Pierres et merveilles à Junas !
Aujourd’hui nous allons célébrer l’art des tailleurs de pierre qui pendant des millénaires ont été les chevilles ouvrières des éléments majeurs de toutes les civilisations à savoir les temples, les églises, les châteaux, forteresses, palais, arènes, théâtres, aqueducs et maisons. Pour cela rendons nous à Junas, lieu idéal ! C’est un village médiéval connu pour le savoir-faire des hommes dans l'extraction de la pierre depuis l'Antiquité. La plus belle représentation de ce savoir faire est le kiosque, qui représente par ses arches les cinq continents et résulte d’un fabuleux travail de dix années réalisé par des tailleurs de pierres, mosaïstes, appareilleurs et sculpteurs…
Installé sur la Place de l’Avenir, au coeur du village, il est sans doute le plus majestueux témoin d’une prouesse technique et architecturale. Il a rassemblé des femmes et hommes de métier dans la plus pure tradition des bâtisseurs de cathédrales. Les sculptures de chaque arche représentent un continent, ici l’Amérique latine.
A l’intérieur on découvre un empereur maya ou aztèque
Sur cette face l’Afrique est représentée
Avec à l’intérieur la représentation d’un masque africain
Cette sculpture « osée » serait une représentation de l’amour libre !
Autour de Junas un sentier de 6kms dénommé «pierre et eau» vous fait découvrir les ruines d’un ancien moulin à vent avec son magnifique appareillage de pierres.
Il ne subsiste de l’escalier que quelques marches de pierre qui mènent dans le vide symbole de la mort qui atteint toute chose comme nos vies dont le dernier jour suspendra notre brève apparition au sein de l’univers…
Nous sommes en mai et le sentier est bordé de nombreuses touffes d’aphyllanthes de Montpellier appelée aussi œillet bleu de Montpellier. Son nom signifie en grec «fleur sans feuilles». Les feuilles sont en effet réduites à des gaines membraneuses à la base des tiges. Elle est surnommée localement "herbe à lièvres" et son goût sucré est également très apprécié des chevaux, des ovins et des caprins.
Puis nous passons devant les ruines d’un moulin à eau vertical dont il ne subsiste, hélas au fond, qu’une meule brisée. Adossé à une tour carrée médiévale préexistante, le moulin a été édifié en 1482.
Cet ouvrage hydraulique est dit moulin à tourille avec une roue horizontale à cuillers qui entraîne une meule située à l’étage grâce à un axe vertical. C’était un système courant dans le Midi médiéval. L’eau était collectée à 450 m en amont du moulin dans le ruisseau et était conduite dans le bassin par un canal ou bief. Le moulin a fonctionné jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Puis nous nous dirigeons vers l’entrée du «clou» de notre journée: les carrières du Bon temps dont l’entrée se trouve à proximité du château d’eau joliment orné d’un saxophoniste en l’honneur des concerts de jazz qui s’y donnent l’été.
Le sentier d’accès garde la trace des roues des charrois qui pendant des siècles ont transporté les pierres extraites de ces carrières à l’image des années qui gravent des rides sur nos visages humains.
Et nous entrons dans ce site grandiose et féerique, façonné par plus de 2000 ans d’extraction de la roche. Les Carrières du Bon Temps furent ouvertes par les Gallo-Romains et doivent leur nom à la petite dépression qui les abrite : la combe du Bon temps. Elles sont le fruit d’un incessant labeur de l’homme, depuis l’antiquité, les centaines de mètres cubes de pierres qui y ont été extraites ont notamment servi à la construction des maisons de Junas et de Sommières, on en trouve également la trace dans la ville du Vigan et sur les remparts d’Aigues-Mortes.
Les professionnels incisaient la pierre dans le sens vertical avant de déliter la masse à extraire à l’aide d’un coin et d’une masse. On obtenait ainsi de grosses briques (des bugets) d’environ 18 cm d’épaisseur et d’environ 50 cm de longueur sur 30 cm de largeur qui étaient ensuite transportées pour être taillées. À cause des failles dans la roche des parties n’ont pas été exploitées que l’on nomme des «laisses» dont les formes font penser à des ruines antiques.
La pierre de Junas est un calcaire détritique formé il y a entre 20 et 16 millions d’années. Il résulte de l’accumulation de déchets végétaux et animaux au fond d’une mer qui s’est retirée lors de la surrection des Alpes. L’accumulation peut atteindre 20 à 30 m d’épaisseur. Au milieu du 20ème siècle l’exploitation des carrières fût abandonnée. Aujourd’hui végétation et faune y trouvent refuge.
Des sculpteurs ont été invités à laisser libre cours à leur imagination renforçant le caractère fantasmagorique du lieu.
Si on a l’âme aventureuse on peut imaginer que l’on évolue au coeur de la jungle du Chiapas où guatémaltèque à la découverte des antiques cités mayas .
A la sortie du circuit on a une belle illustration des différentes oeuvres que permettaient les pierres extraites de la carrière.
Junas organise aussi des journées de rencontres de tailleurs de pierre au cours de l’une desquelles une sculpture sur la démocratie a été réalisée par Alexander Chitungo, Lisborn Mashaya, sculpteurs du Zimbabwe et Jean Pierre Thein dans de la pierre nommée Springstone importée du Zimbabwe. Elle rappelle à chacun d’entre nous qu’en démocratie l’un des actes les plus importants de la liberté d’expression, c'est l'expression de son vote. René Cassin, prix Nobel de la Paix en 1968, ne disait-il pas : «Celui qui s’endort en démocratie pourrait se réveiller en dictature.» L’actualité récente donne une acuité particulière à cette réflexion!
Je vous invite à écouter ma chanson
"On s'était promis..."
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre du blog)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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