A l'assaut du Roc Blanc
Après avoir, deux semaines d’affilée, navigué sur la mer tranquille des monts d’Orb, nous partons, Jo et moi, en ce beau matin du 4 octobre, à l’assaut du Roc blanc du massif de la Séranne, montagne plus sportive avec ses 942m! Certes on est loin des altitudes alpines ou pyrénéennes, mais elle est suffisante pour faire battre à nos coeurs la chamade ce qui, à plus de trois quarts de siècle, est pour nous un élixir de jeunesse. Bien des jeunes d’aujourd’hui musclés des pouces auraient du mal à nous suivre !
La Séranne est un vestige d’une barrière corallienne laissée par une ancienne mer il y a cent quarante millions d’années et que la surrection des Pyrénées a soulevée il y a quarante millions d’années. Elle est constituée de calcaire karstique qui lui confère sa blancheur. On y trouve des coquilles d’huitre fossilisées mais sans perle hélas !
Partis de la Gipière à 3kms au nord-est de Saint Jean de Buèges, nous grimpons en direction de la Maline mais nous ne faisons pas les malins car le sentier coupe les courbes de niveau à la perpendiculaire. Au fur et à mesure de notre ascension, le paysage s’élargit vers le Sud et nous découvrons les plissements montagneux parallèles à la Séranne provoqués par la surrection des Pyrénées. Le plus emblématique est le Pic Saint Loup au loin, montagne que tous les montpelliérains sportifs ont gravi au moins une fois dans leur vie! D’ailleurs il faut éviter d’y aller le week-end car il est alors aussi fréquenté que les Champs Elysées de Paris.
Après avoir gravi les contreforts du massif, nous arrivons sur le plateau de la Coupette à environ 700m d’où nous découvrons, au loin, le Roc Blanc.
En une vingtaine de minutes, nous arrivons à la partie la plus délicate du parcours, dénommé rocher de la Barre car l’on chemine effectivement sur une barre étroite de lapiaz (dalles calcaires fendues par l’érosion) par endroits chaotique qu’il vaut mieux ne pas emprunter quand souffle la Tramontane.
Puis nous abordons la pente finale plus confortable bien que les graviers qui la recouvrent se révèleront problématiques à la descente !
Nous nous installons pour pique-niquer avec en face de nous le massif du Pic saint Loup et au loin, derrière, le bassin de Thau séparé de la mer par un fin lido dont l’existence est menacé par la montée inexorable des eaux. Notons, pour les passionnés comme moi de sémantique, qu’un lido est un banc de sable qui sépare une lagune de la mer alors qu’un tombolo relie un îlot isolé à la Terre.
Derrière nous, c’est à dire vers le nord, on découvre le Pic d’Anjeau dont nous avons de nos semelles gratté la couenne, avec quelques frayeurs, en décembre 2021 ainsi que, barrant l’horizon, les Cévennes.
Vers l’ouest s’étire le canyon creusé par la Vis ponctué, vers le haut de la photo, par le vaste cratère du cirque de Navacelles que vous pouvez découvrir ICI à partir du Causse de Blandas. Comme vous le voyez, nous disposons d’un vaste terrain de jeux que nos vieilles gambettes sont heureuses d’arpenter. Pourvu que ça dure !
Au dessus de nous un parapentiste survole ces superbes étendues, réalisant le rêve d’Icare. Pour ma part je suis admiratif de son audace et expertise mais je préfère le plancher des vaches.
Mais il est temps de redescendre et comme vous le voyez l’exercice est plus risqué qu’il n'y paraît car les graviers, du fait de la pente, ont une fâcheuse tendance à rouler sous nos pieds.
Nous abordons de nouveau la bande étroite de lapiaz dont on a peine à croire qu’autrefois des poissons et peut être des sirènes y folâtraient!
Le panorama y est splendide mais mieux vaut s’arrêter pour le contempler sous peine de basculer dans l’une des failles traitresses qui la fissurent.
Parvenus sains et saufs au bout de la barre rocheuse, nous sommes en surplomb du village de Saint Jean de Buèges que domine le roc de Tras Castels. Il est traversé par une jolie rivière, la Buèges, dont vous pouvez découvrir, en ma compagnie, les rives enchanteresses en cliquant ICI.
Après avoir pas mal bartassé (un joli mot d’origine occitane qui veut dire se perdre dans les broussailles) nous finissons par rejoindre le magnifique sentier de la Combe Belle que nous avions grimpé il y a quelques semaines.
L’intérêt de l’emprunter à la descente est que l’on n’y voit pas les mêmes paysages. Surtout qu’à la montée à vrai dire on regarde ses pieds !
Nous repassons au pied du sphinx de la Séranne qui au lieu de nous poser sa stupide devinette nous tire facétieusement la langue!
Nous sommes huit milliards êtres humains sur la planète et pourtant nous rencontrons rarement des congénères sur les chemins. Nous avons consciences d’être des privilégiés de pouvoir ainsi nous balader dans une région magnifique et sauvage comme si nous étions encore à l’aube de l’humanité. L’avantage de le faire aujourd’hui est que nous n’avons pas combattre un auroch pour becqueter en rentrant chez nous, le frigidaire y pourvoit !
Une fois encore j’ai une pensée émue et emplie de gratitude pour les anciens qui au prix d’un dur labeur ont tracé ces chemins dans la montagne pour emmener paître leurs bêtes sur les hauteurs ou aller d’une vallée à l’autre.
Approchant de notre point de départ, nous traversons une vigne dont l’automne commence à roussir le feuillage. Dans les caves des vignerons le jus qu’elle a produit commence la lente fermentation pour donner un nectar qui réjouira nos coeurs. La nature est une source d’innombrables bonheurs et il faut enfermer à Sainte Anne ce crétin de Zuckenberg qui veut faire vivre l’humanité dans son monde virtuel.
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Je vous invite à écouter ma chanson
I Want to be a rockstar
ainsi que ma chanson dédiée à la coupe du monde de foot
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
Mon ami Gibus vient de publier son troisième roman que vous pouvez commander dans toutes les bonnes librairies
(Decitre.fr, FNAC...)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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