Eldorad-Oc

Eldorad-Oc

Du Vialay à la montagne d’Aret

 

IMG_7096

 

Je prétends souvent, dans mes récits de randonnée, bien connaître les sentiers du Caroux et pourtant, dans cette virée qui devait nous mener du vallon du Vialay à la montagne d’Aret, via le pas de la Lauze, je me suis lamentablement planté. C’est sûr qu’un robot piloté par une IA ne serait pas trompé mais grâce à cette erreur humaine on a passé, Jo et moi, un bon moment de  «bartassage» * jouissif et de rigolade alors que le jour où l’on entendra une IA éclater de rire n’est pas, à mon humble avis, pour demain.

 

* bartasser est un verbe occitan qui veut dire errer dans les broussailles sans savoir où l’on est. J'invite celles et ceux intéressés par l’occitan à consulter le dictionnaire de Robert Geuljans

 

IMG_7099

 

Le sentier de descente vers le torrent du Vialay est bordé de chaos rocheux où une vieille haridelle a trouvé refuge, fuyant l’abattoir où elle devait finir ses jours. C’est souvent ainsi, hélas, que finissent les pur-sangs qui ont couru pour les humains sur les champs de course et leur ont fait parfois gagner des fortunes. Ainsi sommes nous ingrats et cupides maîtres du monde.

 

607680279

 

Heureusement, certains d’entre eux échappent à ce sort funeste comme ces chevaux laissés en liberté sur le Caroux que nous avions rencontrés lors d’une randonnée avec ma petite fille Emilie et que j’avais également admirés un jour d’hiver glacial il y a quelques années.

 

IMG_7101

 

Nous descendons vers le col du Salis, bien emmitouflés, car l’hiver est enfin arrivé dans le Sud apportant un air glacial bienvenu qui devrait nous débarrasser des larves de moustique et freiner le développement des chenilles processionnaires qui infestent les forêts.

 

IMG_7103

 

La neige est tombée sur les Pyrénées que l’on aperçoit au loin dominées, dans leur partie orientale, par le Canigou, nom curieux pour une montagne dont l’homonyme est une nourriture pour chiens!  Comme dirait les catalans : Per què es diu Canigó, Canigó ? (Pourquoi le Canigou s’appelle-t-il Canigou?) Et bien l’origine en est fort intéressante et ne correspond en rien à l’explication farfelue que l’on en donne généralement qui est que «Canigou» voudrait dire en catalan «en forme de dent de chien» alors que «chien» en catalan se dit «gos». De fait, ce nom viendrait des Phéniciens qui, au VIème siècle avant notre ère, ont fondé Pyréné dans l’anse de Collioure dont l’arrière pays est dominé par le Canigou. Car pour les phéniciens, kan, signifiait montagne. Pour exprimer la grandeur de cette montagne détachée du massif environnant, ils ont ajouté un superlatif (Kan) soit Kankan (prononcé Kanigan) le Mont des Monts repérable de loin par ces intrépides marins. Le Kanigan des Phéniciens, se transforma en grec, qui s’établirent plus tard dans la région, en Kanigon ( gon signifiant en forme de cône). Voilà comment en utilisant ses pieds, on fait aussi marcher sa tête !(source la Gazette Catalane)

 

IMG_7104

 

Je ne sais pas si vous avez connu ce sentiment délicieux d’être seul en montagne, un matin d’hiver, et de marcher sans autre but que de jouir de la beauté environnante alors que, sur la planète, des milliards d’humains mènent frénétiquement leur existence dans des environnements urbains souvent lugubres et pollués - comme je l’ai aussi vécu dans le passé - pour faire tourner la machinerie économique. C’est en ces précieux instants que mon âme s’épanouit et jouit avec le plus d’intensité de l’existence.

