A la découverte du causse de Blandas
Après notre périple culturel auto-pédestre en Aveyron, je reprends le récit de mes randonnées et vous emmène à la découverte du Causse de Blandas situé à l’Est du causse du Larzac. Nous partons du village de Navacelles niché au coeur du cirque éponyme, grand site du Languedoc, en ce chaud matin de la mi-juin.
Carte IGN
Le sentier grimpe sur le flanc gauche du canyon creusé par la Vis et pour le rejoindre nous traversons le superbe pont piétonnier qui enjambe majestueusement la rivière. Qu’elles semblent fières ces pierres de défier la loi de la gravité !
Nous allons rejoindre le plateau qui s’étend au dessus des mamelons rocheux qui nous narguent mais n’impressionnent pas nos vieilles gambettes qui ont relevé bien d’autres défis !
Dans notre dos, se dresse le flanc sud du cirque de Navacelles qu’une route et un sentier permettent également d’ascender. Et oui ce verbe existe même si le stupide correcteur orthographique de mon ordinateur ne le reconnait pas! L’ I.A est une intelligence abêtissante!
Ce magnifique et impressionnant cirque est né d’un méandre abandonné de la Vis - aujourd’hui recouvert de prairies - qui s’est refermé quand elle s’est frayée un chemin plus direct à travers les roches du Causse.
Nous remontons, pas après pas, le cours du temps en progressant sur des couches sédimentaires laissées par une ancienne mer il y a cent millions d’années. Malheureusement, nous ne rajeunissons pas pour autant !
Quel bonheur il y a de cheminer ainsi par monts et vaux dans un paysage grandiose sans risque d’être agressés par des canailles car les canailles n’ont pas le courage de s’aventurer en ces lieux!
Même si les efforts qu’implique la montée nous contraint à courber l’échine et à fixer le bout de nos chaussures, nous prenons le temps de nous arrêter pour jouir du paysage grandiose. Nous ne sommes pas comme ces «trailers» qui ne visent que l’exploit et ne prêtent aucune attention aux paysages qu’ils traversent. Généralement ces tristes individus fonctionnent à l’eau minérale ce qui fait qu’ils ont le charme et la vie des poireaux !
Après une bonne heure de montée, nous arrivons enfin sur le causse et le bonheur se lit dans le sourire qu’affiche le visage de Jo.
Nous passons près d’une mare, malheureusement impropre à la baignade qu’auraient appréciée nos corps en surchauffe! La présence de cette mare peut surprendre car les causses sont des espaces calcaires et poreux dépourvus d’eau. Mais par endroits des couches argileuses permettent la création de mares ou de lavognes - encore un mot que mon stupide ordinateur ne connaît pas - indispensables pour les élevages de moutons encore nombreux dans cette région.
Nous prenons la direction du GR7 vers le Nord que nous quittons au bout d’environ deux kilomètres pour prendre à travers champs la direction de la Falgueirette. Nous sommes surpris de croiser d’imposants chênes rouvre dont on se demande où ils trouvent matière à grandir dans ce sol caillouteux et austère. Mystère de la puissance et de la résilience du règne végétal dont l’oxygène a permis notre venue au monde et envers lequel nous ne manifestons pourtant guère de respect.
Par endroits les prairies sont couvertes de stipes pennées, appelées aussi cheveux d’ange ou de Marie Madeleine, dont les tiges plumeuses illuminent le paysage. Si les cheveux de Marie Madeleine étaient aussi beaux on comprend que Jésus en soit tombé amoureux !
Après avoir longé le Coste Plane, mamelon aplati, nous prenons la direction du Sud pour partir à la recherche du cromlech de Lacalm de Mercoulines. Je ne suis jamais rassasié de ces vastes espaces naturels ou nos yeux permettent à notre esprit et notre âme de gambader et faire des galipettes régénératrices. Le Metavers que nous promet l’enfoiré Zuckenberg est à la découverte du monde ce que la copulation avec une poupée gonflable est à l’amour !
