Réunion de vieilles guibolles à Caissenols
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Le passage des ans m’a obligé à renoncer à bien des plaisirs comme sauter de l’armoire, faire la fête jusqu’à l’aube et rester frais comme un gardon, se désaltérer au Ti Punch et garder les idées claires, mais heureusement pas celui de marcher ! Et nous sommes un groupe de « vieilles guibolles » qui jouissons encore de ce plaisir. Nous nous retrouvons une fois ou deux l’an pour faire une randonnée et aujourd’hui nous avons choisi pour objectif le refuge de Caissenols. Celle ou celui qui décide là haut de la météo nous gratifie, en cours de route, d’un magnifique arc-en-ciel qui jaillit des montagnes où nous allons randonner. Ce phénomène s’accompagne généralement de pluie mais la pluie n’arrête pas les (même vieux) pèlerins !
Au début de la randonnée, une pluie fine, effectivement, nous accompagne dont ne nous protège guère le feuillage des châtaigniers clairsemé par l’automne.
Mais une fois sortis du couvert forestier, la pluie cesse et les rayons du soleil traversant l’air encore humide nous gratifient d’un nouvel arc-en-ciel !
Et il porte bien son nom car il parcourt le ciel d’un bout à l’autre comme une arche ouvrant sur le paradis ! Et nous sommes effectivement au paradis car ici tout n’est que beauté et sérénité que ne troublent que les battements d’ailes des anges ! Fort heureusement les "nemrods" ne sont pas de sortie, sinon je ne donnerais pas cher de leur plumes à ces pauvres anges.
Subjugués par cette vision céleste, nous ne prenons pas garde à la panthère juchée sur le haut d’un rocher mais celle-ci est également absorbée dans la contemplation de cet intrigant phénomène et nous ignore fort heureusement. Sa vue aurait ravi Sylvain Tesson et Vincent Munier qui ont passé de longs mois à traquer la panthère des neiges au Tibet et dont je vous invite à lire leurs merveilleux récits*, à vous faire offrir pour Noël si les rennes du père Noël veulent bien se mettre au boulot (Voir mon article sur mon blog Palabres).
*La Panthère des neiges Sylvain Tesson (Editions Gallimard Prix Renaudot 2019 18€) & Tibet minéral animal de Vincent Munier (Editions Kobalann PhotosV. V.Munier Textes S.Tesson 65€).
Nous passons près du portail de Roquandouire, vieux chicots de Gaïa notre planète qui fait sa coquette dans sa tunique automnale en technicolor.
Oui, Gaïa n’est jamais aussi belle qu’en automne, sans doute pour nous faire comprendre que la vieillesse est un âge d’or car l’on chemine alors d’un pas plus lent qui nous conduit à mieux jouir de la beauté du monde.
Une brume enveloppe les sommets, voile pudique sur les tétons de Gaïa que le soleil, amant généreux, caresse de ses rayons.
Qu’il est beau ce peuple des arbres, qui sont parmi les premiers habitants de Gaïa et auxquels on doit notre existence. On découvre aujourd’hui peu à peu leur complexité et leur « intelligence ». On devrait s’inspirer de leur solidarité et de leur tolérance, eux qui se côtoient aussi divers en bonne intelligence.
Les pluies de l’automne ont fort heureusement rechargé les torrents que la sécheresse estivale avait asséchés. Leur présence ajoute une douce et fraîche musique au plaisir de notre randonnée.
Nous marchons espacés les uns des autres, chacun perdu dans sa méditation en symbiose avec son environnement, connectés à l’énergie vitale qui anime tous les atomes du monde minéral, végétal et animal.
Nous pénétrons de nouveau dans une châtaigneraie plantée et cultivée par les anciens et dont les fruits constituaient une part importante de leur nourriture, notamment en hiver. La jeune génération a de la peine à imaginer que les hommes n’ont pas toujours eu un supermarché à leur porte et un téléphone dans leur poche !
Dure et frugale était la vie des gens qui ont vécu derrière cette porte mais elle n’était pas exempte de joies, de rires, de chansons et de fraternité. Elle était sans doute plus enviable que « l’ultra moderne solitude» de certains de nos concitoyens, chantée par Alain Souchon.
Nous arrivons au refuge de Caissenols le Haut, merveilleuse bâtisse restaurée par une association pour le plus grand bonheur des randonneurs qui passent. Que ses membres en soient remerciés.
Et voici la bande de vieilles guiboles célébrant cette belle journée de randonnée et qui profitent de l’occasion pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année.
La chaleur d’un feu de bois s’ajoute à la chaleur humaine, ce bien précieux dont les gens ont bien plus besoin que de l’argent, comme le chante Fabienne Thibeault dans sa merveilleuse chanson.
Mais l’heure tourne et bien que l’on aimerait prolonger ce moment, il est temps de repartir car le soleil se fatigue vite en hiver s’épuisant à réchauffer l’air venu des zones polaires. Il n’illumine plus que la cime des montagnes et des arbres.
Mieux vaut ne pas s’attarder au crépuscule en montagne car c’est le moment où sortent toutes sortes de gnomes et diablotins que fait fuir le soleil. Ce n’est pas qu’ils soient méchants mais ils s’amusent à vous faire trébucher ! C’est marrant de voir de vieux randonneurs tenter de se relever !
Nous arrivons toutefois sans encombre au col de Roquandouire d’où nous apercevons le village d’Andabres d’où nous sommes partis.
Un chemin tranquille va nous y ramener tandis que le soleil plonge peu à peu la montagne dans la pénombre. Gaïa notre coquette planète jouit encore quelques instants des caresses de son amant fatigué.
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Je vous invite à aller faire la fête sur mon blog musical
Canta-la-Vida
avec ma nouvelle chanson
" La casa de Maria "
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Texte & Photos Ulysse
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