Rêverie vespérale au bord du bassin de Thau
Nous voici à l'heure vespérale avant que le monde ne se dissolve dans l'encre de la nuit. Le soleil se glisse dans sa couette de nuages qui engloutit les lambeaux de ciel bleu qui subsistent vers l'occident, alors que ses derniers rayons se noient dans le canal du Midi.
Deux voiliers, las de leur immobilité, attendent de prendre le large. Des promeneurs au loin contemplent le rivage, puis les voiliers: cèderont-ils à cette invitation au voyage? Et toi cher(e) lecteur ou lectrice n’as tu pas envie de larguer les amarres et de partir? Là bas, loin, très loin derrière les collines mauves se trouve Cipango le pays aux toîts d’or. Mais l’or justifie-t-il le voyage? Ne part-on pas plutôt pour se trouver ?
Nous arrivons au phare des Onglous posté à l’entrée du Canal du Midi dont le fil d’eau virtuel se poursuit jusqu’à Sète, ville édifiée sur le Mont Saint Clair que l’on aperçoit de l’autre coté du bassin. Son lampion est pour l’heure éteint car c’est un noctambule. Mais quand la nuit viendra, il fera de l’œil à son ami la lune. Dans le ciel passe une mouette, petite boule de vie dans cet univers figé. A-t-elle conscience de sa beauté ?
Les pierres manquantes sur le chemin qui mène au phare et la rambarde en partie démantelée témoignent des tempêtes que le bassin affronte l'hiver. Qui le croirait à voir cette eau immobile, vaste miroir où le phare aime à se contempler ?
Dans cette petite mer intérieure, il n' y a jamais eu de naufrage et le phare n'est là que pour aider la nuit les marins à trouver leur chemin et ne pas s'enliser sur les hauts fonds du bassin.
Englués dans la routine de notre quotidien aux horizons bornés, l’infini de l’horizon marin nous fascine et nous rappelle la singularité et la puissance de notre esprit capable de l’appréhender. Les poissons qui y nagent ont-il conscience que la mer est vaste ?
Les piquets qui tendent les filets qui traversent l’étang sont plus hauts que le Mont Saint Clair: magie de la perspective ! Prenez du recul par rapport à vos soucis, vous les verrez s’amenuiser !
Sous la lumière rasante l’eau perd sa transparence et apparaît si dense que je suis un instant tenté d'y marcher. Mais étant un homme de peu de foi je ne m’y risque pas !
Le soleil décline et le bassin devient une copie conforme du ciel. les reflets ont plus d’intensité que le monde réel. Ne vivons nous pas quand nous rêvons et ne rêvons nous pas quand nous croyons vivre ?
C’est l’heure où surgissent du fond des eaux les bateaux fantômes. Mais il faut ne pas succomber à la tentation de monter à bord si l’on ne veut pas s’endormir à jamais dans les bras d'une sirène.
L’or du soleil a déteint sur sa couette de nuages dont le reflet illumine les eaux du bassin de Thau.
C'est l'heure où la contemplation du paysage nous fait partir en voyage au delà de l'horizon.
Nous voguons alors en silence vers le lieu où le soleil sombre. Et soudain nous étreint l'angoisse qu'éprouvaient les anciens égyptiens: reviendra-t-il demain ?
Je vous invite à écouter ma chanson
Dis papa y a t-il un monde ?
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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