Périple en pays cévenol en voiture, à pied et en train à vapeur!
Nous allons aujourd’hui partir en pays cévenol, non pas avec un âne comme le fit en son temps Stevenson mais en voiture, à pied et en train à vapeur! La route étant longue nous faisons une étape pour nous dégourdir les gambettes et contempler - hélas derrière des barrières - la superbe ex-verrerie de Coloubrines située près de Ferrières-les-verreries. C’est l’une des rares qui subsistent, magnifique témoignage de l’activité des gentilshommes verriers qui ont soufflé le verre sur le causse de l’Orthus durant près de cinq siècles. Hélas, comme pour de nombreux sites de ma région, en dehors de la période estivale rares sont les visites qui y sont organisées. C’est ainsi que l’on renforce le sur-tourisme des sites surchargés pendant deux mois et déserts le reste de l’année.
Parvenus en pays cévenol, nous faisons une seconde halte pour partir à l’assaut du château de Fressac perché à 349m d’altitude et auquel on accède par un sentier plutôt sportif! Le château date du XIIe ou du XIIIe siècle et aurait hébergé Blanche de Castille, la mère de Saint Louis. Il a également servi de refuge à la population locale pendant la guerre des camisards au XVIIIème siècle.
Bien dégourdies sont nos gambettes quand on parvient au château qui, bien qu'aussi décrépi que votre serviteur, a encore fière allure. A celles et ceux qui suivraient nos traces, je signale que le parking au pied du château est équipé de deux bancs ombragés près d’une fontaine d’eau qui en font un lieu idéal de pique-nique!
L’étape suivante nous mène à Durfort «circulade» médiévale fort pittoresque mais hélas sans bistrot pour les gosiers assoiffés! Dans la France d’aujourd’hui les bistrots ont fermé à la suite de la fermeture des églises! Avant ils étaient précieux pour faire descendre l’ostie !
Nous arrivons à Anduze, niché au coeur des montagnes cévenoles dans une vallée traversée par le Gardon qui, hélas, déborde trop souvent de son lit et envahit la cité. Le pittoresque lacis de ruelles de cette ville convergent vers la place centrale où trône la fontaine Pagode.
Cette ville est célèbre pour son vase éponyme renommé dans le monde entier pour ses guirlandes et ses macarons et dont la création remonte au XVIIème siècle. Anduze est aussi l’un des «terminus» de la ligne de chemin de fer à vapeur des Cévennes.
Mais pour notre part, nous préférons aller le prendre à Saint Jean du Gard, l’autre terminus du train, car en cette jolie petite cité se trouvent deux adresses incontournables pour les touristes éclairés et distingués que nous sommes : l’hôtel des Bellugues situé dans un havre de paix et le restaurant l’Entrain qui ne paie pas de mine mais sert une cuisine type «bistrot» le midi et gastronomique le soir digne d’un restaurant étoilé mais d'un prix très raisonnable. Il faut dire que le chef a travaillé chez Anne Sophie Pic !
Comme notre virée en train est prévue pour le lendemain, nous flânons dans la ville traversée par le Gardon en attendant d’aller nous régaler à l’Entrain.
Le lendemain matin nous embarquons à bord du train des Cévennes dont les wagons colorés le font ressembler à un gros jouet, ce qu’il est en fait! La réalisation de cette ligne de seulement 15kms a nécessité de nombreux ouvrages d'art: 1 pont métallique, 9 viaducs, 3 tunnels de protection, des murs de soutènement, 3 galeries voûtées, 15 passages à niveau, 5 maisons de garde-barrières, 3 gares, 2 haltes et beaucoup d'énergie humaine.
Elle a été mise en service le 26 Mai 1909. Outre le transport des voyageurs, le train a permis le transit des ballots de fil de soie vers les métiers à tisser lyonnais, l'acheminement du bois de pin pour les papeteries ou les mines (froisage des galeries), ou encore le transport du charbon afin d'alimenter les chaudières des filatures.
Le train évoluant à une vitesse modérée, on a le temps d’admirer le paysage cévenol qui révèle hélas le bas niveau des rivières car ici aussi la sécheresse sévit. D'ailleurs nous sommes le 10 octobre et il fait 30°!
Malgré cette sécheresse les frondaisons forestières restent étonnamment vertes par rapport à Notre région.
Au fil des décennies le trafic des marchandises a décliné du fait de la baisse de l'activité économique et de la concurrence de la route. La ligne n’étant plus rentable a fermé en juillet 1971.
Elle a été relancée en 1986 grâce à l’action de Benoît Zielinger, un alsacien passionné de voies ferrées et de locomotives à vapeur. C'est à l'increvable locomotive 140 C27 construite en 1949 qu'est revenu l'honneur d'inaugurer la nouvelle saison d'exploitation commerciale du train à vapeur des Cévennes.
Le principal atout de la ligne est de desservir la fabuleuse bambouseraie où nous arrivons qui a été créée par Eugène Mazel passionné d’horticulture et de sciences naturelles. Il y a effectué ses premières plantations en 1856, en acclimatant des espèces exotiques venues de Chine, du Japon, d’Amérique du Nord et de l’Himalaya…..
Et nous entrons dans un paradis vert où nous allons déambuler pendant trois heures. Je vous en laisse découvrir les beautés.
Comme vous le constatez, nul besoin de prendre l'avion pour se retrouver en pays exotique !
Evitez d'y mettre le doigt, c'est une plante carnivore !
Ici des racines de bambous ont été transformées en personnages fantasmagoriques !
Parmi les arbres imposants du parc, notons cet impressionnant Ginkgo Biloba, espèce d'arbre qui a cohabité avec les dinosaures, ne connait pas de prédateur et est la seule à avoir survécu à la bombe d'Hiroshima! Respect !
Mais il est heure de retourner à Saint Jean du Gard pour y retrouver nos montures qui nous ramèneront à la maison avec de beaux souvenirs pleins nos vieux neurones. Espérons qu’ils les conserveront longtemps !
Bon, cela dit, au plan écologique on pourrait critiquer ce train qui utilise une énergie polluante - le charbon - mais il s’agit là du maintien d’une tradition dont l’impact est très marginal quand on le compare aux deux centrales à charbon par semaine que construit la Chine !
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Je vous invite à écouter ma chanson
Elle parlait à l'oreille des chevaux...
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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