Rencontre franco-belge sur les chemins de l’Ardèche
Alors que les relations internationales sont, depuis quelques années, malmenées par une poignée de dictateurs et de guignols qui sans vergogne mentent et foulent au pied les traités et les droits de l’homme, nous tentons, avec quelques amis belges, de mettre un peu de cordialité dans ce monde de brutes. Ainsi, chaque année nous nous réunissons quelques jours pour raviver et célébrer l’amitié franco-belge, ces deux peuples un peu foutraques qui ont donné au monde le premier : les cornichons en bocal (il y en a aussi beaucoup en liberté !) et le second les frites. L’aube se lève sur ce jour heureux quand nous nous apprêtons à vivre ce grand moment de fraternité.
Le soleil, ce roi habituellement indifférent aux affaires humaines, daigne nous offrir sa lumière sans l’ombre d’un nuage.
L’Ardèche, où a lieu notre réunion, est une région rude, constituée de montagnes arides et de plateaux pierreux entaillés de gorges vertigineuses.
Les conditions de vie difficiles n’ont pas empêché les hommes de s’y installer et d’y développer envers et contre tout des cultures et des zones d’élevage. La robustesse de leurs outils témoigne de leur courage. Elle est aussi à l’image de notre amitié forgée grâce à une rencontre fortuite par le biais de ce blog avec Marc, notre cher ami qui n’est hélas plus des nôtres.
Les anciens n’ont pas ménagé leur peine pour tracer partout des chemins bordés de magnifiques murs en pierre qui ont une autre «gueule» que les hideux murs en parpaings qui défigurent nos villages de l’Hérault (je sais je fais une fixation et il faut vous y résigner !)
Quel bonheur de cheminer sur les pas de ces «fantômes» dont le travail titanesque nous permet de jouir de la nature sans en subir les duretés et les aléas.
En suivant ce sentier, nous remontons près de trois siècles en arrière comme en témoigne cette pierre où est gravée 1721, l’année de la banqueroute de la Compagnie d’Occident fondée par le ministre des finances de la France John Law. C’est aussi celle du décès de Watteau et du criminel Cartouche et de la naissance de la future madame de Pompadour, née Poisson, une bonne pêche pour Louis XV qui en fit sa maitresse et pour laquelle il fit construire le petit Trianon. Pour les générations futures 2020 sera celle où des milliards d’humains ont joué à cache-cache avec un virus venu de l'empire du Milieu comme bien d'autres cochonneries que pauvres naïfs nous achetons sans réfléchir.
Si les pierres témoignent parfois de l’histoire des hommes, elles servent aussi de support aux diverses manifestations de la nature tel cet enchevêtrement de lierre, de mousse et de divers lichens, superbe patchwork végétal.
L’aridité et la dureté du sol n’ont pas découragé les arbres de s’y implanter, témoignage de la phénoménale vitalité du monde végétal qui le premier a colonisé la planète et nous survivra quand nous aurons rejoint la longue liste des espèces disparues.
Dans ce pays aride on n’est pas surpris de rencontrer, au lieu de nos bonnes vieilles vaches habituelles, des mammifères plus exotiques accoutumés au milieu pauvre et pierreux des Andes.
L’exotisme est aussi dans le nom des villages comme celui de Montréal d’où nous partons pour randonner.
La première mention de Montréal remonte à la fin du XIIème siècle. Son implantation en un lieu élevé semble liée à la présence de mines d'argent de Largentière dont il contrôlait l’un des accès.
Vêtus de pied en cap, sauf l’ami Gibus qui randonne toujours en tenue « Guadeloupéenne », nous voilà partis pour une balade dans les environs.
Les ardéchois ne mégotent pas pour construire leurs maisons vu que les matériaux leur sont offerts par la nature. Certes il faut tailler ces pierres mais une fois ouvragées elles permettent aux édifices de traverser les siècles.
Nous voilà partis sur ces chemins creux qui traversent un paysage de collines couvertes de bois, d’oliveraies et de vignes !
Car l’Ardèche produit du vin et du bon. Nous sommes ici dans les coteaux du Vivarais et la proximité avec la Montagne Ardéchoise offre des nuits fraîches tranchant avec la chaleur du jour, contraste propice à des vins d’une grande qualité de fruit.
Les vignes qui aiment les terrains pierreux ont ici une telle vigueur qu’elles partent à l’assaut des oliviers qui les bordent.
Qui n’aurait envie de passer une nuit dans ce mazet avec sa belle en dégustant une bouteille de coteaux du Vivarais et en regardant le clair de lune…. et plus si affinité ?
N’ayant pas pris nos pyjamas, nous poursuivons notre chemin sous le frais ombrage de chênes et de châtaigniers.
Par endroits la forêt laisse entrevoir un pittoresque paysage montueux et arboré où le damier de cultures se déploie au creux des vallons.
C’est un pays de sentiers faciles hormis quelques pentes qui ont été équipées, par ceux qui les ont tracés, de marches de pierre quelque peu malmenées par l’érosion.
Un rocher est venu obstrué le sentier que Gibus ne juge pas utile de déplacer, vu qu’il est possible de le contourner. L’âge aidant on économise ses forces et on la conserve pour des gestes indispensables comme lever le coude !
Nous traversons l’harmonieux village de Laurac dont l’église comporte un toit de tuiles vernissées qui lui donne un aspect bourguignon.
Un modeste ruisseau le Toufache traverse le village où seules quelques grenouilles peuvent aujourd’hui songer à se baigner.
Mais dans les années 50 grâce à une écluse, il était utilisé comme piscine par les habitants du village dont les bords étaient aussi bondés qu’aujourd’hui les plages de la Méditerranée.
Les gués qui en traversent le cours modeste nécessitent néanmoins un certain sens de l’équilibre.
Au passage on admire la beauté de son "lit" magnifié par une algue rouge, où dérivent lentement quelques feuilles mortes ou arrachées par le vent. Si l'on y prête attention, dans la nature, la beauté est partout autour de nous et à nos pieds.
Nous pique-niquons près de cet ouvrage hydraulique alimenté autrefois par une source aujourd’hui quasiment asséchée.
Comme est également très vite asséchée la bouteille de coteaux du Vivarais qui accompagne nos agapes. Une bouteille pour dix, me direz-vous, c'est peu, mais si Modération nous accompagne c'est pour qu'elle se fatigue et qu'elle se couche tôt ce soir et nous laisse fêter dignement nos retrouvailles.
Mais même si Modération est des nôtres, il y a une tradition préconisée, tant par le corps médical gaulois que belge, et que l'on respecte scrupuleusement, qui est de mettre le corps au repos pour mieux digérer, nous préparant ainsi pour les agapes du soir.
Nous achevons notre balade dans les pas de l’automne qui approche et qui sème l’or dans les sous bois.
La nuit tombe prélude aux festivités qui commencent par l’ouverture de quelques bouteilles de champagne, le breuvage idéal pour célébrer notre amitié ! Nous nous sommes assurés que Modération dormait profondément. Que la fête commence !
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Texte & Photos* Ulysse
*sauf 12ème site internet de la mairie de Montréal