Eldorad-Oc

J’ai la chance d’avoir à 100 kilomètres à la ronde des paysages d’une très grande diversité et je n’aurai malheureusement pas le temps de tous les visiter. Il me faudra donc revenir sur cette Terre mais pour cela je ne sais pas trop sur quel Dieu miser : Vichnou? Allah? Yahvé? Le Grand manitou? Zeus? Vu la manière dont se comportent certains de leurs adorateurs, je ne leur fais pas trop confiance. Les promesses de paradis ou de résurrection sont comme les promesses électorales, elles n’engagent que ceux qui les écoutent! Aussi je vais mettre les bouchées doubles pour tenter de finir le programme que je me suis fixé. Aujourd’hui nous partons donc vers les plateaux calcaires du Nord Est de l’Hérault que domine le Pic Saint Loup (658m). Ces plateaux étaient autrefois de vastes zones pastorales et l’on y trouve de nombreux enclos entourés de murets surmontés de pierres dressées pour empêcher les animaux de les escalader.

Nous passons devant les ruines de l’ancienne bergerie du Mas Neuf dont l’appareillement des pierres de la façade me laisse admiratif ! Ah! C’est sûr que mes contemporains héraultais, qui entourent leurs bicoques d’hideux murs en parpaings bruts, ont perdu la main !

Les chemins qui situent entre les murets sont bordés de chênes verts dont l’ombre est fort appréciée l’été. Les hommes d’autrefois menaient leurs vies en pensant à ceux qui viendraient après eux! Nous, nous brûlons la chandelle par les deux bouts en nous disant «Après nous le déluge».

Ayant cheminé sur le roc de Lafous nous arrivons sur le plateau de la Matanne qui surplombe une dépression où se cache le lac éponyme où nous avons prévu de pique-niquer. Au loin nous apercevons la ligne ennuagée des Cévennes.

Nous arrivons au dessus du lac serti d’un écrin de pins et de roselières. Nous repérons en face de nous une plage idyllique pour y faire une halte.

Nous cherchons à contourner le lac par l’Ouest pour y descendre….

….mais nous tombons sur des mini canyons creusés par les rus irréguliers qui alimentent le lac et dont la descente apparaît périlleuse.

Nous rebroussons donc notre chemin en «bartassant» pas mal dans les fourrés et  nous finissons par rejoindre la rive Est plus accessible. Les lieux sont sauvages et déserts mais nous sommes étonnés et déçus de ne pas y voir d’oiseaux….

Nous en comprenons vite la raison. Ici les «nemrods» sévissent et laissent en outre le témoignage de leurs méfaits! S’il n’y avait que des cartouches abandonnées ce serait un moindre mal mais des promeneurs meurent sous leurs balles et c’est inadmissible!

Nous trouvons une idéale petite crique pour le pique-nique. Si ce n’étaient les roselières fanées qui pourrait croire que l’on est en hiver ! A l’abri du vent il fait 16° et les pins et les yeuses* habillent de vert la colline qui nous fait face.

* Autre nom des chênes verts

Nous nous remettons en chemin vers le rocher du Causse sur lequel nous allons devoir grimper.

Le sentier qui serpente en contrebas traverse une véritable jungle comme l’on en voit en Afrique ou en Amazonie.

Nous parvenons dans un lieu extraordinaire: l’ancien moulin de Lafous alimenté par les eaux cristallines et émeraudes du Brestalou !

On a le sentiment dans ce milieu aquatique que les arbres font la fête, jetant leurs branches les unes vers les autres pour s’entrelacer alors que les rayons diffractés du soleil irradient les eaux.

De telles eaux doivent être fréquentées par des ondines et des naïades mais nous savons le peu d’estime qu’elles ont, à juste titre,  pour les hommes et nous comprenons qu’elles restent discrètes.

Le monde végétal s’est pris d’affection pour le moulin et des lianes et des branches enserrent ses murs pour les empêcher de tomber.

Les meules du moulin ont été démontées, émouvant témoignage d’un âge où l’activité des humains ne portait pas préjudice à la Terre. Certes nous étions bien moins nombreux et beaucoup plus frugaux mais sans vouloir revenir à ces temps où les vies étaient rudes, on peut s’en inspirer et tenter d’évoluer, comme le préconisait Pierre Rabhi, vers une sobriété heureuse !

C’est à regret que nous quittons ce lieu magique témoin d’un passé rural à jamais disparu.

L’âme encore emplie de la beauté des lieux, nous allons devoir solliciter nos coeurs pour qu’ils nous amènent au sommet du rocher du Causse où se trouve un oppidum.

Et nos coeurs répondent présents et s’activent avec vélocité pour nous propulser au sommet  d’où la vue, vous vous en doutez, est à couper le souffle!

Je ne vous montre qu’une partie  du panorama à 360°, vous invitant à aller visiter ce lieu pour le découvrir. Pour celles et ceux qui ne peuvent effectuer une longue marche, une balade d’une heure (AR) permet d’y accéder.

Le lieu est orné d’une originale «rose des vents» qui arbore leurs noms occitans. L’on y voit notamment deux des plus redoutés : la turbulente Tramontana qui vient de la montagne Noire et nous glace les os et le tempétueux Grecau (grec) qui pousse la mer à submerger les côtes. Pour avoir une idée de la violence de ce dernier, je vous invite à lire ICI l'article que je lui ai consacré.

En regardant vers le Sud en direction du Pic Saint loup on y découvre un chef indien qui fuyant les crimes yankees en a fait sa dernière demeure et s'y est allongé pour l'éternité. Il me fait penser à Cebenna, fille de Titans, condamnée par Zeus à espérer l’amour sans jamais l’atteindre qui, éperdue de chagrin, vint s’étendre au sommet du Caroux pour y mourir. 

Je vous invite à aller également sur mon blog musical 

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Texte & Photos Ulysse