Eldorad-Oc

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Aujourd’hui nous partons à la découverte de la seconde concentration de mégalithes en Europe après Carnac, la Cham* des Bondons, qui comporte 154 menhirs, 3 dolmens et 30 tertres funéraires dispersés sur un magnifique plateau granitique. Si les chemins que l’on va parcourir sont tout à fait adaptés au poids de nos ans, il faut malgré tout les soulever de temps à autre pour franchir de modestes obstacles.

* Le terme « cham » qui vient de l’occitan veut dire causse

Traversant une superbe et odorante forêt de conifères, nous apercevons le premier et plutôt modeste menhir. Mais patience il y en aura au cours de la journée de plus impressionnants.

Un second suit très proche. Ces mégalithes auraient été plantés il y a environ 3500 ans à l’époque où les humains commençaient à se sédentariser en Europe, donc bien avant la naissance d’Obélix. Bien que la plupart des experts soient perplexes sur la signification de ces mégalithes, Lee Fossard, ethnolinguiste, dans une thèse défendue à l’université de Bretagne Occidentale, à formulé l’hypothèse que les menhirs étaient des symboles phalliques liés au culte de «la Vieille». Selon lui, Ils ont été dressés autour des trois collines de la Cham des Bondons parce que ces trois collines représentent les seins et le ventre enceint d'une géante mythologique appelée «La Vieille». Cette Vieille est présente dans les légendes, le folklore, les traditions et dans la toponymie de la majorité des pays de l'hémisphère nord. Elle fait la pluie ou le beau temps; elle façonne les paysages; elle transporte des mégalithes notamment en Irlande, au Danemark, en Bretagne, en Espagne, en Lozère, en Italie, en Grèce, au Japon ... Elle symbolise la terre nourricière, les forces de la nature, la maternité et la fécondité. L'étude des nombreuses légendes du sud de la France et la toponymie du département de la Lozère montrent que les menhirs ont été dressés aux Bondons pour honorer concrètement le corps de cette géante.

Et effectivement, il y a sur la Cham des Bondons deux puechs : Allègre et Mariette qui émergent derrière une colline et donnent l’impression de voir la poitrine d’une femme nue couchée.

Que l’on donne foi ou non à cette hypothèse, on ne peut rester insensible à la magie qui nait de ces mégalithes plantés dans ce grandiose paysage.

Nos lointains ancêtres, qui ont taillé ces pierres souvent à des kilomètres et les ont ramenées à la force de leurs seuls muscles assistés de moyens techniques rudimentaires tels que des troncs d’arbres et des cordes, devaient effectivement accomplir là un geste sacré pour honorer une divinité qui leur offrait une si belle planète. Loin de lui rendre un tel hommage, les humains d’aujourd’hui la malmènent et la rendent, au contraire,  invivable pour eux à petit feu ! 

Pendant qu’il est encore temps, jouissons de sa munificence. Se balader au sein d’une telle beauté nourrit notre âme et nous conduit à vivre pleinement chaque moment. S’emplir de nature nous amène à nous détacher du superflu, à prendre conscience de la vanité de nos prétentions orgueilleuses à paraître, à être célèbre, à influencer ou à dominer les autres, alors que nous ne sommes qu’une misérable pincée d’atomes qui dansent une gigue éphémère au sein de l’univers.

Nous passons devant un autre menhir placé dans l’alignement de l’un des seins de la «Vieille».

Deux autres suivent, témoins muets de hordes de chemineurs au cours des derniers millénaires

Le dernier menhir de ce premier circuit porte d’intrigantes césures.

Nous pique-niquons dans le pittoresque hameau de La Fage où se dresse un magnifique clocher de Tourmente. Ces clochers sont une spécialité lozérienne. Protégés au titre des Monuments Historiques depuis 1991, ils sont cinq localisés dans des habitats dispersés où la tourmente peut être véritablement dangereuse. Et effectivement, en ces lieux, il peut y avoir l’hiver des tempêtes de neige et le clocher de tourmente est alors mis en action pour permettre aux personnes en vadrouille dans les environs de repérer le village.

Une magnifique bâtisse multi-séculaire aux toits de lauzes jouxte notre lieu de pique-nique. A partir des pierres disséminées dans leurs champs ou aux alentours les anciens savaient édifier des chefs-d’oeuvre. Elles ne leurs coûtaient pas grand chose sinon un énorme courage.

Puis, en guise de promenade digestive, nous allons rendre visite à la ferme de Bassy nichée en haut des gorges du Bramont et qui fut construite au 17ème puis modifiée au 18ème et 19ème siècle.

Cette ferme en granit avec des toits de schiste comportait une habitation, une grange, une étable et une belle aire à battre le blé.

Du fait de leur isolement, ses habitants devaient vivre en totale autarcie, comme en atteste le four à pain qui jouxte l’habitation

Le panorama est exceptionnel sur la vallée du Valdonnez et le truc* de Balduc en face.

 * mot occitan synonyme de Puech ( mont, sommet)

Puis revenant à notre monture, nous rejoignons le départ du sentier qui parcourt la crête qui mène au Bosc Arnal sur lequel sont implantés les plus hauts menhirs de la région.

Voici le premier d’entre eux…

…puis un second…

…puis deux autres qui forment comme un portail….

… et pour finir ajoutons à la liste un grand et un petit….

Ainsi s’achève notre journée de balade repus de merveilles et de beauté mais avec encore assez d’appétit pour les délices du terroir que va nous concocter le talentueux chef de la Lozérette que l’on accompagnera d’un délicieux nectar.

Et c’est grâce au labeur de générations de paysans et vignerons qu'après avoir nourri nos âmes de beauté, nous ravirons de délices nos bedaines et gosiers. Qu’ils en soient remerciés .

POÉSIMAGE

L'été a déposé ses baisers brûlants,
Sur la chevelure d'herbe des campagnes,
Qui ondulait comme une mer sous le vent,
Et aujourd'hui se meurt et devient paille.

Ainsi passe également notre vie éphémère,
A peine sommes nous sortis du néant,
Qu'après quelques printemps, nous devenons poussière,
La trace de nos pas, balayée par le vent.

Que deviennent alors nos pensées et nos rêves,
Le souvenir de nos amours, de nos passions,
Vont ils secrètement enrichir la sève,
Qui dresse vers le ciel fleurs et frondaisons?

Se peut il que la grâce de l'asphodèle,
Le parfum de la rose, du muguet, du lilas,
Soit le tendre souvenir de celles,
Que nous avons un instant tenues dans nos bras ?

Je vous invite à écouter ma chanson "Petite..." 

sur mon blog Canta-la-Vida

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TEXTE, POÉSIE & PHOTOS ULYSSE