Vagabondages autour du Caylar
Les autorités sanitaires s’inquiètent car l’humanité file un mauvais coton, victime d’un double fléau: la malbouffe et la sédentarité. Le redoutable cocktail des réseaux sociaux - qui nous rivent plusieurs heures par jour à nos écrans - et de l’alimentation industrielle - farcie de sucre et d’autres poisons - est en train de nous transformer en ectoplasmes impotents. L’injonction «tartufienne» de bouger qui accompagne chaque pub de malbouffe n’y changera rien! Les homo sapiens qui ont su, il y a cent mille ans, en quelques générations, envahir la Terre, passent aujourd’hui leur vie leur cul sur une chaise ou sur un canapé. Bien sûr il y a celles et ceux qui, pour des raisons de santé ou d’handicap, ne peuvent pas se déplacer, mais pour nous qui avons encore bon pied bon oeil, dès que nous le pouvons, allons marcher pour oxygéner nos neurones et nos cellules, fortifier nos muscles et nous esbaudir devant les merveilles minérales, animales, végétales de notre planète, du moins celles que nous n’avons pas encore dévastées ou exterminées. Pour ce qui nous concerne, notre marche du jour va nous emmener sur les chemins qui sillonnent le causse du Larzac autour du village du Caylar.
Nous sommes étonnés de croiser une vache des Highlands et son veau, espèce rare dans la région mais fort bien adaptée au climat rude du Larzac. Ces vaches sont d’excellentes «débroussailleuses» et sont très affectueuses. Cela dit mieux vaut être prudent et ne pas s’approcher de son veau car ce sont des mères très protectrices et vu la longueur des cornes on pourrait finir en brochette !
Le Larzac est un vaste océan de collines couvertes d’un maquis de buis, de genévriers, d’arbousiers, d’églantiers et de chênes kermès dont les épines raient les carrosseries des randonneurs quand ils s’écartent des sentiers, comme nous aimons le faire.
Lorsque l’homo sapiens n’était encore qu’un perpétuel voyageur chasseur cueilleur, il se nourrissait bien sûr de gibier mais aussi de fruits et de baies qu’offre généreusement la nature et notamment de baies de cynorrhodons aux multiples bienfaits pour la santé. Mais attention, il faut attendre les premières gelées pour pouvoir les consommer car le gel transforme la chair ferme du fruit en gelée délicieusement sucrée. A ce propos, si vous souhaitez faire des économies sur votre budget alimentation la nature peut vous y aider, il suffit de vous procurer ce passionnant guide.
Notre chemin passe près d’une superbe lavogne - abreuvoir à moutons - véritable oeil de Gaia qui lui permet d’admirer le ciel et ses fantastiques voyageurs que sont les nuages, dont les cargaisons d’eau peuvent apporter la prospérité comme la dévastation.
Un superbe chêne s’y mire, heureux de pouvoir contempler son imposante ramure
Puis nous croisons un être étrange qui tient sa tête dans une main comme frappé par une tragédie et dont, par précaution, craignant une réaction hostile, nous nous éloignons bien vite.
Le sentier se transforme en piste confortable qui nous permet de nous mettre en roue libre et de jouir en toute sérénité de ce bain de nature.
Nous passons devant un bosquet de fusain d’Europe dont la forme des arilles (fruits) l’ont fait surnommer « bonnet d’évêque ». Cette plante est toxique mais présente néanmoins de nombreux attraits car son bois carbonisé produit le fusain. Quant aux arilles une fois réduites en poudre elles étaient autrefois utilisées sur les cheveux et les vêtements pour les débarrasser des poux et leur enveloppe donnait une teinture rouge qui servait à colorer les maroquins.
J’espère que vous avez pu éprouver une fois ce bonheur de «naviguer» pedibus jambis dans des espaces vierges de tout autre présence humaine. Cette relation intime avec une nature sauvage fait naître en nous un sentiment de liberté totale et de jouissance spirituelle qui amplifie la sensibilité de nos sens.
Ainsi tout nous émerveille, comme ces mousses quasi fluorescentes qui tapissent les pierres d’un muret.
Ou nous émeut comme ce mouton égaré perché sur un rocher environné d’une parure de feuilles illuminées par le soleil
Hélas nous sommes bien vite ramenés à la réalité parfois sordide de la société humaine en voyant ces haies d’arbres dévastées par un élagage mécanique qui déchiquète la végétation. Nous sommes ici face aux oeuvres d’agriculteurs membres du syndicat défendant une agriculture industrielle et chimique gavée aux subventions, chouchouté par les pouvoirs publics, et uniquement soucieux du tiroir caisse au détriment de la biodiversité. Le pacte en faveur des haies qui vient d'être lancé par le ministère de l'agriculture financé par les contribuables n'est que du pipeau comme à l'accoutumée! Encore un comité "théodule"qui ne servira à rien !
Nous voici de retour au Caylar dont la place centrale est occupée par un vieil orme mort qui a été sculpté par Michel CHEVRAY
Parmi les personnages sculptés les plus surprenants, on découvre un christ portant des lunettes de soleil et foulant aux pieds le serpent symbole du mal.
Le plus majestueux est sans conteste ce berger dont la belle créature qui le surplombe semble faire partie de ses rêves. Passer sa vie et ses nuits à garder des brebis est pour le moins frustrant !!!
Le nom du Caylar (qui veut dire le pierreux) tient au fait que le village médiéval était installé sur les flancs d’une colline pierreuse dont nous entreprenons l’ascension.
Du sommet le point de vue vaut le coup d’oeil que ce soir vers le Nord…
Où vers le sud où s’étend une mer de rochers ruiniformes que domine le roc de Servière que mes fidèles lectrices et lecteurs ont découvert ICI en notre compagnie !
PS : J'informe mon lecteur Daniel que j'ai répondu à son commentaire relatif aux circuits dans l'article sur le causse de Clairac et Boussagues.
Je vous invite à aller sur mon blog musical
(lien dans la barre de titre)
pour écouter ma chanson: Je connais un endroit...
Mon ami Gibus vient de publier un nouveau roman
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ALICIA vit dans la grande exploitation agricole dirigée par sa sœur et son époux à Skoura, au sud du Maroc. Son mariage vacille, elle n'est pas très heureuse. Une crise politique entre syndicats et gouvernement rendra la marche de l'exploitation difficile tout comme son travail d'infirmière libérale. Suite à la traversée de moments spécialement pénibles pour sa vie de couple, elle envisage son retour en France. Sa sœur Azziza décide de modifier le fonctionnement de l'exploitation dont la charge est trop lourde pour une jeune femme.
Et si vous êtes intéressés par les plantes alpines et l'herboristerie je vous invite à découvrir le blog de sa petite fille Carla accompagnatrice de montagne en cliquant
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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