En route vers l'antre de Polyphème !
Depuis près de vingt ans que je parcours le Caroux, je croyais en connaître tous les coins et recoins hors circuits d’escalade. Mais un camarade biterrois, Bernard, natif de la région, qui parcourt le Caroux depuis qu’il sait marcher et le connait comme sa poche - il en a créé et balisé d’ailleurs certains sentiers - m’a proposé de me faire découvrir l’antre de Polyphème le cyclope qui a failli tuer Ulysse, pas moi, le grec. Il a lui même récemment découvert ce lieu - qui ne figure pas sur l’actuelle carte de l’IGN - en consultant une vieille carte de 1965 que lui a passée un ami. Nous voilà donc partis, en ce beau matin de début mai, à la découverte de cet antre en choisissant de faire préalablement du hors piste sur l’ensemble du plateau sommital du massif.
Nous nous dirigeons vers le Roc du Caroux (1034m) qui donne son nom au massif en longeant le bord du plo de la Maurelle. Bien que d’une taille modeste - il culmine à 1091m - ce massif n’a rien à envier à ses confrères alpins et pyrénéens quant aux à pics, falaises, aiguilles, canyons que l’on y trouve.
L’une des brèches qu’a taillée l’érosion dans les chaos rocheux qui bordent le plo conduit au hameau d’Heric par l’ardu sentier des hêtres qui plonge dans la combe. Je me rappelle l’avoir descendu une fois avec Gibus en remerciant les hêtres de me tendre leurs secourables branches !
Le Caroux a pour origine le massif hercynien qui a jailli d’une ancienne mer il y a trois cents millions d’années. Initialement d’une hauteur de plus de cinq mille mètres, il a été raboté puis de nouveau soulevé lors de la surrection des Pyrénées. Ses roches taraudées, fissurées, sculptées par les éléments trahissent son grand âge.
L’un des grands bonheurs d’une randonnée dans le Caroux est d’y apercevoir des mouflons. Et ce matin, nous sommes sur ce point gâtés car un petit groupe d’entre eux prennent le soleil sur un promontoire en dessous de nous.
Voyant que nous sommes sans bedaine ni fusil (signes distinctifs des chasseurs) ils se laissent photographier avant de disparaître dans une combe.
Un arbuste, ayant une âme d’alpiniste, s’est juché en haut d’une falaise pour mieux jouir du paysage.
Quand on accompagne Bernard dans le Caroux ce n’est pas pour suivre les sentiers mais pour faire du hors piste et le hors piste en de tels lieux est du genre sportif !
Nous passons au pied du Sphinx du Caroux qui envie son frère d’Egypte qui ne connait pas les rudes hivers qui sévissent en ces lieux et dont vous pouvez avoir une illustration ICI
Après avoir traversé les torrents de l’Albine et de Combe Gairau, nous accédons au Bel Plo, plateau Est du Caroux qui surplombe les Gorges de l’Arles* appelées injustement, à mon avis, de Colombières. Un groupe de murènes fossilisées, souvenir de l’ancienne mer, semblent sortir d’un rocher.
*Arles est le nom du torrent qui les a creusées alors que Colombières est le nom du village en contrebas. Notons qu'à l'ouest du Caroux il y a les gorges d'Héric du nom du torrent qui les a formées.
Nous évoluons dans un univers ruiniforme en constatant que les lois de l’érosion sont aussi impénétrables que les voies du Seigneur : qu’est ce qui fait qu’un rocher résiste alors qu’un autre est dissous ?
Nous approchons du lieu où se tient l’antre de Polyphème, le seul indice que je puis vous donner si vous souhaitez partir un jour à sa recherche est qu’il faut préalablement passer devant ce cheval qui hennira une fois si vous vous rapprochez du lieu et deux si vous vous en éloignez 😜.
Si vous apercevez ce géant débonnaire qui en assure la surveillance vous êtes sur la bonne voie.
Il vous faut ensuite descendre sur une vire où se cache l’antre derrière la frondaison d’arbres
Et voici l’antre désertée par Polyphême depuis que l'empereur Constantin a congédié les dieux de l’Olympe.
C’est effectivement un lieu magique et je remercie Bernard d’en avoir partagé avec moi et mes amis la découverte.
Nul ne sait qui en est le découvreur et qui l’a baptisée ainsi mais elle restera je pense l’un des lieux les plus secrets du Caroux et c’est tant mieux!
Nous revenons au bercail par un autre sentier «oublié» qui permettait d’accéder au sommet avant que la piste forestière ne soit tracée. Et ce chemin là n’est pas non plus facile à trouver ! Avis aux amateurs !
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Je vous invite à écouter ma chanson
A quoi rêvent les jeunes filles.....
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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