 

IMG_7111

 

Ayant rejoint le sentier qui surplombe le torrent du Vialay, nous croisons un bienfaiteur des randonneurs, c’est à dire un baliseur qui met en place et entretient des sentiers balisés gérés par la Fédération Française de randonnée. Ils seraient ainsi 8000 bénévoles en France qui font une oeuvre que je considère d’intérêt public et que je remercie chaleureusement. 

 

IMG_7114

 

Nous cheminons au coeur d’une forêt de hêtres dont les troncs illuminés par le soleil rasant semblent danser autour de nous.

 

DSCN2235

 

Nous nous arrêtons pour pique-niquer là où le sentier traverse le Vialay sur une passerelle. Une cascade nous y invite à une revigorante baignade. Comment résister à une telle tentation! De fait, il y trois circonstances qui font battre à tout rompre mon coeur : l’amour, les grimpettes et les bains hivernaux dans les torrents. Essayez ! C’est  gratifiant.

 

IMG_7128

 

Puis, nous nous engageons sur le sentier qui mène au pas de la Lauze et qui passe le long d’un ancien moulin, ruine inattendue si loin de toute habitation. Les anciens devaient y descendre en chargeant le grain puis la farine sur des ânes ou des mulets. Il est certain que les activités humaines d’alors n’émettaient pas de CO2 à part le pet des ânes et autres animaux de somme! Curieux ce dernier mot, me direz vous, qui, à priori, n’a rien à voir avec le sommeil! De fait, depuis le XIIème siècle la somme est la charge, le fardeau que peut porter un cheval, un mulet, etc. Par glissement de sens, à la fin du XVI esiècle, la locution bête de somme est utilisée pour désigner «un animal propre à porter des fardeaux». De ce mot dérive le mot «sommier» à signification analogue ainsi que l’expression «faire un somme». Etonnante la langue française, non !

 

IMG_7132

 

C’est juste après ce moulin que nous nous égarons n’ayant plus le souvenir que le sentier traversait le torrent alors que nous continuons à en suivre la rive droite.

 

IMG_7133

 

Nous sommes trompés par une vague sente qui semble cheminer le long du torrent et qui, en fait, est sans doute un itinéraire suivi par les animaux sauvages des lieux.

 

IMG_7138

 

Mais le terrain devient de plus en plus pentu et toute trace disparaît, tenaces, nous poursuivons néanmoins espérant retrouver le sentier un peu plus haut.

 

IMG_7145

 

Les obstacles se multiplient qui nous contraignent à des acrobaties que nos vieilles articulations n’apprécient guère.

 

IMG_7142

 

Et les lieux sont pleins de chausse-trappes où nous sombrons en rigolant.

 

IMG_7144

 

Nous parvenons au pied de chaos rocheux qui nous convainquent que l’on s’est complètement fourvoyés et comme l’a écrit Saint Augustin dans ses sermons: Errare humanum est, perseverare diabolicum ! Non pas qu’en persévérant on risquait de finir en enfer, mais bon nous étions partis pour passer la nuit en montagne !

 

IMG_7159

 

Nous décidons alors de rebrousser chemin et de grimper vers la montagne d’Aret par le sentier qui rejoint le col de l’Ourtigas que nous connaissons bien.

 

IMG_7160

 

Sur cette montagne, le sentier trace son fil d’Ariane qui nous permet de cheminer en toute sérénité en jouissant du paysage environnant.

 

IMG_7161

 

Ainsi, allons nous frêles humains en ce milieu montagnard sauvage et inhospitalier où contrairement à nos ancêtres nous ne saurions survivre plus de quelques jours. D’éprouver ce sentiment de fragilité nous fait apprécier de nous réveiller chaque matin vivant et (à peu près) en bon état de marche …..

 

*****

 

Je vous invite à écouter ma chanson

 

T'es trader....

 

078328

 

Sur mon blog Canta-laVida

(lien dans la barre de titre)

 

TEXTE & PHOTOS ULYSSE



28/01/2024
14 Poster un commentaire

A découvrir aussi