Eldorad-Oc

Je n’ai guère de penchant pour les anniversaires, les commémorations et les cérémonies,  mais il y a une tradition que je ne manquerais pour rien au monde, c’est notre rencontre annuelle avec nos amis wallons que j’ai connus grâce à ce blog, ces derniers - dont Marc qui n'est plus hélas des nôtres - étant des amoureux du Caroux, ma montagne «fétiche»! A vrai dire, il est difficile de ne pas devenir amis de ressortissants d’un pays qui a inventé les frites! Ainsi, depuis quelques années, nous retrouvons donc, avec l’ami Gibus et nos épouses, nos copains belges à Labeaume, joli village au pied du Sampzon mont tabulaire qui domine la région, où ils passent leurs vacances.

Pendant quelques jours, nous allons festoyer, les wallons n’ayant rien à envier aux gaulois en matière d’appétence pour les produits du terroir liquides et solides, et  baguenauder à la découverte de cette partie  de l’Ardèche qui ne manque pas d’attraits. Notre première balade nous mène à la découverte de la fontaine vauclusienne (résurgence) de Font Vive située non loin du village de Grospierres dont on voit ici l’élégante église située - c’est logique - au coeur des vignes du seigneur!

Cette résurgence est une merveille de fraîcheur avec ses eaux émeraudes (heureusement interdites à la baignade) que j’aurais presque envie de boire, moi le disciple de Bacchus! Elle donne naissance au ruisseau du Vébron, nom peu poétique et guère en rapport avec la beauté des lieux. 

Nous voici aux abords du joli village de la Bastide de Virac que domine le superbe château des Roure qui abrite aujourd’hui une magnanerie pédagogique. En 2019, le propriétaire du château a construit le plus grand trébuchet du monde avec l’aide d’artisans locaux. Cette machine de guerre était l’arme la plus puissante du moyen-âge. Celui-ci mesure 21 mètres de haut, la masse du contrepoids est de 15 tonnes, celle des boulets de 100 kgs et la portée maximale de 2 kilomètres. Cette arme est certes impressionnante mais ne serait d’aucun secours si nous étions confrontés à un envahisseur, ce qui n’est pas à exclure vu le nombre de malades mentaux à la tête de nombreuses nations.

Pour l’heure, les seuls assaillants de cette forteresse sont de pacifiques vignes vierges et lierres qui confèrent au site un charme romantique.

Les ardéchois, comme les aveyronnais, ont un réel souci esthétique pour leurs habitations, comme on le voit chez ce vigneron, au contraire de nombreux héraultais qui feraient bien d’y aller faire un tour pour prendre des leçons en ce domaine! 

Nous partons à la découverte du dolmen du Calvaire situé sur la commune de St Alban d’Auriolles. Le sentier longe au départ un bosquet de gigantesques cèdres dont on se demande comment ils ont pu tirer leur substance du sol rocheux ardéchois !

Très vite, nous atteignons un plateau herbeux fleuri qui nous réconforte après la menace de sécheresse du début de printemps que d’abondantes pluies tardives ont conjuré. Dans l’Hérault où je vis elles font, hélas, encore défaut.

Un chêne rouvre de nature affectueuse s’est malicieusement installé au milieu d’une draille afin que les randonneurs soient obligés de l’enlacer en passant. Les arbres sont magiques qui, grâce à leurs feuilles dotées de chloroplastes, produisent l’oxygène que nous respirons. 

Nous arrivons à l’impressionnant dolmen du Calvaire dont le site a malheureusement été pillé et n’a livré aucun artefact de l’époque où il été construit. La "gueule"noire des dolmens me fait immanquablement penser aux trous noirs de l'univers dont certains astrophysiciens pensent qu'ils sont la porte d'entrée vers d'autres univers. Celle des dolmens nous ramènent cinq mille ans en arrière !

Le retour se fait par une confortable piste forestière ombragée par de vénérables cèdres.

Nous voici devant la belle église romane de Larnas située sur un plateau recouvert de lavandes qui, malheureusement, n’étaient pas encore fleuries lorsque nous sommes passés.

C’est l’un des plus beaux exemples de sanctuaire dont le plan dit en croix latine, ou bénédictin, fut très en faveur au XIIème siècle en Vivarais méridional.

