Périple Tarnais - 2 - de Castres à Labastide Rouairoux
Nous voici à Castres, que traverse l’Agout, dont les rives sont bordées par les façades colorées des maisons que les tisserands, teinturiers, tanneurs, parcheminiers qui travaillaient la laine, le cuir et le papier ont édifiées au XVIIème siècle. Aujourd’hui l’activité textile est considérablement réduite mais Castres héberge l’un des trois plus grands groupes pharmaceutiques français: les Laboratoires Pierre Fabre.
Ces façades colorées confèrent un ambiance festive et sudiste à cette ville où il fait bon baguenauder.
Étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Castres a pris son essor au début du IXème siècle autour de l’abbaye de Saint-Benoît. De 1670 à 1760, les évêques de Castres ont entrepris de grands travaux: évêché, cathédrale, ponts. Le Palais Épiscopal, que l’on découvre ici, œuvre de Jules Hardouin-Mansart, abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville et le Musée Goya
Jouxtant le palais épiscopal, on découvre le Jardin de l’évêché qui a été dessiné par André Le Nôtre dans la pure tradition du classicisme français du 17ème siècle. Il représente de manière très stylisée la fleur de lys surmontée d’un chapeau d’évêque, réunis par une croix occitane. Ces symboles évoquent l’association du pouvoir royal et du pouvoir épiscopal en pays occitan. Ces broderies de buis sont ceinturées par un massif fleuri ponctué de topiaire d’ifs vénérables taillés en des formes très diverses.
Au nord du jardin, se dresse le théâtre municipal, magnifique monument d’inspiration italienne, inauguré en 1904. Il est l’oeuvre de l’architecte Galinier, élève de Garnier, concepteur de l’Opéra de Paris.
Il est agréable de flâner dans ces jardins puis au bord des rives de l’Agout que le jardin surplombe.
Une visite s’impose ensuite au musée Goya, second musée d’art hispanique en France, dont la collection de peintures espagnoles comporte désormais plus de deux cents tableaux allant du XVème au XXème siècle dont trois de Goya.
Outre les tableaux très célèbres de Goya et de Velazquez, je suis personnellement tombé en admiration devant ce tableau de Léon Bonnat, peintre peu connu, intitulé «Jeune femme faisant la charité à l'entrée de la chapelle de l'hôpital San Sebastian à Cordoue ». Je suis notamment subjugué par la finesse d‘analyse psychologique que révèlent les visages des personnages, le traitement des tissus et l’attitude de la mère mendiante et de ses deux fillettes.
Mais après toutes ces déambulations, il est agréable d’aller boire un verre sur l’une des terrasses de café qui s’étalent sur la place Jean Jaurès.
Nous y étions un jour de mars et le temps frisquet ne permettait pas l’ouverture nocturne des terrasses mais, la belle saison venue, une activité intense s’y déploie.
Et qu’il pleuve ou qu’il vente Jean Jaurès, né à Castres, grand homme politique humaniste et pacifiste assassiné en 1914, continue de nous interpeller pour que nous oeuvrions à la naissance d’un monde meilleur. Mais nous faisons hélas la sourde oreille….
On ne peut pas quitter Castres sans avoir fait une balade nocturne le long des rives de l’Agout où les illuminations des façades créent une atmosphère féerique.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au musée départemental du textile à Labastide Rouairoux installé dans une ancienne usine du XIXe siècle. Au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, le musée témoigne de l’activité florissante de l’industrie textile qui a rythmé la vallée du Thoré, dans le sud du Tarn, aux 18ème et 19ème siècles.
En ce lieu, bobines de fils et métiers à tisser racontent une histoire : celle d’une fibre textile la laine, de la matière première au produit fini.
On y découvre les différentes étapes de fabrication d’une étoffe de laine, spécialité de la vallée ainsi que les techniques de teinture et de maille qui ont fait la réputation du sud tarnais.
Filature, tissage, apprêts, teinture : des démonstrations nous plongent au cœur de l’époque faste où le bruit des navettes rythmait le quotidien du village.
On est sidéré par l’incroyable ingéniosité des ingénieurs et techniciens qui ont conçu les machines et métiers à tisser.
Incroyables aussi étaient la diversité des coloris et des textures des fils produits.
Les vêtements réalisés avec ces tissus étaient vendus à travers la France jusqu’au milieu du XXème siècle avant que les chinoiseries merdiques ne condamnent à mort ces magnifiques manufactures et mettent au chômage des dizaines de milliers d’ouvriers.
Je vous invite à écouter ma chanson
Je hais la douceur des îles
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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