Périple en Gévaudan et Margeride -1- Villes et villages
Après un début d’été caniculaire dans notre pays héraultais, nous sommes allés, pour quelques jours, nous mettre «au vert» et prendre le frais en Gévaudan et Margeride. Tout le monde connait, au moins de nom, le Gévaudan où a sévit à partir du 30 juin 1764 un animal féroce qui aurait tué ou mutilé entre 82 et 124 personnes avant d’être abattu le 19 juin 1767. Certains parlent d’un loup ou d’une hyène, mais d’autres n’excluent pas un tueur en série qui aurait dressé cette bête à attaquer les humains. Car naturellement les loups craignent l’homme et il n’y a que dans les contes qu’ils mangent les petits chaperons rouges et leurs grands-mères.
Le Gévaudan occupe le centre de la Lozère, le département le moins peuplé de France et il est vrai que l’on voit plus d’habitants dans les cimetières que dans les rues des villes et villages, comme celui de Chirac où l’on vient d’arriver.
Il faut dire que c’est la Lozère qui a perdu le plus d’hommes lors de la première guerre mondiale car c’était un département exclusivement rural et l’on envoyait de préférence les paysans au front pour garder les ouvriers dans les usines à fabriquer des armes. Cette «saignée humaine» provoquée, en partie, par des généraux cyniques et incompétents a affecté le dynamisme démographique et économique de ce département.
A Chirac, comme dans les autres villages que nous avons traversés, il est difficile de trouver un bar ou un restaurant, faute de clients. Par contre la taille des monuments anciens et des églises impressionne, témoins d’un passé plus prospère fondé sur l’industrie lainière.
Nous arrivons à Marvejols, ville rendue célèbre par le mythique semi-marathon qui rejoint la ville de Mende après 650mètres de dénivelé. Cette cité connut un passé mouvementé du fait de sa conversion au protestantisme au XVIème siècle qui conduisit au massacre des trois quarts de sa population et sa destruction par le mal nommé Duc de Joyeuse.
Elle fut reconstruite en 1601 par Henri IV, sans doute le seul roi respectable que la France ait connu.
Bien que nous soyons à la fin du mois d’août, nous parcourons à notre grande surprise une ville complètement déserte, à croire que tous les marvejolais sont partis en vacances ailleurs! Bon cela dit il est fort reposant de faire du tourisme sans….touristes! Cela nous repose du littoral héraultais submergé par une marée.....humaine!
De nombreuses boutiques fermées attestent de la crise économique qui frappe le monde rural, l’une des causes des actuelles turbulences politiques qui affectent notre pays.
Nous faisons, ensuite, halte à Langogne pour admirer sa halle au blé construite au XVIIIème siècle.
Une jolie fontaine orne la place centrale de la ville dont l’eau fraîche attire immanquablement deux fillettes. Pour ma part je suis plutôt rosé bien frais !
Puis nous déambulons dans le pittoresque village de Pradelles où Stevenson a fait une halte lors de son périple avec son ânesse Modestine.
Voici ce qu’il en dit dans le récit qu’il en a tiré : «On fauchait le regain de tous les côtés en ce matin venteux d'automne ce qui emplissait l'air d'une senteur de foin inattendue. Sur l'autre rive de l'Allier, la terre s'élevait sur les milles jusqu'à l'horizon, paysage automnal d'un brun foncé tirant sur le jaune marqué de tâches noires de sapins et des routes blanches vagabondant bien loin jusque dans le Gévaudan. C'était en effet la terre de la bête mémorable…. »
La Lozère a connu à partir du XVIème siècle une expansion de la religion protestante qui a été sévèrement réprimée notamment par les dragons du roi scélérat Louis XIV. L’église catholique a ensuite imposé sa loi d’airain en édifiant d’imposantes églises disgracieuses dans le moindre village comme celui d’Allenc qui ne compte aujourd’hui que 227 habitants.
Celle de Prévenchères fait exception à la règle car, édifiée au XIème siècle et heureusement épargnée, elle a l'élégance des chapelles romanes.
Le mécréant que je suis a été séduit par la présence de magnifiques vitraux contemporains réalisés par Pauline Galindo-Pezet, vitrailliste à Bagnols-les-Bains dont certains sont inspirés par le tilleul quadri-centenaire qui est à coté de l’église.
