A la découverte des capitelles et autres merveilles du Salagou

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A la découverte des capitelles et autres merveilles du Salagou

J’ai la chance d’habiter une région où il n’est nul besoin d’aller loin pour être totalement dépaysé et comme chaque semaine, vous allez une nouvelle fois le constater, chères lectrices et chers lecteurs qui lisent régulièrement ce blog. En ce frais matin, nous partons arpenter les environs du lac du Salagou dont la richesse géologique et la biodiversité sont uniques au monde! Partis du hameau de Laulo, nous grimpons sur le plateau de l’Auverne qui domine le lac et sur lequel paissaient autrefois d’importants troupeaux de moutons et où ont été plantées de nombreuses vignes. Afin de se protéger des intempéries et de pouvoir y ranger leurs outils, les anciens ont édifié de magnifiques capitelles, dont deux qui sont les plus hautes que j’ai jamais vues!

La première qui domine les vignes du haut de ses quatre étages de pierres ressemble à un ziggourat mésopotamien érigé en l’honneur non pas de Marduk, Shamash, Nabu, Sin, Anu, Ea, Ishtar, mais de Bacchus dont je suis aussi un adepte.

Les pierres de cet édifice, sans doute vieux de deux ou trois siècles, sont merveilleusement appareillées. Il est admirable que des hommes dont la vie n’était que labeur ait eu le souci d’édifier un simple abri aussi audacieux et élégant au plan architectural. Certains de mes concitoyens qui défigurent leurs villages en entourant leurs maisons d’hideux murs de guingois en parpaings bruts (que l’on appelle ici cairons) peuvent en prendre de la graine!

La voute défie la loi de la gravité sans comporter un gramme de ciment et aucune goutte de pluie n’y pénètre du fait du parfait chevauchement des pierres. Chapeau les anciens!

Nous empruntons la piste qui surplombe le lac et fait face à la montagne de Liausson qui domine le pittoresque village qui lui a donné son nom.

En chemin, nous croisons un habitant des lieux dont la barbichette me rend jaloux et qui veille jalousement sur sa compagne….

…une belle rousse aux yeux verts qui ne semble pas farouche. Mais nous passons notre chemin étant plus intéressés par les soubrettes que par les chevrettes! Bon, je plaisante bien sûr car les soubrettes ce n’est plus tellement de mon âge…..

Puis nous partons à la recherche d’une autre capitelle que nous avions découverte il y a une dizaine d’années avec l’ami Gibus et qui est perdue au milieu des broussailles qui recouvrent aujourd’hui une grande partie du plateau de l’Auverne. Après avoir un moment bartassé, nous l’apercevons qui domine la végétation dont elle est environnée.

Constituée de cinq étages de pierres, elle est encore plus impressionnante que la première…

….et tout aussi élégante. Les pierres dont ces capitelles sont constituées proviennent de l’érosion des coulées de lave qui ont recouvert le plateau il y a 1,5 million d’années!

Ayant repris notre cheminement, nous découvrons soudain un paysage exotique qui fait penser à ceux de Nouvelle Zélande vus dans les films du Seigneur des Anneaux inspirés de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien. Voilà comment avec une simple paire de grolles de randonnée on peut se retrouver transporté à des milliers de kilomètres!

Classé parmi les sites de France remarquables, ce lieu est heureusement préservé et protégé de l’envahissement humain qui l’a un temps menacé où l’on voyait des flots de caravanes et de campings cars polluer ses rives !

Je vous disais en introduction que la géologie de ce site est unique et ce n’est pas exagéré car c’est l'un des rares lieux au monde où l'on peut observer au même endroit les vestiges des quatre ères géologiques! Les ruffes, ces roches rouges omniprésentes, remontent à plus de 250 millions d’années alors que les coulées de lave et autres vestiges volcaniques, comme le Neck de la Roque (que vous pouvez découvrir ICI), sont jeunes de 1,5 million d’années seulement. On y découvre aussi des dépôts calcaires marins datant de l’ère secondaire et des plus récents de l’ère tertiaire.

Un peu plus loin, nous passons devant de magnifiques orgues basaltiques et non «balsamiques» comme elles ont été dénommées un jour par Louna l’une de mes petites filles.

Ce lieu est aussi très riche en matière de végétation, les chênes verts, les cèdres et les pins occupant le haut des contreforts du plateau tandis que peupliers, saules frênes, roseaux et cactus de barbarie colonisent les rives.

Nous nous installons dans une crique sablonneuse, endroit idéal pour y pique-niquer et ensuite y faire notre incontournable sieste.

Le Salagou est également un lieu idyllique pour les âmes contemplatives. On peut y admirer le jeu des rayons du soleil dans les roseaux…

…ou l’envol de cormorans qui rasent les flots luminescents….

…tout en écoutant le clapotis des vaguelettes qui viennent mourir sur la rive.

La pause terminée, nous remontons sur la piste qui surplombe le lac où nous traînons une paire d’heures afin de jouir de l’inoubliable spectacle du coucher du dieu Aton au coeur des collines environnantes.