De Bize-Minervois à Montouliers en passant par le Roc Tremblaïre
Vous avez été nombreux, cette semaine passée, à vous esbaudir devant le spectaculaire canyon de la Dourbie, objet de mon précédent reportage. Ne vous attendez pas à voir chaque semaine de telles merveilles et, en l’occurence, cette nouvelle randonnée sera moins spectaculaire bien qu’elle présente de nombreux attraits à qui est sensible aux aspects variés de la nature et des paysages qui font le charme de la région où je vis. Ce matin, plus que frais, du 4 décembre, nous partons du village de Bize-Minervois avec comme principal objectif de découvrir l’impressionnant Roc Tremblaïre.
Oreilles couvertes, mains gantées, écoutilles fermées, nous cheminons rapidement dans un vallon ombragé par les collines que le soleil bas automnal n’arrive pas à survoler. La zone, aujourd’hui en friche, était autrefois cultivée, comme en témoigne cette capitelle où les anciens rangeaient leur outils et se protégeaient des éventuelles intempéries. Les gens vivaient alors en autarcie et il n’y avait pas de poulet étranger gavé aux hormones et désinfecté à l’eau de javel sur les tables de France et de Navarre.
Même sur de confortables sentiers, la randonnée n’est pas sans risque, notre planète subissant le sort commun de se déliter au fil des ans. Nos dents tombent, notre peau se fripe, nos genoux grincent et notre planète voient ses mamelons et montagnes également s’éroder. Mieux vaut alors ne pas passer quand elle s’effrite!
Mais les risques que l’on prend à randonner sont mille fois récompensés par les merveilles que l’on y rencontre, telles ces clématites odorantes dont les plumets des graines sont magnifiés par les rayons d’un soleil pourtant faiblard.
Le sol érodé qui borde notre sentier est lui même un sujet d’émerveillement car il nous raconte l’histoire de notre planète. Ainsi, après une période maritime à l’ère secondaire (- 150millions d’années) qui a laissé un socle calcaire se sont produites de formidables inondations qui ont charrié des millions de tonnes de cailloux qui se sont retrouvés agglomérés par la pression titanesque. On appelle au demeurant ces formations des «conglomérats».
Les divers oxydes qui ont coloré ces roches créent un tableau abstrait qui a plus d’intérêt que la banane à six millions de dollars achetée par un milliardaire mégalo et devant laquelle s’extasient les media et les gogos.
Nous évoluons au coeur d’un moutonnement de collines calcaires recouvertes de pinèdes qui, le soleil et le ciel bleu méditerranéen aidant, nous font oublier que l’on est en automne.
Des vues s’ouvrent sur la riante vallée de la Cesse et son patchwork de vignes, de prés et d’oliveraies.
Vers le Nord notre regard balaie des étendues sauvages jusqu’à l’horizon que barre les monts de l’Espinousse. En ces lieux notre âme prend un bain de nature! Nos avons une pensée compatissante pour les pauvres humains urbains condamnés aux horizons bétonnés de leurs cités.
Nous voici au pied de l’impressionnant Roc Tremblaïre ainsi nommé en raison de la légende suivante: chaque année, au solstice d’été et pendant la nuit de Noël le rocher tremblerait.
Si à ce moment là des célibataires en font trois fois le tour ils se marient dans l’année. Bon, il semblerait que ceci ne soit plus opérationnel depuis que Meetic a été créé.
Nous émergeons enfin au soleil et pouvons dégager nos oreilles! Nous cheminons sur un sentier qui, lui aussi, est témoin des bouleversements telluriques qu’a connu notre planète. Car nous marchons sur des ruffes vieilles de deux cent millions d’années tout en longeant un relief calcaire laissé par l’ancienne mer. Par contre si la race humaine a de très lointains descendants (ce dont je doute) ils fouleront un sol de plastique! Car notons, hélas, que le sommet de Busan en Corée du Sud qui devait conduire à un accord pour la réduction des plastiques a échoué du fait de l’opposition des pétro-monarchies soutenues par des sociétés pétrolières comme Total Energie, championne du «greenwashing».
A un détour du chemin, nous tombons sur un pré qu’illuminent des plants de barbon andropogon, un «émigré» venu d’Amérique du Nord et qui se plait dans les sols bien drainés et ensoleillés. Cette plante contribue à la restauration des sols et à la lutte contre l’érosion.
Ayant repris de l’altitude, nous découvrons, vers le sud-ouest, la succession des chaines montueuses dominées par celle des Pyrénées Orientales et son sommet emblématique du Canigò (je préfère l’appellation catalane à celle francisée de Canigou trop marquée commercialement). Notons que ce nom viendrait des grecs qui le nommaient «Kanigon» qui veut dire «dent» et non, comme le prétendent certains, du mot catalan «chien» qui se dit en fait «gos».
Nous parvenons en surplomb du village de Montouliers que mes lectrices et lecteurs connaissent bien puisque je vous y ait fait découvrir l’étonnante cathédrale de bois réalisée par un artiste montouliérain.
Traversant le village, nous grimpons jusqu’à l’église Sainte Baudile dotée d’une étonnante tour clocher et dont le premier édifice remonte à 980 mais qui a été remaniée au XIIIème siècle.
D’un intérêt culturel médiocre, cette église possède toutefois des murs intéressants à regarder car ils nous racontent l’histoire géologique de cette région avec pierres de ruffes rouges vieilles de 200 millions d’années, d’autres en marnes grises, en grès beiges ou en calcaires dorés ou coquillers qui s'étagent entre 150 et 50 millions d’années et pour finir des pierres en basalte noir provenant des éruptions volcaniques qui ont eu lieu il y a 2millions d’années.
Le coeur du village possède également quelques unes des plus belles calades de l’Aude bordées de maisons médiévales.
On ne peut qu’admirer l’agencement de ces pierres alluvionnaires apportées au cours des millions d’années passées et qui terminent ici en beauté leur voyage.
De retour à Bize Minervois, nous partons à la recherche de la grotte de Lasfonds située non loin de la D26 mais elle est dorénavant fermée au public afin de protéger les chauve-souris qui y nichent, ce qui est tout à fait bienvenu. Mais nous n’avons pas perdu notre temps car sur le chemin d’accès nous découvrons cette superbe double arche.
Quelque soit le lieu où l’on va randonner dans ma région languedocienne, la nature nous réserve de merveilleuses surprises! Mais pendant que vous les découvriez en ma compagnie, peut être vous êtes vous demandé si le nom «Minervois» de cette région avait quelque chose à voir avec la déesse romaine Minerve. Et bien pas du tout, elle doit son nom à celui de sa cité emblématique de Minerve située au Nord dont le propre nom occitan «Menèrba» vient du celte «men» qui veut dire «pierre, roche» et de dérivés de «herbech» signifiant «asile, refuge». Voilà, comme moi, vous vous endormirez plus instruit ce soir !
PS : je me suis inspiré de la randonnée "Roc Tremblaïre" décrite sur le site de Visorando
Je vous invite à aller sur mon blog musical
(lien dans la barre de titre)
pour écouter ma chanson:
Paulette
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ALICIA vit dans la grande exploitation agricole dirigée par sa sœur et son époux à Skoura, au sud du Maroc. Son mariage vacille, elle n'est pas très heureuse. Une crise politique entre syndicats et gouvernement rendra la marche de l'exploitation difficile tout comme son travail d'infirmière libérale. Suite à la traversée de moments spécialement pénibles pour sa vie de couple, elle envisage son retour en France. Sa sœur Azziza décide de modifier le fonctionnement de l'exploitation dont la charge est trop lourde pour une jeune femme.
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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