Dans celui-ci l’artiste a voulu représenter le partage, la joie, l'espoir, la fraternité, l'humilité et l’amour dont malheureusement les religions au cours de l’histoire n’ont guère montré l’exemple !
Nous arrivons aux abords du village médiéval de La Garde Guérin bâti à près de 900 mètres d'altitude sur un plateau de grès en surplomb des gorges du Chassezac.
Ce village est situé sur le chemin de Régordane qui part du Puy-en-Velay et se termine à Saint-Gilles dans le Gard et était considéré, au XIe siècle, comme l'un des plus importants chemins de pèlerinage après ceux de Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle.
Bien que le village ait été partiellement détruit pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, un patrimoine architectural important a subsisté. Il est agréable de déambuler dans ses ruelles où quelques artisans talentueux vendent leurs oeuvres. En Lozère on n’est pas au pays des «merde in china » !
Nous allons ensuite jeter un oeil au château de Castanet édifié au XVIéme siècle sur le chemin de la Régordane au bord du Chassezac. Il a été épargné par la montée des eaux du lac de Villefort suite à la construction d’un barrage en 1964.
Nous rejoignons ensuite le chef lieu de la Lozère: Mende, la plus petite préfecture de France avec 12.000 habitants. Mais elle ne fut pas toujours aussi modeste comme en témoigne son imposante cathédrale - édifiée au XIVème siècle par le pape Urbain V natif de cette ville - dont les clochers (85m et 67m) dominent la ville historique.
Au Moyen-Age, la situation géographique de Mende, entre le Languedoc et l’Auvergne, a favorisé le commerce et l’artisanat et elle devenue une cité prospère.
Au XIXe siècle, Mende est le premier chef-lieu entièrement éclairé à l’électricité (1888), dans le même temps elle voit son industrie textile décliner puis disparaître au XXème siècle.
Comme de nombreuses cités de la région, elle a connu de sombres heures pendant les guerres de religion et fut détruite ainsi que la cathédrale par les protestants. Mende est, néanmoins, resté fidèle à la foi catholique. C’est ainsi que la cathédrale fut reconstruite à l’identique de 1600 à 1630.
Parmi les nombreuses oeuvres d’art que l’on y découvre, l’une d’elles a particulièrement retenu mon attention: celle de la scène où Adam (hélas défiguré par un vandale) et Eve sont chassés du paradis et où l’on voit bien à quelle partie du corps d’Eve Adam porte son intérêt ! Eve se retourne et semble lui dire : «Ah ! non tu ne vas pas recommencer, on a assez de problèmes comme ça ! ».
Bien que chassés du paradis à cause de nos libertins ancêtres (mais qui les blâmerait ?) , il nous reste heureusement quelques plaisirs que l’on peut satisfaire sur cette Terre, comme celui de déguster une excellente truffade!
Ce spectacle nous ayant mis l’eau à la bouche, nous sommes allés nous sustenter à l’Irish Pub que je vous recommande chaudement !
Nous terminons la tournée des villages et villes du Gévaudan et de Margeride par la ville pittoresque - nous évitons celles qui ne le sont pas - de Châteauneuf de Randon qui est étroitement associée à la figure de du Guesclin, le célèbre connétable breton du roi Charles V chargé de chasser les Anglais du sud du royaume de France. Durant l’été 1380, il fit le siège de la forteresse de Châteauneuf, occupée par des routiers à la solde des Anglais qui, après deux semaines de siège, se rendirent. Malheureusement, durant ce siège, Du Guesclin mourut pour avoir bu, un jour de grande chaleur, l'eau trop fraîche d’une source. Je note, qu’à ma connaissance, jamais personne n’est mort d‘avoir bu du rosé ou du vin blanc trop frais ! Sa statue domine la place.
Si ce reportage vous a donné envie de suivre mes pas, je vous recommande chaudement de résider à l’Hôtel de la Poste à l’Habitarelle, hameau situé au pied de Châteuneuf de Randon. L’accueil y est chaleureux, les chambres confortables, la cuisine traditionnelle excellente et la salle à manger exceptionnelle, comme vous pouvez le voir !
Et chose rarissime, on vous sert du fromage à votre choix présenté sur un pantagruélique charriot !
La vie est courte, prenons le temps de vivre. La semaine prochaine nous parcourrons les monts et vaux de la région.
A suivre….
Je vous invite à écouter ma chanson
Ne perds pas tes rêves en chemin !
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
A la semaine prochaine.....
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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