A la découverte des raspes du Tarn
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Cette semaine, nous revenons en Gaule pour partir à la découverte des raspes du Tarn! Quésaco ? vous direz vous, sans doute, comme je l’ai fait moi même en découvrant ce mot. Et bien les «raspes», qui vient de l’occitan «raspar» qui veut dire «râper», sont un défilé du Tarn encaissé et sauvage, comportant de nombreux éperons rocheux, abrupts et saillants formés de roches métamorphiques (schiste, granit), que l’eau a érodés au fil du temps. Mais avant de les découvrir, nous commençons notre périple du jour par la visite du village de Peyre situé au bord du Tarn en amont des raspes.
Ce village, fort pittoresque, offre en outre l’un des plus beaux points de vue sur l’extraordinaire viaduc de Millau conçu par l'ingénieur français Michel Virlogeux et dessiné par l’architecte anglais Lord Norman Foster. Le franchir en empruntant la superbe A75, la plus belle autoroute de France - gratuite de surcroît de Clermont-ferrand à la Méditerranée - est toujours un moment euphorisant!
Ce village est en partie troglodytique et notamment cette source joliment aménagée dans la paroi rocheuse à laquelle il est adossé.
Il en est de même pour l’église Saint Christofol qui a été judicieusement aménagée et fortifiée pour servir de refuge à la population de Peyre pendant les guerres de religion. Les Peyrelins pouvaient pénétrer à couvert jusqu'à l'église par un système de communication de maison à maison.
Nous partons en direction de Comprégnac en suivant le Tarn qui a aujourd’hui un cours paisible, fatigué sans doute d’avoir creusé pendant des millions d’années un canyon.
Un peu avant Comprégnac, un sentier pentu nous conduit vers l’impressionnant pigeonnier du Capelier .
Cet édifice accolé à une jasse (abri pour les troupeaux) a été construit au XIVème siècle sous l’égide des puissants Comtes de Vezins. Il est constitué de 435 boulins (nids où logent les pigeons).
Nous nous éloignons du bord du Tarn pour aller visiter l’église Ste Cyrice et Ste Juliette de Fanjeaux, joyau de l’art roman.
S’il est évident que la foi ne soulève pas les montagnes, elle a permis néanmoins à des hommes de bâtir des ouvrages constitués de tonnes de pierres qui défient la loi de la gravité.
Les piliers de l’église sont ornés de chapiteaux où trônent des monstres destinés à éloigner le «malin». Mais, hélas, comme on l’a vu le diable se cache souvent sous la soutane des prêtres!
Nous regagnons les rives du Tarn pour y piqueniquer en un lieu idyllique propice à la baignade.
Certains d’entre nous se retrouvent en tenue d’Adam pour le plus grand plaisir des «demoisielles» du lieu qui assistent à nos ébats aquatiques.
Admirons leur sens de l’équilibre d’autant qu’une légère brise balance leur support !
Nous reprenons notre périple et atteignons enfin l’endroit où commencent les raspes. Le lit de la rivière se resserre et les rives deviennent plus abruptes.
Nous grimpons dans le village d’Ayssènes d’où l’on jouit d’un superbe point de vue sur la rivière. Un vieux pressoir a été recyclé pour illustrer ce qui semble être la devise de ce lieu tranquille: "Plus rien ne presse!" (inscrite sur le montant au dessus de la vis).
La vue est effectivement superbe sur l’un des méandres du Tarn.
Nous redescendons dans la vallée et traversons la rivière pour nous rendre au point de vue de Notre dame du Désert d’où l’on découvre le village d’Ayssènes d’où nous venons !
Le hameau de Verdalle que l’on aperçoit a dû traverser les siècles tranquille ainsi perdu dans un océan de végétation à l’écart des grandes voies de communication.
L’Eglise Notre dame du Désert se révèle à nos yeux après un cheminement d’un quart d’heure. En été s’y tiennent des concerts et j’admire les contrebassistes qui doivent y venir avec leur instrument !
Redescendus vers le Tarn nous faisons halte au village de St Victor et Melvieu qui a conservé un vieux quartier médiéval.
Devant la mairie où l’on retire la clé de l’église dont la visite s’impose, on découvre une pittoresque sculpture du génial ferronnier d’art André Debru auquel j’ai consacré un article sur ce blog.
Nous nous rendons à l’église qui ne paie pas de mine étant accolée, de surcroît, à une bâtisse sans aucun charme.
Mais une fois à l’intérieur on découvre, époustouflé, les magnitiques fresques néo-byzantines réalisées dans les années 50 par Nicolai Greschny. Considéré comme l'un des plus grands fresquistes contemporains, il a réalisé prés de 80 œuvres, lumineuses et colorées dans le sud et le sud-ouest de la France. Né en Estonie en 1912, Nicolai Greschny a perpétué la tradition iconographique byzantine de son père. Après une vie chaotique (marquée par le nazisme et les exils)il s’est installé dans le Tarn près d’Albi où il a passé la fin de sa vie.
Elle est touchante cette scène de la fuite en Egypte où l’on voit Joseph porter Jésus sur ses épaules tandis que Marie est portée par l’âne. Joseph était un homme galant car en ces pays la tradition veut plutôt que ce soit la femme qui suive l'homme juché sur l'âne !
Intéressante aussi est cette représentation de la cène où l’on voit clairement Judas qui se défile avec le prix de sa trahison entre les mains.
Très explicite aussi est le regard que Jésus porte sur Judas alors qu’il lui fait le baiser de la trahison. Ce regard dit clairement : «Pauvre Judas tu me vends pour quelques écus d’or mais tu ne les emporteras pas au paradis ! »
Sur cette scène, très rare, on voit la mort de Marie alors que le dogme catholique n’a pas tranché sur le fait qu’elle soit morte ou non avant son assomption. On voit Jésus éploré qui est censé l’avoir accompagné au paradis. C’est quand même extraordinaire ces gens qui peuvent faire des aller retour célestes sans moyen de propulsion! Bon, là c'est le mécréant qui parle !
Notre dernière étape nous conduit à la chapelle St martial de St Georges de Luzençon perchée sur une colline.
Vous vous étonnerez sans doute que, bien que mécréant, je passe une partie de mon temps à visiter des chapelles ou églises. Mais si je fais cette ascension ce n'est pas pour La Chapelle qui ne présente aucun intérêt comme vous pouvez le voir !
Par contre la vue que l’on a sur les alentours vaut l’effort que l’on fait pour y monter. Nous y apercevons de nouveau le viaduc de Millau : la boucle est bouclée ! Nous avons passé une excellente journée et j'espère que vous aussi vous apprécierez !
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Je vous invite à écouter ma chanson
Déchire la nuit…
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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