Nous arrivons au pied de la cité médiévale de Saint Montan dont l’histoire de la renaissance est exemplaire. Cette cité était effectivement en ruine au début des années 1970 et désertée par ses habitants. Grâce à l’action de l’abbé Arnaud*, aidé par l’association des bâtisseurs de Lyon spécialisée dans la restauration des monuments anciens, cette cité a retrouvé, après une cinquantaine d’années de travaux incessants auxquels ont participé des milliers de bénévoles, une grande partie de son aspect d’antan et une centaine d’habitants y vivent à l’année. Mr Armand a pris la relève dans le cadre d’une association qu’il a créée.

Le résultat de ces initiatives est époustouflant: tous les bâtiments ont retrouvé leur aspect d’antan, leur restauration ayant été effectuée en utilisant les matériaux et les techniques d’autrefois.

De belles demeures coexistent avec les immeubles modestes.

On ne dénote aucune fausse note dans cette réhabilitation exemplaire.

Et chose plus rare encore, on n’y voit aucune de ces boutiques à chinoiseries qui fleurissent dans les villages dits traditionnels en d’autres régions. Parlant de chinoiseries, prenons conscience, pendant qu’il est encore temps, que «l’empire du milieu» ne vise rien moins que de dominer et de soumettre le monde à sa férule communiste par le biais des nouvelles routes de la soie!*

*Le fascinant et effrayant roman «La femme au dragon rouge» de JR Dos Santos basé sur des faits et des témoignages de personnages réels, dont je vous recommande la lecture,  nous lance un cri d’alarme sur le sujet. 

Seuls quelques artisans et artistes locaux  ont ouvert des échoppes qui vendent des produits «nobles».

Dans le haut du village se dressent des ruines romantiques que domine le donjon du château.

L’intérieur a été réaménagé et permet le déroulement de journées pédagogiques sur la vie au moyen âge pour les enfants des écoles.

On y découvre le mobilier de l’époque…..

…ainsi que l’équipement sanitaire réservé, bien évidemment, aux châtelains! Mais tous les nobles n'étaient pas aussi soucieux d'hygiène. Rappelons que du temps de Louis XIV, qui a ruiné la France et que les crétins vénèrent, les salons de Versailles étaient pollués par les excréments et les nobles se poudraient et se parfumaient pour masquer leurs odeurs corporelles pestilentielles.

On y découvre une reproduction de l’une des six tapisseries qui constituent la tenture dite de la Dame à la Licorne, chef d’oeuvre de la Renaissance française conservée au musée de Cluny à Paris. Cinq de ces représentations forment une allégorie des cinq sens, symbolisés par l'occupation à laquelle se livre la Dame :

• le toucher: la dame tient la corne de la licorne dans sa main ainsi que le mât d'un étendard.
• le goût: la dame prend ce qui pourrait être une dragée d'une coupe que lui tend sa servante, et l'offre à un oiseau ;
• l’odorat: pendant que la dame fabrique une couronne de fleurs, un singe respire le parfum d'une fleur, dont il s'est emparé ;
• l'ouïe: la dame joue d’un petit orgue;
• la vue : la licorne se contemple dans un miroir tenu par la dame ;

La sixième tapisserie, que l’on voit ici, où est inscrite la formule «mon seul désir» sur le fronton d’une tente, représente le sixième sens, c’est à dire celui de l’intuition, typiquement féminin cela va de soi !

Nous quittons ce joli village dont les ruelles ont conservé le pavage ancien ce qui nécessite de porter de bonnes «galoches» si vous comptez le visiter !

Nous voici maintenant devant le portail de l’élégant château de Saint Thomé édifié au XIIième siècle et agrandi au XVIème et nous n’en franchirons pas le seuil car ce château est la propriété de la famille Mercoirol de Beaulieu qui ne le fait pas visiter. Cela dit, ce château est certes beau à voir, mais la vie de château ne me fait pas rêver!

Construit sur un piton rocheux, le village de Saint Thomé, où nous nous rendons, occupe un emplacement stratégique au confluent de l'Escoutay, du Dardaillon et de la Nègue. Nous prenons plaisir à baguenauder dans ses ruelles tortueuses bordées de maisons anciennes.

Ce village est loin de l’agitation  effrénée du monde, ce que l’un des ses habitants a exprimé d’une manière humoristique dans une déclaration affichée sur l’un de ses volets.

Pour vivre heureux vivons cachés semble être la devise des gens du village qui sont avertis des éventuelles visites au son d’une cloche! Ici on n’est pas prêt d’entendre parler de ChatGPT! 

Notre séjour, hélas, s’achève et nous vous donnons rendez vous à l’année prochaine !

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Je vous invite à écouter ma chanson

J'aurais aimé....

Sur mon blog Canta-la-Vida

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TEXTE & PHOTOS ULYSSE