Après avoir coupé à travers champs vers le Sud, nous découvrons le cromlech dénommé aussi cromlech de lacalm de la Rigalderie, vaste cercle d’une trentaine de menhirs de 0,80 m à 1,80 m (dont 20 subsistent) espacés d’environ 6m dont la fonction fait l’objet d’hypothèses. Certains scientifiques considèrent que c’étaient des lieux de rassemblement cultuels et d’autres des lieux d’observation des étoiles et de la lune
En se tenant près de ces pierres et en fermant les yeux, il est émouvant d’imaginer nos ancêtres d’il y a quatre ou cinq millénaires jetant un regard émerveillé vers les étoiles. Ils étaient loin de penser que des dizaines de siècles plus tard deux quidams en rando viendraient ici pique-niquer, boire un coup de rosé et y faire une sieste en pensant à eux! A votre éternité les amis !
Après une pause roborative, nous suivons une piste vers l’Ouest pour rejoindre la D813. Elle est bordée de clapas, ces tas de cailloux que des générations de paysans ont constitués pour permettre à l’herbe de pousser pour leurs troupeaux. Que de courage et de ténacité il leur a fallu! Chapeau messires! Si les sénateurs faisaient pareil avec les bouteilles de Cognac qu’ils consomment dans leur restaurant trois étoiles Paris serait complètement embouteillé !
Et nous voici sur la D813 que nous empruntons vers le Sud. J’adore ces petites routes qui irriguent les endroits sauvages de la France et où ne passent que quelques voitures par jour si ce n’est par semaine.
Elle est si peu fréquentée que des coquelicots y poussent en son mitan qui témoigne là encore de l’extrême vitalité du monde végétal qui reprendra tous ses droits quand notre espèce disparaîtra victime de son propre écocide!
Heureusement ces lieux sont encore épargnés par la pollution généralisée et abritent une riche faune d’insectes dont cette zygène de la filipendule - dont le nom aristocratique fait sourire - qui se régale du nectar d’une scabieuse.
C’est l’un des émerveillements qu’offre la nature de savoir que cette élégante lépidoptère est née de cette chenille boudinée et poilue! Ah! Si mes genoux cagneux pouvaient se transformer en ailes !
Cet arbre mort, dont le tronc dévoré par des insectes xylophages ne tient plus qu’à un fil, est aussi un témoin du cycle perpétuel que connait le règne végétal qui s’auto-alimente de génération en génération.
Nous nous engageons sur le sentier qui redescend vers le fond du cirque et qui longe le bois de Calo Rouge. L’origine des noms de lieu m’intrigue et me passionne. En l’espèce le nom «calo» semble indiquer la présence d’un rocher (caillou) rouge au cour du bois mais je ne suis pas allé vérifier !
Du sentier, nous découvrons les méandres de la Vis dont la résurgence n’est qu’à quelques kilomètres au sublime endroit des Moulins de la Foux à visiter absolument si vous passez dans la région.
Le sentier longe une plateforme propice à faire une pause et où des randonneurs se sont amusés à élever de précaires et fantaisistes cairns défiant les lois de la pesanteur. Ainsi sont nos vies qui peuvent s’écrouler d’un moment à l’autre. En attendant marchons et «carpe diem » !
Nous repassons sous le promontoire rocheux qui nous narguait le matin même, toujours étonnés des distances que l’on peut parcourir en une journée en mettant un pied devant l’autre. Les enfumés qui vont chercher leur clope et leur baguette en bagnole feraient bien d’en prendre de la graine !
Revenus à notre point de départ, la Vis nous offre une suprême récompense en nous accueillant dans ses eaux fraiches et limpides qui effacent en un tournemain les fatigues de la journée. Et quand revenus à notre char deux blondes nous embrassent goulûment sur la bouche dans un long baiser désaltérant nous sommes au paradis !
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