Rencontre franco-belge dans les gorges de l’Ardèche
Le monde suit un cours de plus en plus chaotique : les melons charentais sont cultivés au Maroc, les fraises de Carpentras en Espagne, les camemberts sont pasteurisés et de plus en plus de pays sont dirigés par des responsables, ou plutôt des irresponsables, qui voient le monde comme une cour de récré où ils jouent à celui qui a la plus grosse. Pendant ce temps là le monde vivant périclite et notre belle planète se transforme doucement en enfer. C’est pourquoi, il est fondamental, pour contrer cette funeste évolution de maintenir envers et contre tout nos nobles traditions. Et il en est ainsi de notre rencontre annuelle avec nos amis wallons, gens éminemment pacifiques qui ne torturent que les bouchons, rencontre initiée par notre regretté ami Marc qui reste dans nos mémoires. Cette année, nous avons décidé d’explorer ensemble les gorges de l’Ardèche et nous vous convions à nous suivre afin de célébrer avec nous ce beau moment d’amitié.
Ayant descendu un chaotique sentier plein de zigs et de zags qui plonge le long de la falaise longeant la rive droite de cette rivière, nous arrivons sur sa berge sablonneuse et caillouteuse.
Le débit est étonnamment modeste alors que nous ne sommes qu’au milieu du printemps et l’Ardèche n’occupe qu’une partie de son lit, ce qui facilite l’exploration des gorges.
Il y a deux façons de les parcourir : pedibus jambis ou, si vous êtes un peu plus aventureux, en canoë.
Dans le premier cas, ce sont les jambes qui travaillent et dans le second, les bras. L’autre différence est que dans le second cas, vous risquez, si vous négociez mal les rapides, d’être à l’eau, alors qu’à pied on a la chance d’être au rosé !
Mes chères lectrices retrouvent avec plaisir les mollets de mon ami Gibus dont elles ont été privées cet hiver.
Quand on voit la hauteur de ces falaises (environ 250 mètres) et que l’on sait que l’érosion fluviale en plaine est en moyenne de 30 millimètres par millénaire on a, ouvert devant soi, un livre d’histoire vieux de dix millions d’années.
Les gorges, qui sont une réserve naturelle nationale, abritent une végétation luxuriante et sont un lieu de vie pour de nombreuses espèces animales : Aigles de Bonelli, vautours percnoptères, faucons pèlerins, castors, loutres, circaète Jean-Le-Blanc, magicienne dentelée, chauve-souris...
Si le débit moyen de l’Ardèche n’est que de 65 m3/S, elle connaît des crues violentes appelées « coups de l'Ardèche » notamment à l’automne où elle peut atteindre 7 800 m3/s et son niveau monter à la cote record de 21,4 mètres dans les gorges. En témoignent les débris laissés dans les ramures des arbres lors de la dernière crue.
On se demande comment les arbres qui colonisent le haut des falaises et plongent leurs racines dans une mince couche de terre arable arrivent à résister aux vents violents qui parfois soufflent sur les hauteurs et à survivre à la canicule et à la sécheresse qui sévissent souvent l’été. Le règne végétal qui a permis à la vie animale de prospérer sur Terre nous survivra.
Nous choisissons pour pique-niquer un plan herbeux et fleuri qui offre une vue somptueuse sur les méandres de la rivière. Outre le clapotis de l’eau de la rivière, un doux bruit s’élève en l’honneur de notre belle amitié que je vous invite à écouter:
Après cette musique bacchusienne, nous consacrons quelques instants à la contemplation des frondaisons des arbres qui nous protègent du soleil ardent, nos rêves étant peuplés d’ondines qui vivent le long de la rivière.
Mais il est temps de repartir car un long chemin nous attend au fond des gorges et nous ne sommes plus assez sexy pour faire du canoë stop !
Jetons, en passant, un œil sur ces étonnants voyageurs : les cailloux des lits de rivières. Arrachés il y a des milliers, voire des millions d’années, à leur matrice originelle, il sont depuis lors, roulés, déplacés, rabotés par les crues successives. Lors des bas étiages, ils connaissent un peu de répit et restent entassés les uns sur les autres, de toutes formes et de toutes origines, avant de reprendre leur transhumance vers la mer. Ainsi vont aussi nos vies, de ci de là, cahin-caha, roulées par les eaux du destin.
La berge sur laquelle on progresse devient de plus en plus sauvage et l’on se sent un peu comme Pierre Savorgnan de Brazza ou David Livingstone explorant les fleuves africains.
Mais ici, aucune mauvaise rencontre n’est à craindre, le seul danger étant de buter sur une souche ou une pierre et de plonger la tête la première dans la rivière.
Cet arbuste qui a eu la malchance de naître dans une anfractuosité de rocher, se penche désespérément vers l’eau sans doute pour tenter de s’y désaltérer.
La pente s’affaiblissant, le cours de l’eau devient si lent et le reflet du ciel bleu si intense que la rivière en paraît solide comme un ruban d’asphalte.
Loin des turbulences et des turpitudes du monde, on a le sentiment d’être revenus au paradis. La Terre entière pourrait le devenir si les humains y mettaient un peu de bonne volonté.
Le lit de la rivière se rétrécit et la rivière en occupe toute la largeur nous obligeant à grimper sur un promontoire où le sentier par chance se poursuit.
Nous cheminons au dessus de la rivière, admirant le ballet de couleurs qui parcourent les eaux au passage des nuages.
Par endroits, les falaises sont percées de baumes (grottes) qui ont probablement servi d’abris providentiels aux humains de la préhistoire qui devaient affronter en ces lieux des animaux féroces, comme en attestent les dessins de félins, d’ours et de rhinocéros qui ornent les parois de la grotte Chauvet toute proche.
Notre balade au fond des gorges s’achève et nous allons remonter sur le plateau. Nous jetons un dernier coup d’œil à cette rivière aujourd’hui indolente mais qui, au cours de sa longue histoire, a occasionné cette majestueuse blessure à la Terre.
Le sentier que nous empruntons traverse une zone de micro climat humide qui favorise le développement des mousses qui habillent entièrement les ramures des arbres.
La vue de cette profusion de mousses, les kilomètres de marche aidant, nous fait penser à celle qui accompagne l’une des boissons préférées de nos amis wallons…..
que nous vous convions à partager avec nous……
Avant de vous dire au revoir et à l’année prochaine !
Je m'absente et répondrai à vos commentaires à mon retour
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Texte & Photos Ulysse
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