A l’assaut de la Séranne par la Combe Belle
En Hérault, département réputé pour ses stations balnéaires et notamment le Cap d’Agde, la Sodome estivale, nous ne manquons pas de montagnes, secret bien gardé car on y croise en majorité des quadrupèdes. Outre le Caroux, l’Espinousse, les Monts d’Orb qui sont à l’Ouest du département, on y trouve également la Séranne qui barre la frontière Nord Est avec l’Aveyron. C’est notre objectif du jour par un sentier que nous allons emprunter pour la première fois et qui grimpe à travers la Combe Belle qui surplombe le village de Saint jean de Buèges d’où nous partons.
La Séranne est un massif calcaire, long d’environ 40kms, qui culmine au Roc Blanc (942m). C’est un vestige d’une barrière corallienne laissée par une ancienne mer il y a 140 millions d’années qu’a soulevée la surrection des Pyrénées, il y a quarante millions d’années. La roche tendre dont il est constitué explique l’extrême affouillement de son relief qui comporte de nombreux avens et grottes.
Nous l’avons maintes fois grimpé pour accéder à ses différents sommets (Pic Baudille, Peyre Martine, Roc Blanc) par des itinéraires connus. Mais cherchant un parcours inédit, j’ai découvert sur la carte IGN de la zone une piste d’accès remontant la Combe Belle ayant l’aspect d’un sentier de chèvres. Avec l’ami Jo nous avons décidé de l’explorer. Si le démarrage en pleine pente sur une vague piste traversant une dense garrigue nous a plutôt inquiétés, nous avons assez vite débouché sur une superbe draille montant en long lacets à l’assaut du massif.
Saluons le travail colossal accompli par les anciens qui ont remué des tonnes de pierres pour créer l’assise du chemin afin de permettre à leurs troupeaux d’aller brouter l’herbe du plateau sommital.
Bien qu'à l’échelle des temps géologiques cette roche fonde comme du sucre, pour le moment le sentier est encore en place pour quelques générations de randonneurs. Vous pouvez donc sans crainte suivre nos traces si le coeur vous en dit !
A chaque pas, nous avons une pensée émue pour ces hommes courageux et obstinés dont la vie fut rude et dont le travail titanesque et ignoré nous permet aujourd’hui de faire de leur montagne un lieu de loisir.
Peu à peu, le paysage s’élargit sur la sauvage vallée de la Buèges, encadrée par deux lignes de montagnes qui la tiennent à l’écart des circuits touristiques.
En approchant de la barre rocheuse qui mène au plateau, nous apercevons un sphinx - sans doute le jumeau du sphinx du Caroux - amputé de son nez comme il se doit pour les sphinx.
Passant à ses pieds nous nous attendons à ce qu’il nous pose sa sempiternelle devinette mais il reste coi. De fait, nous pensons qu’il ne dit mot car il est enroué et suce une énorme pastille Valda ! Nous poursuivons notre chemin sans demander notre reste.
Nous parvenons sur le plateau sommital où les buis sont hélas dévastés par la pyrale, ce papillon venu d’Asie comme d’autres fléaux: covid, cars de touristes et pacotilles. Les nouvelles routes de la soie voulues par les dictateurs pékinois sont les routes de la poisse !
La vue s’étend à l’infini qui se perd dans une brume bleutée, spectacle fidèle à la parole du poète Paul Eluard qui a écrit que la Terre est bleue…. comme une orange! Randonner en montagne c’est pouvoir se gaver d’horizons bleutés mais aussi orangés quand le soleil tire sa révérence!
Nous cheminons ensuite de façon hasardeuse en suivant les cairns difficiles à repérer sur les lapiazs (plaques rocheuses) qui recouvrent le plateau.
Là il n’est plus question d’admirer le paysage mais plutôt de regarder où on met les pieds car de profondes failles les traversent qui sont autant de chausse-trappes!
Après une pause régénératrice, nous empruntons la draille du Caylaret pour redescendre au village.
La brume s’est dissipée et nous devinons le profil du Pic Saint Loup et de l’Hortus qui dominent l’horizon. Ces sommets modestes se prêtent aussi à de magnifiques randonnées. Heureux héraultais qui n’ont que l’embarras du choix et qui pourtant, pour la plupart, méconnaissent ces merveilles! Il est vrai qu’il est plus facile de jouer les merguez* sur le sable doré de ses plages que d’imiter les mouflons!
* Notons que ce mot arabe est féminin et invariant!
Nous surplombons le village de Saint Jean de Buèges que domine son château. Nous anticipons le bonheur que nous aurons à «embrasser» une fraiche blonde à la terrasse de son sympathique café restaurant à l’ombre de platanes centenaires.
Mais il nous reste un bon bout de chemin à parcourir sur cette confortable draille où même nos bedonnants et cacochymes sénateurs pourraient marcher, voire rouler! Bon certains pourraient louper les virages mais qui se rendrait compte de leur disparition?
En examinant ces falaises on constate, notamment dans les parties plus claires récemment délitées, le travail incessant de l’érosion. Les montagnes elles mêmes ressentent les effets du réchauffement climatique qui les grignote de façon accélérée.
Le seigneur du lieu craint d’ailleurs de perdre très vite sa superbe toison à cause des sécheresse qui sévissent chaque été. Pour ce qui me concerne ce n’est pas la sécheresse qui est la cause de ma calvitie vu les flacons que je m’enfourne dans le gosier !
Les érables de Montpellier dont le feuillage a déjà sa couleur automnale alors que nous sommes à la mi août sont le signe avant coureur de la catastrophe qui s’annonce. Nos descendants randonneront à l’ombre des cactus!
Un chêne vert qui s’est installé au milieu de la draille a eu néanmoins l’élégance de ménager un passage pour les randonneurs.
Nous approchons du roc de Tras Castel qui domine le village et le protège du vent du Sud souvent porteur de mauvais temps.
En nous retournant, nos découvrons la ligne de crête que nous avons parcourue, la Combe Belle se trouvant à droite et celle du Caylaret à gauche. Une belle boucle sportive ! Avis aux amateurs !
Revenus au village, nous piquons une tête dans la Buèges dont les eaux fraiches sortent de terre environ trois kilomètres en amont! Nous nous baignons en compagnie de jolies truites ce qui témoigne de la qualité de l’eau! Après avoir rafraîchi nos vieux abattis nous faisons de même pour nos gosiers assoiffés avant de rentrer à la maison!
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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