre du Gardon.
Le Gardon est célèbre pour ses crues dévastatrices auquel le pont résiste sans dommage malgré ses presque 2000ans !
En 2000 l'État français a financé, avec l'aide de collectivités locales, de l'UNESCO et de l’Union Européenne un projet d'aménagement du site, afin d'assurer la préservation de ce monument exceptionnel, menacé par l'afflux des touristes. Il a été rendu accessible uniquement aux piétons et le site a été doté d’un musée.
Il faut parcourir de long en large les berges du Gardon pour admirer sous toutes les « coutures » ce chef d’œuvre architectural qui défie les siècles.
La restauration du site a rendu au pont son écrin naturel originel ce qui ajoute encore à l’émotion que l’on éprouve en le découvrant.
Il faut prendre le temps et la peine de grimper sur le chemin qui domine le pont sur la rive droite.
Ce sentier redescend ensuite sur la rive que l’on peut parcourir à loisir.
Il suffit alors de choisir un merveilleux point de vue pour y pique-niquer. Je vous conseille ensuite d'aller visiter le musée qui expose le contexte et les modalités de construction de ce chef d'oeuvre romain.
Il y a quelques années j’ai eu la chance d’assister à un spectacle de son et lumières sur le pont et je vous en livre quelques photos que j’ai prises à cette occasion.
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Texte* & Photos Ulysse
* Documentation WIKIPEDIA
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