Eldorad-Oc

Après quelques balades bucoliques dans les plaines vallonnées de l’Hérault, nous allons aujourd’hui sortir de notre "zone de confort" comme disent les coachs des "bobos", ce qui en langage trivial veut dire sortir son popotin de sa routine et prendre quelques risques. Nous  voilà donc partis à l’assaut du mont Caramaus et de la serre d’Esparic, énormes tas de cailloux qui culminent à 1029m! Que celles et ceux qui veulent bien nous suivre ne nous quittent pas des yeux car il n’y a pas de chemin et on va naviguer à vue en suivant les quelques balises bleues peintes, ici et là, sur des rochers.

Pour effectuer cette rando mieux vaut ne pas souffrir du vertige et accepter, par moments, de se transformer en quadrupède. Il est encore temps pour celles et ceux qui ne se sentent pas d’attaque de rebrousser chemin.

Il est primordial de ne pas perdre le fil des balises bleues qui émaillent le chemin sous peine de tomber sur une paroi ou un dévers infranchissable sans une corde, que nous n’avons pas. Pour le même poids, nous préférons, de beaucoup, emmener un flacon riche en minéraux, vitamines et composés phénoliques  - que l’on désigne sous le nom de jaja ou picrate - bénéfique pour la vigueur de notre muscle cardiaque, fort sollicité durant ce type de randonnée. Comme disait mon grand père paternel blessé de la grande guerre et mort à 90 ans "un verre de vin vole un écu au médecin" !

Nous n’avons que tardivement conscience des dangers qui nous guettent et prennent, notamment, la forme de cette tour rocheuse, au pied de laquelle nous passons, et dont les pierres du sommet semblent en équilibre instable.

Nous ne sommes pas comme ces stakhanovistes des trails soucieux uniquement de la performance et ignorant la beauté des paysages. Au contraire, si nous faisons l’effort - de plus en plus intense les années passant - de venir en ce genre de lieux, c’est pour jouir d’un paysage à nul autre pareil. Nous embrassons du regard - le verbe est fort approprié - un océan de montagnes qui furent il y a quarante millions d’années des vagues de roches malléables plissées par la surrection des Pyrénées.

Sur notre planète surpeuplée et partout polluée et dévastée, y compris dans ses lieux mythiques comme l’Everest, devenu un WC à ciel ouvert, il est rassérénant de contempler une vastitude vierge de toute trace et pollution humaine. Ce paysage que nous contemplons est le même depuis des milliers d’années et nos yeux captent la même réalité que nos lointains ancêtres qui sont passés en ces lieux, ce qui crée entre nous un lien secret. Face à cet espace-temps immémorial notre vie apparaît aussi brève que le battement d'aile d'un papillon.

Mais l’heure tourne et il reste un bon bout de chemin  à faire et nous enchainons les mamelons rocheux de Gaïa, qu’heureux septuagénaires, nous caressons voluptueusement de nos semelles. A notre âge nos amours sont plus rocheuses que charnelles !

Nous arrivons au pied du Caramaus, le dernier et le plus haut des mamelons de la serre, nom dont la signification est «mauvaises pierres» le préfixe «cara» signifiant «pierreux» et le suffixe «mau» «mauvais».

Malgré son piteux état et les failles qui le fissurent de partout - Gaia est une vieille dame - nous en faisons l’ascension sans qu’il ne frémisse ni ne bronche et on peut parier qu’il en sera de même longtemps après que nos arpions ne zoukeront plus sur notre chère planète. Et oui malgré nos soixante dix balais et quelques nous zoukons encore! Et vous ?

Du sommet, nous apercevons le portail de Roquandouire, curiosité géologique de la montagne de Rosis que mes lecteurs connaissent bien, et par lequel nous reviendrons.

Nous descendons du Caramaus par une étroite faille qui met à rude épreuve la souplesse de nos articulations. Après une telle randonnée, nous dirons demain matin bonjour aux courbatures et il nous sera difficile d'enfiler nos chaussettes!

Un dernier mamelon se profile devant nous que par chance nous devons contourner.

Nous retrouvons avec bonheur un terrain plus confortable qui nous permet de reprendre notre souffle avant d’entamer une dernière grimpette dans les genêts et les bruyères qui nous mène au lieu dit "La Plane" culminant à 1029m. Ce lieu est bien nommé car, compte tenu de la quantité phénoménale d’oxygène que nous avons consommé pendant cette très sportive ascension, nous sommes atteints de l’ivresse des cimes et nous «planons». Et c’est en bondissant comme des gazelles  - je vous entends ricaner -  bon admettons, comme de vieilles gazelles que nous descendons dans le vallon des Pailles.

Nous arrivons au havre de paix qu’est Caissenols le Haut, antique hameau dont l’une des habitations a été magnifiquement restaurée par une association de bénévoles (que je salue et remercie au passage) et où j’ai de merveilleux souvenirs de mémorables parties de «saucisses grillées» avec mes petits loups! Mais hélas les années passent, les petits loups sont devenus grands et bientôt sur l’air de « Que sont devenues les fleurs du temps passé» je chanterai «Que sont devenues les saucisses grillées du temps passé» Sensible et romantique je suis!

Nous revenons par le vallon du Casselouvre, que dominent les cimes de la Serre de Majous, à un « train de sénateur », bien qu’il soit évident qu’aucun des vieillards cacochymes qui peuplent le Sénat ne pourrait nous suivre ! Les trois quarts finiraient sur les rives de l'Achéron (la goinfrerie est un péché mortel!) et l'Etat ferait ainsi de copieuses économies.

Une fois encore, je vous ferai part de ma déception à ne croiser, au cours de ce périple, pas un seul animal alors, qu’il y a encore quelques années, il était fréquent de voir gambader des mouflons en ces lieux. Mais les «nemrods» les ont fait fuir depuis que des tirs dits de régulation sont chèrement monnayés par les pouvoirs publics. L'Etat brade le monde vivant pour remplir ses caisses. Je le dis et redis laissons aux loups le soin d’effectuer cette régulation.

Nous arrivons en vue du portail de Roquandouire, bien connu de mes fidèles lectrices et lecteurs. C'est un endroit connu des chercheurs d'or et les nouveaux venus sur ce blog en trouveront la raison ICI

Le sentier qui nous ramène à notre monture traverse le Casselouvre que les pluies récentes sur les hauts cantons de l’Hérault ont enfin fort heureusement rechargé.

Vous connaissez notre tropisme pour les étendues d’eau. Quand avec l’ami Jo on en voit une, on plonge dedans sans nous soucier de la température! Vous pouvez néanmoins constater à voir nos bouilles qu’elle était vraiment très fraiche mais aussi très tonique pour nos vieilles guiboles un brin fatiguées. 

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Je vous invite à écouter ma chanson

Où es tu ?

Sur mon blog Canta-laVida

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TEXTE & PHOTOS ULYSSE