Autour de Nébian par les Baumes et le Roc du Cayla
En ce frais mais ensoleillé matin de début mars, nous partons du village de Nébian situé au coeur d’une zone de collines qui bordent, au Nord, la vaste plaine viticole de l’Hérault. Le nom vient d’un propriétaire romain dénommé Nébius qui possédait une «villa», c'est-à-dire un domaine agricole, connu sous le nom de «villa Nebiana». Après les romains, les Wisigoths occupèrent les lieux puis, en 1157, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem y installèrent une commanderie qui dura jusqu’en 1392.
Vue sur une carte, la randonnée apparaît plutôt facile mais, de fait, on ne va pas arrêter de monter et descendre, source de jouvence pour nos coeurs et de lubrification pour nos vieilles articulations. Pour vivre vieux en bonne santé : marchons!
En outre, plus on monte et plus notre champ de vision s’élargit offrant à notre regard des panoramas à 360° qu’aucun écran ne vous offrira jamais. Ici, on découvre le massif de la Séranne que domine, dans sa partie Ouest, le mont Baudille.
Mais Il est vrai, hélas, que l’action délétère des humains se fait aussi parfois remarquer dans le paysage, comme ce tas de gravats abandonnés par un cancrelat, phénomène assez courant en Hérault où nous ne sommes pas les champions du respect de l’environnement. Je ne vais pas répéter ici mes imprécations contre les "parpaigneurs" car je vais finir par vous lasser !
Heureusement, la nature nous met vite du baume au coeur avec la vision de ce magnifique étalon noir, digne représentant du meilleur ami des humains qui pendant des siècles les a emmenés à la découverte du monde, en émettant juste du bénéfique crottin à la place du CO2.
Notre bonheur est redoublé en croisant un étalon blanc - peut être qu’Henri IV, ce «vert-galant», a rendez vous avec une belle dans les parages ? - s’abreuvant avec l’eau limpide de la Dourbie*, modeste rivière qui se jette dans l’Hérault. Notons que son nom vient du celte «Dubru» : l’eau qui court.
*A ne pas confondre avec la Dourbie de l’Aveyron imposante rivière qui se jette dans le Tarn et dont on a longé les Gorges il y a peu.
Puis nous partons vaillamment à l’assaut d’une autre colline rocheuse….
…. qui est, à juste titre, dénommée «les Baumes», l’érosion y ayant creusé de nombreuses grottes.
Au XIème siècle, le seigneur de Nebian l’a utilisée comme carrière - qui fut ensuite la propriété des Hospitaliers en 1245 - pour y tailler des meules de moulin. Les tailleurs de pierres découpaient une forme circulaire avec le pic et le burin. Pour séparer la meule de la roche, ils pratiquaient des encoches tous les 20 cm et avec un coin en buis, ils décollaient les meules et les livraient aux moulins en traineau tiré par des bœufs. Les meules servaient à moudre le blé cultivé dans la plaine.
Puis nous rejoignons le flanc sud du Roc du Cayla que nous longeons en direction du mas de Roujou. Après nous être restaurés sur une table de pique-nique (nos vieux abattis aiment le confort!) installée près d’une antique chapelle, nous passons devant une superbe capitelle dont on admire le soin pris par les constructeurs à choisir les pierres d’angle. Que certains en prennent de la graine !
Et soudain, oh! merveille! nous passons devant la modeste masure d’un(e?) artiste qui a orné son portail de superbes portraits de femme. Comme quoi, non seulement l’amour mais l’art peut être aussi dans le pré !
L’un de ces portraits est particulièrement fascinant tant dans ses couleurs que dans l’expression rêveuse de la femme qui tient une modeste fleur dans l’une de ses mains.
Le décor de la boite aux lettres est original avec ses silhouettes de Don Quichotte et Sancho Panza qui nous invitent à parcourir le monde en quête d’aventures. Pour nous chaque randonnée est une belle aventure!
L’artiste qui a peint ces figurines affiche aussi un pertinent message qui est hélas de plus en plus d’actualité, vu que les USA sont dorénavant dirigés par un sinistre marchand de tapis :
« La planète, c’était un jardin, c’est devenu un magasin. On avait un monde à vivre, on en a fait un monde à vendre! »
Après cette pause artistique, nous voilà partis pour une nouvelle ascension vers le sommet du Roc du Cayla.
Nous prenons peu à peu de la hauteur et découvrons au loin la montagne de Liausson au pied de laquelle s’étend, sur le versant sud, le cirque de Mourèze et, sur le versant Nord, le lac du Salagou
Peu après, nous découvrons le Pic de Vissou coiffé de sa tour d’observation où aiment batifoler un troupeau de chèvres qui, contrairement aux moutons, ne se laissent pas impressionner par les randonneurs; nous en avons fait l’expérience!.
Nous arrivons en vue du Roc du Cayla où s’étendait, sur une surface d'environ huit hectares, à partir du Vle siècle avant notre ère, un oppidum qui regroupait une centaine de personnes. Cet oppidum contrôlait la vallée de la Dourbie et le commerce. Sa proximité avec le secteur de Cabrières - on y fabriquait du métal, le gisement de cuivre étant l'un des plus anciens exploités en Europe - occasionnait un important passage. Des fragments de poteries et d'amphores étrusques et grecques y ont été retrouvés. Elles provenaient de troc avec des commerçants d’Agde (à l’époque Agathé Tyché, port grec) en échange de céréales et de minerai.
Comme je vous l’ai souvent dit, randonner est la meilleure et la plus belle des écoles, c’est une vivifiante occasion de s’instruire en géologie, en histoire, en géographie, en sciences naturelles tout en goûtant, en bonne compagnie, aux richesses nutritives et désaltérantes du terroir! A ce propos, nous avons dégusté ce midi, avec modération bien entendu, un délicieux «Vin d’une Nuit» (médaille d’or au concours agricole de Paris en 2024) de la cave coopérative Beauvignac, que nous avons bu à votre santé, ami(e)s lectrices et lecteurs.
Nous terminerons notre randonnée par un clin d’oeil humoristique en vous montrant ce facétieux message "Entrée réservée aux chèvres" affiché devant un portail de la ferme des Caprices où l’on peut acheter de délicieux produits laitiers et carnés.
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Mon ami Gibus a écrit un nouveau roman
que vous pouvez commander chez
" Une aventure à la recherche du trésor des Templiers"
Je vous invite a écouter ma chanson
Aime moi.....
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
PHOTOS*, TEXTE ULYSSE
* sauf dernière ferme des caprices
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