Périple en Margeride - 2 - Paysages et sites historiques
Après avoir visité quelques villes et villages (voir l’article précédent), nous partons à la découverte de la nature sauvage et envoûtante des monts de Margeride, visite que nous complèterons par la découverte de quelques sites historiques. Le plaisir de randonner en cette région est accru par la modération des pentes et la «carossabilité» des sentiers. N’étant pas hors d’haleine et notre coeur ne battant pas à tout rompre, nous pouvons jouir, ainsi, pleinement du paysage.
Ces monts sont un témoin de l’ancienne chaine hercynienne qui s’est formée autour de -320 millions d'années avant de s'aplanir du fait de l’érosion puis de se soulever à nouveau lors de la surrection des Alpes il y a quarante millions d’années. Les roches étant de résistance inégale, des blocs de granit résistant à l'érosion s'empilent formant des "tors", notamment sur les points hauts et sur les croupes.
Le sol granitique ne facilite pas l’implantation des arbres qui peinent à croître quand le vent inopportunément y dépose l’une de leurs graines. A l’image des humains, les arbres ne choisissent pas leur lieu de naissance comme le chante Maxime Le Forestier dans « Né quelque part ».
La vie sur notre planète étant tellement fascinante et mystérieuse que je suis prêt à croire que le vent, la pluie, le soleil, le gel coopèrent pour sculpter des êtres fantasmagoriques dans ces rochers.
Et j’admire le génie humain qui conduit les géologues à nous préciser que du point de vue pétrographique, le granite de la Margeride présente une structure porphyroïdique spectaculaire à grands cristaux d’orthose répartis dans une mésostase à gros grains de quartz, plagioclase, feldspath potassique, biotite et parfois muscovite et cordiérite. Quand on sait cela on regarde ces gros cailloux avec respect!
Et nous voilà sur le Truc de Fortunio, sommet de la Margeride (1552m), truc étant un mot occitan qui signifie « gros caillou, rocher, bloc erratique, rocher massif ». En contrebas, on découvre le lac Charpal et, dans le lointain, les monts de Lozère que je vous ferai découvrir la semaine prochaine.
Comme en tous les lieux naturels que je visite, la faune sauvage est invisible du fait des pétaradants et bedonnants Nemrods qui la terrorisent et la déciment avec la bénédiction de l’Etat. Vishnou! Quel abime entre les engagements de nos dirigeants à l’égard de la biodiversité et leurs actes! Par contre, je suis heureux qu’une barrière barbelée me sépare de ce taureau «domestique» qui ne semble pas très heureux que je lui « tire » le portrait!
Je n’ai, par contre, rien à craindre de cette poule «couveuse» dont j’aurais cependant grand peine à lui piquer son oeuf !
Nous partons à la recherche du «ranc de la bombe»* nom qui a été donné à un rocher car il émet un grondement sourd quand on le fait basculer.
- pour ceux intéressés, il est mentionné sur les cartes IGN et se situe à droite d’une piste qui monte en face du Signal de Randon
Notre quête se fait dans un environnement magnifique, patchwork d’espaces sauvages et cultivés par l’homme.
Nous grimpons sans succès sur une multitude de rochers…..
…avant de trouver ce fameux rocher «bombe» qui ne paye pas de mine mais dont effectivement la bascule provoque un étonnant grondement sourd.
Notre mission accomplie, nous revenons en traversant un champ de myrtilliers hélas déjà délestés de leurs fruits par les cueilleurs.
Le lendemain nous partons visiter le château de Tournel, imposante forteresse qui se détache au sommet d’un piton rocheux à mille mètres d’altitude, enserré par le Lot.
Siège de la puissante baronnie du Tournel, en Gévaudan au XIIe siècle, il fut détruit par les Huguenots pendant les guerres de religion.
Ses constructeurs ont habilement utilisés les reliefs rocheux vertigineux du terrain et on admire le courage de ceux qui ont édifié ses murailles d’autant que le code du travail de l’époque n’était pas très protecteur !
Nous nous rendons ensuite au village des Sagnes dans la vallée de l’Oultet qui possède un magnifique «clocher de tourmente». Le rôle de ces clochers était d’éviter aux voyageurs de s'égarer et périr, si d'aventure ils se retrouvaient pris dans la tourmente qui sévit en ces lieux au cours des rudes hivers. Dès que sévissait la tourmente, mais aussi par temps de brouillard, les cloches étaient alors actionnées, parfois nuit et jour, fournissant ainsi un repère sonore aux voyageurs.
Nous partons à l’assaut d’une colline qui domine le village et nous offre un paysage riant et enchanteur. On peine à croire que l’hiver ces lieux peuvent devenir notre….tombe !
Nous revenons par la vallée du Chassezac dont les gorges vertigineuses peuvent être admirées en toute sécurité à partir d’un belvédère.
Perché un peu plus loin au bord des gorges, on aperçoit le village médiéval de La Garde Guérin.
L'implantation de ce castrum (ou village fortifié) sur le chemin de Régordane - qui relie le Puy en Velay en Haute Loire à Saint Gilles en Camargue - date du XIIème siècle. Lieu de passage des animaux et des marchandises, La Garde-Guérin fut possédé jusqu'au XVIème siècle en coseigneurie par les Chevaliers Pariers. Ces chevaliers, qui assuraient la sécurité du chemin de Régordane, percevaient en contrepartie des droits de péage et des taxes dont, notamment, un droit de pulvérage sur les troupeaux de moutons en transhumance, à cause de la poussière qu’ils soulevaient! L'imagination des dirigeants en matière fiscale est sans limite!
Bien que le village ait été partiellement détruit pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, l’église, qui possède un superbe portail d’entrée et de beaux chapiteaux à l’intérieur, a été épargnée. Elle est placée sous la protection de St Michel qui a terrassé le dragon ce qui explique peut être sa survie !
Il et agréable de déambuler dans ses rues qui n’ont quasiment pas changé depuis des siècles si ce n’est que l’on y croise plutôt des touristes en short et jupe que des chevaliers en cotte de maille !
Nous allons ensuite jeter un oeil à l'élégant château de Castanet heureusement épargné par la mise en eau du lac de Villefort, dans les eaux duquel il se mire, alimenté par l’Altier. Cet édifice du XVIème siècle fut la propriété d’un chevalier parier de La garde Guerin avant d’être vendu à une famille bourgeoise.
A suivre…..
Je vous invite à écouter ma chanson
Cours Emilie
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
A la semaine prochaine.....
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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