Scène de crime sur la route de Coumiac
Les blogs sont en perte de vitesse, considérés comme un médium ringard seulement prisé par les «seniors» au rancart alors que les ados et les classes dites «actives» privilégient les réseaux sociaux où les comportements sont, en fait, souvent associaux! Aussi pour attirer de nouveaux lecteurs, je me suis dit qu’un titre «choc» serait un appât parfait pour les moteurs de recherche plutôt axé sur les maux de l’humanité que les nouvelles réjouissantes (quand il y en a !). Cela dit, j’entends rassurer les âmes pacifiques et sensibles, qui constituent la majorité du lectorat de mon blog, que le crime en question n’a rien de glauque et qu’il est dans l’ordre des choses naturelles, comme vous le verrez plus avant. Poursuivez donc votre lecture sans crainte d’être choqué. Me voilà donc parti, en ce frais matin de janvier, pour un long circuit à travers le vaste plateau montueux biterrois passant par les superbes carrières de marbre de Coumiac. Le ciel est envahi par ces merveilleux et fantasques voyageurs que sont les nuages, dont l’un semble vouloir m’engloutir.
Mais si les nuages peuvent parfois causer des drames en larguant leur cargaison d’eau, ceux là sont inoffensifs et ne font que me priver temporairement des réconfortants rayons du soleil matinal.
Ils créent un jeu d’ombres et de lumières sur le paysage à l’image de nos vies qui connaissent des jours sombres quand les soucis nous accablent et d’autres lumineux, comme ces jours célébrés par le poète Aragon dans son poème « un jour, un jour… »: Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange, un jour de palme, un jour de feuillages au front, Un jour d’épaule nue ….Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Je passe devant le domaine viticole du Château Viranel créé en 1551 et dont l’actuelle et superbe bâtisse édifiée en 1911 est de style art déco. La qualité des vins est à la hauteur de la beauté de ce domaine et j’ose dire que si le vin, comme le prétendent des pseudos hygiénistes, était un poison pour la santé cela ne ferait pas des millénaires que l’humanité et les dieux comme Bacchus, Dyonisos et, ce que l’on sait moins, Osiris, en consommeraient.
Je poursuis mon chemin en me dirigeant vers Cessenon-sur-Orb installé sur une colline qui domine la rive droite de ce fleuve. Les vignes ne sont encore que des moignons de bois dépourvus de sarments et de feuilles après leur taille hivernale.
Mais une grande partie de la végétation méditerranéenne, constituée de chênes verts, oliviers, arbousiers, pins etc... dont le feuillage est persistant, arbore des frondaisons vertes qui égaient le paysage. Ici les hivers n’ont pas le visage de l’hiver !
Comme souvent, au cours de mes balades, je ne croise que des animaux domestiques comme ces deux sympathiques Clydesdale, chevaux de trait écossais dont la couleur de la robe fait tout naturellement penser à un noble whisky. Si le whisky était aussi un poison, il n’y aurait plus d’écossais ni d’irlandais sur Terre !
Je passe devant une modeste capitelle dont la gueule noire aurait bien des histoires à raconter, peut être celle d’amours adolescentes ou clandestines, les hôtels de passe étant peu courants dans les campagnes !
Je me rapproche des bords de l’Orb dont les rives humides sont propices au développement des aulnes, saules, trembles et peupliers dont les ramures dépouillées illuminent le paysage
Et c’est là où je tombe sur ma scène de crime : un volatile tué, sans doute, par maître renard qui n’en a laissé que des plumes. C’est la loi de mère nature qui veut que certains doivent tuer pour manger. Seuls sont condamnables ceux qui tuent pour le plaisir de tuer.
Je trouve un endroit idéal pour pique-niquer, une plagette encailloutée au bord de l’Orb non loin de rapides qui font entendre leur joyeuse chanson.
Ce fleuve, aujourd’hui paisible, mais qui peut connaître des crues catastrophiques, dont la dernière en 2022, a patiemment taillé sa route dans un pittoresque plateau rocheux.
Grâce aux cours d’eaux, les cailloux voyagent et se retrouvent le temps d’une pause sur leurs rives se racontant, dans leur mystérieux langage, les lieux d’où ils viennent. En les foulant on se trouve dans des dizaines d'endroits différents !
Pour ma part, étant un peu fakir, je m’en fais une litière et m’y allonge pour une petite demi-heure de sieste et compte les «mouton-nuages» pour m’endormir.
Je quitte les bord de l’Orb et rejoins le haut du plateau rocheux pour me diriger vers les carrières de marbre de Coumiac.
J’arrive sur le site de la carrière qui semble avoir été abandonné la veille car des blocs de marbre sont empilés à l’entrée prêts à être enlevés.
Ce marbre résulte de sédiments formés au fond d’une ancienne mer il y a 360 millions d’années et colorés par de l’oxyde de fer, que la surrection des Pyrénées, il y a quarante millions d’années, a dressés à la verticale.
Les premières extractions de "plaques" de la carrière de Coumiac remontent aux environs du VIe siècle pour édifier des tombes. Plus tard, d'autres plaques furent extraites au XIVème siècle pour l’édification du château couronnant le sommet du Castelas forteresse dont le tertre domine la carrière. L'histoire du site demeure floue pendant des siècles. Puis en 1890 débute une exploitation industrielle qui dura jusqu'en 1965, date d'épuisement des veines commercialement exploitables.
Le marbre extrait avait une très grande renommée étant donné sa valeur esthétique après polissage et décore, entre autres, des bâtiments de prestige comme la "Chambre Rouge" de la Maison Blanche à Washington et la Maison de France à Rio de Janeiro.
Je poursuis mon périple à travers vignes et garrigue en passant au pied d’une ancienne habitation dont les murs en ruine luttent vaillamment contre l’effet délétère du temps. En passant près de ces lieux, j’ai toujours une pensée pour ceux qui y ont vécu et ceux-ci me soufflent alors à l’oreille « Jouis pleinement de l’instant qui passe, ne le gaspille pas à des futilités, il est plus tard que tu ne penses ! ».
Et oui, pour vivre pleinement, il faut se dire, en se levant chaque matin, que c’est peut être notre dernier matin…
…et le dernier sourire et le dernier baiser que l’on donnera à celui ou celle que l’on aime…
…ou notre dernière randonnée et nos derniers battement de coeur avant que nos atomes ne rejoignent le ballet éternel de l’univers qu’ils avaient un instant quitté ! Carpe diem ! Bon cela dit j’espère que ce ne sera pas le dernier article de mon blog !
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Je vous invite à écouter ma chanson
Où es tu ?
Sur mon blog Canta-laVida
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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