En route pour la Lozère : de Nant à Cocurès
Alors que les tyrans et les présidents chelous plastronnent et mènent l’humanité vers l’abime, il est réconfortant de «tailler» la route pour aller respirer l’air pur des sentiers lozériens et nourrir son âme d’une diversité infinie de paysages. Partis de bon matin du bord de la Grande Bleue, nous faisons une pause café à Nant pittoresque petite cité aveyronnaise nichée au creux de la vallée de la Dourbie, qui possède un charme intemporel façonné par l’eau et les siècles d’histoire. En effet, dès le Xème siècle, les moines bénédictins se sont installés dans ce site alors marécageux et ont entrepris de le transformer en jardin fertile grâce à un ingénieux réseau de canaux. Ce savoir-faire hydraulique, encore visible aujourd’hui, a valu à Nant le surnom de «Jardin de l’Aveyron ».
L’élégance du bâtiment qui abrite aujourd’hui la mairie témoigne de la prospérité passée du village, de même que son patrimoine riche et harmonieux qui comporte l’abbatiale Saint-Pierre, l’église Saint-Jacques, la chapelle des Pénitents, la halle et le majestueux pont de la Prade qui enjambe la Dourbie. Un cavalier monte la garde devant la mairie, né des mains du génial artiste André Debru, dont les oeuvres sont réalisées avec des pièces d’engins agricoles.
L’inventivité et l’ingéniosité de cet artiste sont sans pareille comme vous pouvez le découvrir ICI
Nous nous arrêtons ensuite au hameau de Hures la Parade pour visiter l’église St Privat de style néo-roman.
L’élégance de la nef est mise en valeur par la lumière qui pénètre grâce à une ouverture peu fréquente dans le style roman et qui a été ajoutée au XIVème siècle.
Nous sommes au coeur du causse Méjean paysage ouvert aux allures steppiques qui rappelle la Mongolie et qui avec moins de 2 habitants au kilomètre carrées est un lieu idéal de ressourcement pour les amoureux de nature et de calme.
C’est en ce lieu que les chevaux de Przewalski menacés d’extinction et disparus de leur milieu naturel ont trouvé refuge grâce à l’association TAKH qui les étudie et veille à leur préservation depuis 30 ans. Le cheval de Przewalski est une sous-espèce de cheval redécouvert par l’explorateur russe Przevalski au XIXème siècle en Dzougarie, dans les montagnes qui bordent le désert de Gobi. Il ressemble aux chevaux préhistoriques peint sur les parois des grottes. Il aurait été domestiqué il y a 5 500 par la culture Botaï (culture du néolithique final au nord du Kazakhstan) avant de retourner à l’état sauvage. Malheureusement nous n’en avons pas vu car ils se dispersent dans ce vaste paysage mais nous avons par contre pu apercevoir un superbe exemplaire d’un cheval Haflinger caractérisé par sa crinière et sa queue blonde.
En contemplant ces espaces sauvages, des fourmis nous sont montés dans les jambes nous donnant l’envie de les parcourir « pédibus jambis », mais cela n’était pas au programme et nous avons repris la route.
Nous effectuons un nouvel arrêt pour admirer la croix du Buffre, calvaire sculpté dans la pierre de calcaire local qui trône sur le Causse Méjean depuis plus de 800 ans, l’année 1161 étant gravée dessus. Elle est située sur le chemin de l'abbaye de Gellone à St Guilhem le Désert dans l’Hérault qui était l'un des centres majeurs de dévotions. Outre le tombeau de saint Guilhem d'Aquitaine, cousin et compagnon d'armes de Charlemagne devenu moine, on y vénérait un «précieux morceau de la Sainte Vraie Croix» offert à Guilhem par l'empereur byzantin, Constantin IV.
On y voit deux pèlerins vêtus de tuniques, porteurs de bâtons surmontés de croix. Un senhadou -bénitier- en forme de visage humain contenait de l'eau bénite pour se signer. Si je doute que la foi soulève les montagnes, je constate néanmoins qu’elle les fait traverser !
Chaque village, chaque hameau que nous traversons nous enchante par le souci esthétique de leurs habitants qui tranche par rapport à l’Hérault d’où je viens ou dans de nombreux villages on rivalise dans la laideur.
