Sur les chemins autour de Faugères….
En mai, dit-on, fais ce qu’il te plait! Et avec le printemps qui s’est enfin installé dans le sud, ce qui me plait est de partir sur les chemins au coeur de la nature qui exulte après son endormissement hivernal. Cette vitalité retrouvée par le monde végétal est communicative et ravive la vigueur de mes muscles et articulations qui arpentent la terre depuis plus de trois quarts de siècle! Autant dire que ça fait un bail !
Nous partons de Faugères, l’un des hauts lieux du vignoble languedocien. Cette appellation contrôlée n’a certes pas plus de quarante ans mais, déjà au 18e siècle, le médecin de la faculté de Montpellier, Arnaud de Villeneuve, se servait de la Fine de Faugères comme médicament. Parmi mes vins préférés de l’appellation figurent ceux du Château des Estanilles.
Vous serez sans doute étonnés de voir des herbes envahir des rangs de vigne mais l’appellation Faugères est à la pointe en matière d’agriculture biologique et l’enherbement représente une source importante de matières organiques qui favorisent la vie biologique du sol. Il a aussi un rôle structurant qui permet d'augmenter sa stabilité et sa porosité et donc d’éviter l’érosion.
Nous passons près des ruines d’une chapelle qui témoignent d’une histoire mouvementée. Lors de la ruée des «barbares» (Vandales, Wisigoths...) sur la province romaine, au Vème siècle, la population abandonna maisons, cultures et villages pour se réfugier vers les hauteurs boisées où ils créèrent un hameau appelé «Massargues» et édifièrent la Chapelle Saint Etienne de Frontignan (en l'honneur du premier saint martyrisé de Frontignan). La paix revenue, vers le VIIIème siècle, ils regagnèrent les anciennes demeures et la chapelle devint alors un lieu de pèlerinage.
La contemplation de cette voute non cimentée qui ne tient que par le jeu des forces contraires est, pour moi, une source d’admiration.
Source d’émerveillement est, aussi, cette fleur de ciste qui vient juste de s’ouvrir et est encore froissée. Quelle merveilleuse artiste est la nature qui produit aussi bien le vénérable chêne que cette délicate fleur.
Tout aussi gracieuse est cette lavandula stoecha ou lavande papillon qui doit son nom à ses inflorescences en épis surmontées de longues bractées d'un mauve plus éclatant que l’épi qui les porte. De loin, ces toupets très aériens ressemblent, en effet, à des ailes de papillons.
Les vignes sont entourées de bois et de garrigues qui les protègent de la Tramontane, vent froid du Nord Ouest, et des gelées tardives. Ici les paysans sont respectueux de la nature et lui laissent une part importante du territoire. On est loin de plaines céréalières «pesticidées», engraissées chimiquement et dépourvues de toute vie organique prônées par la FNSEA, syndicat agricole rétrograde enfermé dans une vision agro-industrielle périmée de l’agriculture.
On dit que le monde naturel est un monde de compétition et de lutte sans merci ce qui est vrai. Mais on y trouve aussi d’amicales collaborations comme ce chêne vert qui sert de tuteur à ce lierre dont la guirlande illumine son tronc gris.
Quand je ferai le bilan de mon existence, ce qui me viendra en premier à l’esprit ce sont ces longs et plaisants chemins à travers la nature que j’aurais parcourus en compagnie le plus souvent de ma famille et de mes amis. Les autres activités auront pour moi été secondaires.
Avant que les vignes ne s’y développent au XIXème siècle, le blé était la principale culture de la région et de nombreux moulins étaient alors en activité dont celui-ci juché sur une colline qui domine Faugères.
Il a été édifié en 1828, par Jacques Rivière, meunier qu’il l'exploitera avec son frère Joseph jusqu'au milieu du XIX* siècle où un évènement imprévu l’obligea à cesser son activité. En effet, lors de la procession de la Fête-Dieu de 1849, Jacques eut l'imprudence de crier «Vive le Roi !›. Dans cette terre républicaine, l'exclamation passa mal et ses principaux clients abandonnèrent le meunier qui dut quitter le village.
Belle illustration du génie humain (enfin de certains d’entre nous!) est ce schéma du fonctionnement d’un moulin à vent !
Le site est un magnifique belvédère sur le massif de l’Espinousse vers l’Ouest et les Monts d’Orb vers le Nord où nous sommes maintes fois allés virtuellement ensemble.
Nous nous remettons en route pour arpenter le circuit dit des «pierres sèches» mis en place par la commune et qui déambule parmi les capitelles, dites aussi cazelles, édifiées par les paysans d’autrefois.
Au bord du chemin, un arbuste à l’étonnante et prolifique floraison carmin attire notre attention. Il s’agit d’un pistachier térébinthe. L'essence de térébenthine lui doit son nom car la térébenthine était à l'origine fabriquée avec des exsudats de cet arbre.
Au ras du sol, une autre plante suscite notre intérêt : un muscari comosum ou à toupets, étonnant candélabre floral qui illumine la pelouse des garrigues.
Puis nous abordons la zone où se situent les capitelles dont je vous laisse admirer la variété architecturale, étant noté qu’elles ont été édifiées et ont résisté aux éléments sans une once de ciment !
Ces admirables bâtisses en pierres édifiées par nos anciens devraient faire honte aux adorateurs de parpaings qui sévissent dans nos villages ! Mais ils sont hélas complètement hermétiques à toute beauté!
Je vous invite à écouter ma chanson
C'est une chanson pour toi ...
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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