Trois vieux gaillards à l’assaut du Montmare
Toujours à la recherche de nouveaux sentiers, j’ai trouvé l’autre jour dans un vieux guide datant d’une vingtaine d’années un circuit autour du Montmare dont je n’avais jamais entendu parlé. Avec deux vieux copains, Jo et Claude (Gibus étant indisponible) nous voilà donc partis à l’assaut de ce modeste massif situé au nord du département de l’Hérault que contourne l’Orb au bord duquel se situe le départ. C’est un lieu sauvage que les rayons du soleil matinal ont du mal à pénétrer créant une ambiance de premier matin du monde.
Au départ le sentier sinue au travers d’une dense végétation quasi tropicale et nous ne serions pas surpris d’entendre des cris de cacatoès ou de singes. Mais comme partout dans les campagnes françaises le silence règne, les chasseurs les ayant depuis longtemps vidées de leurs habitants à poils et à plumes. Dans ma région il n’y a plus, hélas, qu’au Cap d’Agde où l’on retrouve une faune «à poil » !
Une antique châtaigneraie succède à la dense végétation qui prospère le long des rives humides de l’Orb. Leurs fruits sont aujourd’hui délaissés par les hommes dont ils constituaient autrefois, pour leur plus grand bienfait, la base de la nourriture hivernale. Aujourd’hui sodas, huile de palme et produits alimentaires industriels transforment peu à peu l’humanité en clones du Bibendum de Michelin.
Bien vite le sentier disparaît pour laisser la place à une vague trace que l’on devine au travers d’un fatras d'herbes sèches, de fougères fanées et de ronces. Manifestement rares sont les randonneurs qui y passent. Quant aux chasseurs ventripotents c’est bien trop loin d’un endroit où ils peuvent garer leurs 4X4.
Mais grâce à notre boussole, nous arrivons à garder le cap vers notre premier objectif le col des Aubières. Parvenus au col, zébrés de quelques égratignures aux mollets, nous découvrons le village de Truscas blotti au creux d’un vallon. Ses habitants mettent en pratique l’adage «Pour vivre heureux, vivons cachés»!
Nous empruntons ensuite le GR71 de pays dont on pense qu’il nous mènera sans encombre au col de Lissobres.
Mais parvenus au pied de la pente qui mène au col, il disparaît dans les fougères, nous contraignant de nouveau à recourir à la boussole pour maintenir le cap. Nous récoltons au passage quelques égratignures de plus mais ces impédiments ne sont pas de nature à faire rebrousser chemin les vieux gaillards que nous sommes.
Parvenus au col de Lissobre après une montée en ligne droite dans la pente, nous débouchons sur une piste confortable et quasi horizontale qui nous permet de reprendre notre souffle.
Nous rejoignons tranquillement le col du Faou où nous attaquons la piste qui monte au Pic de Serviès (892m) l’un des trois sommets que nous avons prévus de gravir dans la matinée.
L’ascension n’est pas longue mais les genêts qui obstruent le sentier rendent chaque pas difficile.
La vue au sommet des montagnes de l’Hérault est toujours une source d’étonnement car bien qu'y vivent près de 1,2 millions d’habitants (au 18ème rang national) l’on y découvre des paysages vierges de toute présence humaine, ce qui est réconfortant vu la manière dont les homo sapiens, là où ils sont présents, traitent leur berceau céleste.
A peine arrivés au sommet, nous entamons la descente pour aller gravir en face de nous le Mont Véduscle (952m) où nous avons l’intention de pique-niquer.
Au cours de l’ascension, nous sommes surpris de croiser un vieux randonneur solitaire, un vieux bouc devenu sauvage, qui nous regarde d’un oeil méfiant. Constatant que nous ne portons pas de fusil, il poursuit son chemin rassuré.
Nous poursuivons le nôtre à pas mesurés mais le cœur battant comme si nous allions à un rendez vous galant.
Et de fait, parvenus au sommet nous tombons sous le charme de Mère Nature qui déploie ses magnifiques atours aux alentours. Nous sommes à un âge où nous nous pâmons devant des tétons terreux recouverts de toisons vertes, des vallons herbeux et des horizons bleutés.
Il n’y a pas de plus grand bonheur sur Terre que de s’allonger sur elle et de l’accompagner en somnolant dans sa valse autour du soleil.
Mais il est temps de retourner vers le monde des humains n’étant pas hélas équipés pour passer une nuit à la belle étoile.
Il nous reste à gravir le Pic Ségala (853m) que l’on aperçoit derrière le Pic Serviès que l’on a franchi avant le déjeuner. L’altitude en est modeste me direz vous mais ce sera le troisième de la journée, qui plus est juste après le déjeuner dont vous savez qu’ils ne sont pas chez nous ni aquatiques ni diététiques ! Au total, nous aurons gravi 950 mètres de dénivelé cumulé ce qui n’est pas mal pour un département plus connu pour ses plages que pour ses modestes montagnes et aussi pour nos vieilles guiboles !
Nous entamons la montée du pic avec derrière nous les deux précédents sommets dont on apprécie mieux la pente des sentiers qui les gravissent.
La vue au sommet est somptueuse, le soleil qui commence à décliner plonge les montagnes à l’horizon dans une brume bleutée qui leur enlève toute matérialité. Elles semblent flotter sur l’horizon.
Puis c’est le retour en «roues libres» par un bon sentier jusqu’à l’Orb, que le soleil déclinant transforme en ruban d’argent.
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Texte & Photos Ulysse
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