Le village de Ste Enimie, au bord du Tarn, où nous faisons étape, est un magnifique exemple de ce souci esthétique. Pas une ardoise ne manque aux toits de cette superbe cité médiévale.
Après un revigorant «aligot saucisse » dégusté chez Marco nous partons à la découverte du village
Nous sommes sur la place au Beurre où les paysannes vendaient leur production de beurre de brebis. Aujourd'hui ce beurre est fabriqué à Roquefort. D'une grande finesse, il ne se cuit pas et accompagne à merveille les fromages de brebis. Notez la demeure médiévale, à double encorbellement de la fin du Moyen Âge qui permettait ainsi de gagner de l'espace à chaque étage et de diminuer les impôts au sol. Afin d'assurer la solidité de l'ensemble, les vides de charpente en bois étaient comblés avec des roches poreuses légères issues des dépôts calcaires des résurgences, appelées tuf.
J’avoue que j’ai un faible pour ces heurtoirs qui me font penser en les voyant aux milliers de gens qui les ont manipulé à travers les siècles.
Le mécréant que je suis a aussi un faible pour les églises que je regarde comme des oeuvres d’art. Cette église est dédiée à Ste Enimie qui a donné son nom au village. C’était une princesse mérovingienne, fille de Clotaire Il et sœur de Dagobert Ier. Cette jeune princesse d'une rare beauté a décidé de vouer sa vie à Dieu et d’évangéliser la région.
Un tableau en céramique représente Enimie poursuivantle Drac (le diable).qui court dans le fond des Gorges du Tam. Au lieu-dit 'Le Pas de Souci', elle provoqua un éboulement de rochers et sortit victorieuse de son combat contre le Drac.
Notre étape suivante nous amène à Castelbouc que l’on aperçoit niché au pied de falaises qui surplombent le Tarn.
Les ruines d’un audacieux château dominent le village Au XIIe siècle, ce château était le fief du seigneur Etienne de Castelbouc. En 1588, pendant les guerres de religion, il fut en partie détruit afin d'enlever aux protestants des Cévennes une retraite inexpugnable. Sa destruction fut achevée en 1592. Les ruines deviennent alors une carrière de pierres pour les maisons du village.
Il faut avoir confiance dans la solidité de la falaise pour habiter en ce lieu.
A la nuit tombée mieux vaut avoir une lampe si l’on est grand pour circuler dans le village
Le maigre débit du Tarn témoigne de l’été caniculaire que nous avons vécu.
Un artiste inconnu du coin a utilisé les énormes galets trouvés dans le lit du Tarn pour créer une animalerie fort originale.
Gageons que ces volatiles ne lui donnent pas beaucoup d’oeufs !
A Quézac nous nous arrêtons pour admirer le pont construit au XVème siècle à l’initiative de Benoit XIII qui souhaitait limiter les accidents mortels du passage à gué lors des crues du Tarn, parfois violentes. Pour ce faire il accordera une indulgence de un an et quarante jours pour ceux qui prendraient « sur les biens que Dieu leurs a départis » une aumône pour que le Pont de Quézac puisse être facilement construit . Cela dit je ne suis pas sûr que ce soit dieu qui garnit notre bourse !
Nous arrivons au modeste village de Bédouès tout proche de notre destination finale le village de Cocurès et nous sommes éberlués d’y découvrir une impressionnante collégiale.
Elle fut édifiée au XIVème siècle par le pape Urbain V natif du hameau de Grizac situé dans la montagne qui domine Bédouès. On doit porter au crédit de ce pape la réforme de l'Eglise, où de nombreux abus s'étaient fait jour, la conversion à l'Eglise catholique de l'empereur de Constantinople Jean Paléologue et de sa femme Hélène Cantacuzène, une politique universitaire et culturelle à travers toute l'Europe, par la création d’universités.
POESIMAGE
Pour avoir de l'eau pure et pas chère,
Ouvrez en grand vos fenêtres
Pour créer de violents courants d'air,
Et attendez un jour, voire deux, peut être.
Quand un nuage est pris au piège,
Refermez vite vos fenêtres,
Si cest un nuage de neige,
Couvrez vous chaudement la tête,
Mettez le dans votre baignoire,
En le coupant si nécessaire,
Puis chanter pour le faire pleuvoir :
Il pleut, il pleut bergère .....
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Et je vous invite aussi à écouter ma chanson
La fille de la mer
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE